Mariés depuis 54 ans, Liliane Cancel Fournier a permis à son mari, le maire de Nîmes, d'assoir ses ambitions politiques. Présente dans les bons moments comme dans les mauvais, elle est une sorte de "Bernadette Chirac" à la nîmoise.

En politique, on peut vite oublier que derrière la fonction se cachent des hommes et des femmes. Municipales 2014, devant la permanence Les Républicains : les sympathisants de Jean-Paul Fournier sont en liesse. La liste « Passionnément nîmois » du maire sortant signe sa troisième victoire électorale. Sur une estrade aménagée à la hâte, Jean-Paul Fournier s’affiche avec son premier adjoint, Franck Proust. Au micro, ce dernier lance : « C’est la première fois qu’un maire de Droite est réélu pour un troisième mandat. Mais comme derrière chaque grand homme, il y a une grande femme, j’aimerais qu’on fasse monter sur l’estrade Liliane. » 

Le petit bout de femme aux cheveux dorés ne tarde pas à rejoindre son époux. « Il y a 54 ans que je suis marié et il y a 54 ans que ma femme me soutient », déclare non sans émotion, le pudique Jean-Paul Fournier, invité de l’émission Le club du dimanche d’Objectif Gard. Lors de leur rencontre sur les marches de l'ancien théâtre, le couple aurait-il pu imaginer avoir telle destinée ? Liliane Cancel - de son nom de jeune fille - a permis à Jean-Paul Fournier, fils de gendarme natif de Génolhac, de sceller sa destinée avec Nîmes. Une sorte de seconde épouse avec laquelle l'officielle cohabite depuis de longues années. « Ma mère a toujours eu de l’admiration pour mon père. Quand l’un des deux a une telle passion dans le couple, l’autre doit suivre sinon ça ne fonctionne pas », confie leur fille, Muriel. 

Franck Proust : « Liliane me fait penser à Bernadette Chirac ! »

Pour leur mariage en 1958, la Nîmoise s'adonne à la première concession d'une longue liste : elle accepte, par amour, de se marier au temple, elle qui est de confession catholique. Liliane Fournier, qui n'a pas fait de grandes études, œuvre auprès des Anciens combattants. Elle rejoint ensuite son mari, peintre en lettres, lors de la création en 1967 de son entreprise Publi-Déco. « Quand tu appelais l'entreprise, c’était Liliane qui décrochait », se souvient, amusé, l'élu nîmois Richard Tibérino, qui à l’époque gérait la boutique de photo de son père dans la galerie Wagner. L'épouse relançait également les clients pour les factures et leur proposait les panneaux publicitaires que Jean-Paul Fournier n'avait plus le temps de faire, trop occupé par la politique.

C'est elle aussi qui élève leur deux filles, Muriel et Audrey, nées respectivement en 1971 et 1975. « Mon engagement politique m’a privé de certains moments privilégiés en famille », reconnaissait Jean-Paul Fournier, dans une interview à Objectif Gard en octobre 2015. Véritable potomitan, son épouse l'aide aussi dans son ascension politique. Au départ peu politisée, elle se met à coller les affiches et à distribuer les tracts pour les campagnes électorales. Le président de Nîmes métropole, Franck Proust, qui fréquente le couple depuis une trentaine d'années, décrit Liliane comme « une femme de caractère qui a toujours protégé son mari. Jean-Paul n'aurait pas pu avoir sa carrière politique sans une femme forte à ses côtés. Liliane me fait penser un peu à Bernadette Chirac. »

Jean-Paul Fournier : « Ma femme est un peu jalouse… Je le suis moi aussi. »

Timide et réservé, Jean-Paul Fournier aura toutefois laissé échapper ses émotions, en 2008, pour les élections sénatoriales. Un scrutin historique pour la Droite gardoise qui, par l'intermédiaire de Jean-Paul Fournier, décroche son premier poste de sénateur : « Quand les résultats ont été donnés au palais de justice, Jean-Paul Fournier a pris sa femme dans les bras et l’a soulevée. C’était étonnant et intense, Jean-Paul est quelqu’un de très pudique », se souvient Franck Proust. Dans le monde politique empli de séduction, Liliane Fournier n'est jamais bien loin quand quelques militantes font du gringue à son mari : « Ma femme est un peu jalouse… Je le suis moi aussi », s'amuse aujourd'hui le maire.

Liliale et Jean-Paul Fournier « n'ont jamais pu vivre l’un sans l’autre », souligne Muriel. Ciment de leur couple, la politique rythme et a rythmé leur vie. D'ailleurs, à 75 et 76 ans, les tourtereaux continuent de se rendre, tous les vendredis soir, à la permanence Les Républicains, pour partager un apéritif avec les militants. Bras dessus, bras dessous...

Coralie Mollaret 

coralie.mollaret@objectifgard.com