FAIT DU JOUR Katy Guyot : « J’ai des regrets, pas d’amertume »
Après une campagne harassante soldée par un échec, l’ex-suppléante de Marie Sara et première adjointe PS de Vauvert s’interroge sur son avenir politique.
Objectif Gard : Avec du recul, comment analysez-vous votre défaite ?
Katy Guyot : Il nous a manqué une semaine de campagne... En trois semaines, nous n'avons pas pu aller dans toutes les communes, faire les sorties d’écoles et d’entreprises. Dans cette 2e circonscription, la gauche est minoritaire. Certes, il y a des communes où la gauche s'est mise en marche : à Calvisson, on a 372 voix d’avance, 181 à Congénies et 274 à Sommières. Mais c'est insuffisant pour inverser la tendance. Les grosses villes comme Vauvert, Saint-Gilles, le Grau-du-Roi ou Aigues-Mortes votent Front National, avec une droite républicaine poreuse à l'extrême-droite.
Nous sommes sur des constats. Qu’en est-il des causes de votre défaite ?
Le sondage qui nous donnait gagnant nous a desservi. Je l'ai déjà vécu en 2012. Les électeurs ont pensé que c’était gagné et ne sont pas allés voter.
C’est un peu facile… On ne peut pas expliquer votre défaite par la publication d’un sondage. Pourquoi n’avez-vous pas réussi à mobiliser les électeurs* ?
On a essayé de les sensibiliser à deux enjeux : battre le FN mais surtout, élire un député utile au territoire. Qu'a fait Gilbert Collard pendant cinq ans ? Quand le Premier ministre vient à Aigues-Mortes, ça signifie qu’il porte de l’intérêt à la circonscription. Alors, je ne sais pas si le message est passé… Ce que je constate, c’est que les discours négatifs l’emportent à chaque fois ! Le FN a fait une campagne très agressive, avec des gens très à droite comme Marion Maréchal-Le Pen et Robert Ménard. Gilbert Collard traite ses électeurs de fainéants… Et finalement, cette violence verbale est payante !
Au-delà de ce que vous pointez, Gilbert Collard a une autodérision qui peut susciter la sympathie et finalement, une forme d’adhésion. Marie Sara n’était pas toujours à l’aise devant les caméras…
Marie Sara a énormément progressé en très peu de temps. On lui a fait ce procès en incompétence, qui était vraiment un mauvais procès ! Elle ne connaissait peut-être pas toutes les problématiques de la circonscription, mais c’est une femme qui est dans la vraie vie : elle a des enfants, une entreprise et fait face aux difficultés. C’est quelqu’un de connu, qui représente la terre taurine et qui en connaît les difficultés. Sur le terrain, les électeurs faisaient des selfies avec elle… Moi en 2012, on ne me demandait pas de selfie !
La médiatisation de la campagne vous a-t-elle desservi ?
Oui, les médias nous ont pollué la campagne. Nous avons été assaillis par toute la presse nationale et étrangère. Ça a été très compliqué... Quand vous faites du porte-à-porte et que vous avez des caméras qui vous suivent, ça fait vraiment « coucou, voilà la star. » Marie Sara a vraiment fait le maximum pour éviter ça. Les électeurs ne savaient pas forcement qu’elle n’avait rien demandé.
Un binôme, deux femmes. N’y a-t-il pas eu des moments de rivalité ou de jalousie entre vous ?
Ça n’a pas toujours été facile pour moi, mais je suis restée à ma place, en tant que suppléante. Ça aurait pu être bien plus compliqué si Marie Sara avait été différente. Mais c’est une femme simple, sans chichi. Une belle rencontre. Il y a un mois, jamais je n’aurai imaginé qu'elle serait sur mon canapé et qu’on parlerait de nos vies ! Franchement, on aurait pu gagner et faire du bon travail. Il a manqué une grosse semaine de campagne.
Concernant l'élection, comptez-vous déposer un recours auprès du Conseil constitutionnel ?
Nous avons dix jours après l'élection pour le faire. Cent vingt-trois voix nous sépare de Gilbert Collard, c’est quand même un écart. Nous n’avons pas décelé de malversations dans la tenue de scrutin. On vérifie si les règles concernant la suspension de la campagne électorale ont été respectées. Si on dépose un recours, c’est pour gagner pas pour dire que nous sommes mauvais joueurs.
Enfin, parlons de votre avenir politique. Vous avez laissé entendre que vous vouliez arrêter... Est-ce vrai ?
Je sors de deux mois de campagne. J’ai des regrets, pas d’amertume. J'ai aussi 55 ans, je suis fatiguée et je réfléchi. J’ai un engagement à Vauvert, je le conduirai jusqu’au bout parce que j’ai de la moralité. Pour le reste, j’ai envie de retrouver du temps pour ma famille. Ce n’est pas une question de baisser les bras, mais de passer le relais à d’autres. À un moment donné, quand vous n’êtes pas majoritaire sur votre commune, c’est peut-être parce que vous n’êtes pas la bonne personne au bon endroit.
Propos recueillis par Coralie Mollaret
*Au second tour, le taux de participation a été de 48,38%.