FAIT DU JOUR Grands sites de France : les enjeux d'un label
Jean-Marc Boyer, Inspecteur général de l'administration du développement durable est venu faire une visite de deux jours en Camargue gardoise. Au programme, un bilan à mi-parcours avant le renouvellement du Label Grand site de France en 2020. Retour sur la visite, l'occasion de nous pencher sur le label et ses enjeux.
À quoi ça sert ?
Le label Grand site de france® est un des moyens proposé par le MEEDDAT, (ministère de l’Écologie, de l’énergie, du développement durable et de l’Aménagement du territoire), pour répondre à l’objectif de gestion responsable et durable des Grands sites. Il est attribué par l’État pour une durée de 6 ans renouvelable à la structure gestionnaire du site. Il vient reconnaître la qualité de la gestion du site : la réhabilitation et la préservation du paysage ainsi q'un accueil du public à la hauteur des lieux. Un tel label garantit donc au public, l'intérêt d'un territoire, paysage, architecture, population ainsi que la qualité de son accueil, le tout dans le respect de l'environnement. Mais pas seulement.
Le réseau des Grands sites de France
Comme beaucoup de sites emblématiques et fragiles de France, tels les Grands sites du Pont du Gard, de la Pointe du Raz, de la Montagne Sainte Victoire, de Saint-Guilhem-le-Désert, le Grand site de la Camargue gardoise, s’attache à concilier l'accueil d'un grand nombre de visiteurs et la préservation de l'esprit des lieux. Les actions entreprises s’inscrivent dans un projet global de développement durable qui nécessite des savoir-faire particuliers.
Réfléchir. L’adhésion du Grand site de la Camargue gardoise au Réseau des Grands sites de France lui permet de participer activement à une réflexion collective nationale sur la protection et la gestion des paysages. C'est un lieu de réflexion et de dialogue, le Réseau apporte son soutien aux équipes gestionnaires des Grands sites : Il organise des rencontres annuelles, des formations, des ateliers sur des thèmes tels que tourisme durable, retombées économiques, interprétation, partenariat avec le monde agricole et forestier…
Agir ensemble. Une lettre d’information mensuelle, un Extranet et une liste de diffusion électronique permettent à ses membres de partager leurs savoir-faire. Il est un interlocuteur des pouvoirs publics et s’attache à être une force de proposition en matière de valorisation des sites et des paysages. Il est consulté en vue de l’attribution du label Grand site de france®. Il conçoit et réalise des actions de communication, exposition photographique itinérante, publications techniques et grand public, plaquettes, relations presse, afin de promouvoir les valeurs des Grands sites.
Le syndicat mixte pour la gestion et la protection de la Camargue gardoise
Le syndicat mixte pour la gestion et la protection de la Camargue gardoise gère le Grand site. C'est un établissement public créé en juillet 1993 à l’initiative du Conseil général du Gard et présidé par Léopold Rosso. Il associe les huit communes du territoire (Aimargues, Aigues Mortes, Beauvoisin, Le Cailar, Le Grau du Roi, Saint Gilles, Saint Laurent d’Aigouze, Vauvert) et le Département. Il a pour mission de mener une politique de développement durable, qui allie à la fois la protection et la mise en valeur du patrimoine camarguais.
Une forte mobilisation
Ce label validé par l'État vaut donc que l'on se mobilise. C'est pourquoi, l'inspection de Jean-Marc Boyer a rassemblé autour de lui, un grand nombre d'interlocuteurs, tous aussi motivés pour engager une vraie réflexion devant mener au renouvellement du label dans des conditions optimales.
La délégation était composée d'un peu moins d'une trentaine de personnes qui se sont relayées pendant les deux jours. Des institutionnels, représentants de la préfecture, des bâtiments de France, de la Dreal (Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement) Occitanie, des Monuments nationaux, du conservatoire du littoral ; les élus des municipalités et des communautés de communes du territoire ; des conseillers départementaux ; des représentants de la société civile, (Guy Chaptal, capitaine de la Nacioun gardiano, Bruno Mailliard, directeur délégué des Grands domaines du littoral, Kôichi et Kazuko Kurita, artistes en résidence sur le territoire du Grand site de France), le président, le directeur et la cheffe du service paysage du Syndicat mixte de la professeur d'histoire de l'art et d'archéologie médiévales… Une liste non exhaustive.
Des élus optimistes
Qu'autant de personnes, fort occupées par ailleurs, prennent le temps d'assister aux visites et de participer aux réunions n'est pas anodin et montre l'intérêt pour la Camargue gardoise de conserver le label. Visites et débriefing se sont déroulés sans la présence de la presse, une exigence de l'inspecteur pour garantir l'objectivité des débats.
Au lendemain de la visite, les élus interrogés sont tous positifs même si leurs raisons peuvent être différentes. Laurent Pélissier, maire de saint-Laurent d'Aigouze et président de la communauté de commune de Terre de Camargue, fait remarquer que c'était "un réel plaisir de voir chacun apporter son expertise. Il était important de définir quelles étaient les pépites à valoriser" . Et de conclure : "repenser le périmètre selon les préconisations de l'inspecteur est positif. Cela permet encore plus aux gens de s'approprier le label et d'en être fiers mais aussi de mieux comprendre les prescriptions paysagères et architecturales des collectivités." Tous s'accordent à dire que le caractère emblématique et exceptionnel des paysages, ses diversités, ont marqué des points auprès de l'inspecteur, qui ne s'en est pas caché, comme d'ailleurs sa satisfaction devant la politique menée jusqu'à aujourd'hui. "Vous pouvez être fiers du travail accompli", aurait déclaré Jean-Marc Boyer.
Intégrer l'arrière pays
Eddy Valadier , maire de Saint-Gilles, déclare : "Le travail que nous accomplissons va dans le bons sens. La seule question qui se pose étant le périmètre que l'inspecteur souhaiterait plus large et qui intégrerait une partie du territoire des Saintes-Marie de la Mer. Pour Saint Gilles, c'est positif, pointe le maire de Saint-Gilles, il serait question d'intégrer la cité historique au périmètre.
" Un point de vue que partage Jean-Paul Franc, maire d'Aimargues et président de la communauté de communes de Petite Camargue. "Intégrer les petits villages Cailar, Aimargues, Saint-Gilles, le Pont du Tourradon… Un arrière pays au-delà des cœurs emblématiques est essentiel. Je suis optimiste, parce le pays je le connais et que je sais qu'il mérite d'être pris en compte", affirme cet amoureux de la Camargue. Un sentiment largement partagé par la majorité des membres de la délégation.
En attendant, le Syndicat mixte, en association avec les communes et le PETR (Pôle d'équilibre territorial et rural) doit plancher sur 3 projets : un à 5 ans, un autre à 10 ans, et le troisième à 15 ans. L'objectif étant de permettre une vision en perspective dans le cadre du renouvellement du dossier. Des préconisations qui devraient poser les bases d'un développement à court, moyen et long terme, qui prenne en compte la protection de ce territoire fragile et la préservation de son caractère unique.
Véronique Palomar-Camplan