Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 22.10.2021 - boris-boutet - 5 min  - vu 1343 fois

FAIT DU JOUR Halle des sports, nouveau stade, quartier : quel bilan pour la concertation ?

Vue aérienne du futur stade avec les équipements immobiliers (Valode et Pistre)

La future halle des sports (crédit-A+Architecture)

Ce mercredi à minuit, la concertation publique préalable à la réalisation du double projet de nouveau stade et de quartier - porté par le président du Nîmes Olympique, Rani Assaf - et de halle des sports - portée par la municipalité pour reloger les associations occupant actuellement les Costières - s'est achevée. Objectif Gard dresse le bilan de ces semaines de débats. 

Pendant un mois les projets ont été décortiqués, épluchés et questionnés. Sans revenir en détail sur leurs contenus - qui ont déjà été largement détaillés dans les colonnes d'Objectif Gard - rappelons simplement les buts visés. Au départ, un constat implacable : l’avenir du Nîmes Olympique ne peut plus s’écrire au stade des Costières. Plus aux normes, peu entretenue par la Ville et mal pensée, l’enceinte aujourd’hui trentenaire ne correspond plus aux exigences du monde du football professionnel.

À son arrivée à la présidence du club il y a cinq ans, Rani Assaf ne tarde pas à s’en apercevoir. "On a rapidement écarté l’option de la rénovation, trop coûteuse. Dès 2017, j’ai décidé de partir sur un projet de stade neuf, a rembobiné Rani Assaf au cours de la réunion publique d’ouverture de la concertation. Pour ne pas s’exiler hors de la ville, conserver le même emplacement était l’idéal." Sur l'emprise actuelle du stade des Costières, en plus de la nouvelle enceinte, un quartier de 60 000m2 verra le jour afin de rendre l'opération viable financièrement.

Mais le deal est clair : avant de démolir le stade des Costières que Rani Assaf a racheté à la Ville contre 8M€, celle-ci veut reloger les associations qui l’occupent actuellement. D'où la construction programmée par la municipalité d'une halle des sports de 6 500m2, sur le terrain de la ZAC de Vignoles, à 500 mètres des Costières. "Onze associations y seront accueillies et elles vont très clairement gagner en qualité, veut croire Julien Plantier, 1er adjoint au maire de Nîmes. Le mobilier sportif sera renouvelé, seul ce qui est en très bon état sera conservé. On constate partout qu’il y a un lien immédiat entre la qualité des infrastructures et la dynamique sportive." 

Une concertation qui a peu mobilisé

Coordonnés par les garantes Catherine Walery et Anne-Marie Charvet, les échanges ouverts au public autour de ces projets n'ont pas déplacé les foules. "C'est le moins que l'on puisse dire, ont-elles regretté ce mercredi lors de la réunion publique de clôture. Au total, nous comptions 70 personnes lors de la première soirée, 20 et 13 aux deux ateliers." Un total auquel il faut ajouter la petite trentaine de participants de ce mercredi soir.

Si ces temps d'échanges n'ont pas mobilisé grand monde, c'est sans doute d'abord parce qu'aucune opposition frontale à ces projets n'a émergé à Nîmes. La grande majorité des intervenants a d'ailleurs reconnu l'intérêt de ces derniers pour la collectivité. Parmi les participants aux différentes étapes de la consultation, on trouve notamment des représentants des associations de supporters du Nîmes Olympique - les Gladiators et les Nemausus - qui ont formulé plusieurs questions notamment adressées à Rani Assaf, sans pour autant s'opposer à la construction du nouveau stade.

Pour le reste, on dénombre quelques interventions de citoyens indépendants au milieu des remarques plus nombreuses de représentants politiques, Nîmes citoyenne à Gauche et Europe-Écologie les Verts en tête, chacune revenant sur certains aspects des projets sans réellement les contester dans leur globalité. Après avoir regretté cette faible mobilisation citoyenne, Anne-Marie Charvet a aussi pointé du doigt la fin de non-recevoir des chambres consulaires, "pourtant relancées à plusieurs reprises par nos soins". La participation a en revanche été un peu meilleure sur internet. "On a recensé une centaine de questions, dont la moitié autour du futur stade", a chiffré Catherine Walery.

Un bilan publié sous un mois

Si les garantes rendront leurs conclusions définitives sous un mois, elles en ont déjà livré une ébauche orale ce mercredi. Deux principaux points ont été évoqués. D'abord, comme souligné par le groupe Nîmes citoyenne à Gauche, Anne-Marie Charvet a évoqué la "collaboration nécessaire avec le conseil départemental et l'Agglomération pour l'organisation des transports. Cette question n'a pas été assez abordée et précisée dans le dossier."

Par ailleurs, et bien que l'absence d'extension de zone commerciale limite la possibilité d'ouvertures aux seuls commerces de proximité dans le futur quartier de Rani Assaf, les garantes ont souligné la nécessité d'échanger avec les autres commerçants nîmois et "de donner des exemples concrets du type d'enseignes susceptibles d'ouvrir."

Enfin, dès le début de la concertation, la notion d'éco-quartier revendiquée par les architectes mandatés par Rani Assaf, sans certitude d'obtention du label, a été contestée par les garantes. Quant à la halle des sports, si elle se veut durable et respectueuse de l'environnement, elle ne sera pas à énergie positive. Bref, pas de quoi engager une redéfinition totale des projets, mais des axes de travail pour des échanges censés se poursuivre bien après la consultation.

Boris Boutet

Les projets en chiffres

  • 33 000 m2 de surface plancher du projet du stade
  • 60 000 m2 de surface plancher du projet de quartier
  • 6 500 m2 de surface plancher du projet de halle des sports
  • 15 000 places environ dans le futur stade
  • 1 500 emplois durant les travaux
  • 1 000 emplois permanents à terme
  • 250 M€ TTC : coût total du projet de la SAS NEMAU, comprenant le stade provisoire de substitution, le nouveau stade et le nouveau quartier
  • 24 M€ TTC : le coût total pour la Ville de Nîmes comprenant les fouilles archéologiques, la halle des Sports et la réhabilitation de l’Espace Création, qui accueillera lui aussi une partie des associations occupant jusqu’alors le stade des Costières.
  • 8 M€ : le prix de vente du stade des Costières par la Ville de Nîmes à la SAS NEMAU

En bref : questions pour une concertation

  • Pourquoi une jauge de 15 000 places dans le nouveau stade ? Régulièrement interrogé sur le sujet, Rani Assaf a répondu par les chiffres. Hors saisons marquées par la crise sanitaire, les Costières affichent une moyenne de 7 688 spectacteurs par match. Si on isole les saisons passées en Ligue 1, la moyenne bondit à 11 853, mais reste bien en deçà des 15 000 places prévues, même si le président nîmois reconnait que "l'effet nouveau stade devrait induire une augmentation de 20% des affluences". "Il faut aussi savoir que chaque siège supplémentaire coûte 2 500€ à la construction, avait-il chiffré lors de la première réunion de la concertation. Si c'est pour qu'il soit rempli une fois par an maximum, ce n'est pas rentable." 
  • L'offre de transport en commun pour la halle des sports est-elle suffisante ? Julien Plantier a rappelé que les lignes 8 et 43 possèdent un arrêt sur place. "Une réflexion est en cours par Nîmes Métropole pour une desserte de la zone par une ligne structurante en 2022, a-t-il complété. D'autres solutions sont aussi à l'étude." L'accessibilité du site constitue sans doute l'un des points du dossier à travailler.
  • Quel avenir pour le stade provisoire ? Construit sur la Zac de Vignoles, à deux pas de la future halle des sports, un stade provisoire démontable de 9 000 places doit accueillir les Crocos le temps des travaux de démolition des Costières et de construction du stade définitif. Interrogé à plusieurs reprises sur le sujet, Rani Assaf a confirmé que l'enceinte provisoire n'a pas vocation à être cédée mais bien détruite lorsque le stade définitif sera opérationnel.
  • Quel accueil pour les supporters ? Une double surprise attendait les supporters présents ce mercredi. Tout d'abord, Rani Assaf a prévenu que l'ensemble des parkings du stade seraient payants, y compris les soirs de match. Et y compris aussi pour les personnes à mobilité réduites, pour qui le président s'est engagé à proposer des conditions d'accueil "dix fois meilleures qu'aujourd'hui." Interrogé par Objectif Gard, il s'est par contre montré hésitant sur la question des abonnements. "Il y en aura certainement mais pas dans toutes les tribunes." Encouragé à donner plus de précisions, le président du Nîmes Olympique a reconnu que sa décision dépendrait des relations qu'il entretiendra avec les associations de supporters, et notamment les Gladiators Nîmes 1991.

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Boris Boutet

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