FAIT DU JOUR La mairie de Ste-Anastasie craint une mise sous tutelle
Les finances de la commune de Ste-Anastasie connaissent des heures sombres. Depuis son arrivée à la tête de l'hôtel de ville, le nouveau maire a hérité de 140 000€ d'impayés de l'ancienne municipalité, qui s'ajoutent aux dettes déjà colossales contractées par le village. Le maire a demandé une étude de la chambre régionale des comptes.
Au nord de Nîmes, le village de Ste-Anastasie est déjà connu pour sa dette, la plus importante de la métropole. Elle s'élève à 1 781 € par habitant contre 607€ de moyenne nationale. A titre de comparaison, la capitale gardoise est à 1 435 €.
La commune de 1600 habitants a effet contracté plusieurs emprunts importants au cours du dernier mandat : enfouissement du réseau, construction d'une salle de grande capacité et édification d'un stade synthétique. Le tout pour une somme dépassant les 3 millions d'€. Alors que le budget annuel du village est 1,2 million d'€. "Je ne suis pas contre les projets. Ils font partie du développement d'une collectivité. Mais encore faut-il qu'ils soient en adéquation avec ses besoins et ses moyens. Aujourd'hui, nous peinons à fortement à rentabiliser ces bâtiments", insiste Gilles Tixador, nouveau maire de Ste-Anastasie, qui dénonçait déjà la hauteur de ces investissements pendant la campagne électorale.
Les inondations : la cerise sur le gâteau
Mais en prenant les rênes de la mairie, ce dernier n'imaginait pas que des créances tomberaient régulièrement au fil des mois. Depuis avril dernier, il a reçu 140 000€ de factures impayées de l'ancien mandat. "Et je ne sais pas quand ça va s'arrêter", précise Gilles Tixador.
Puis sont arrivées les inondations du 10 octobre dernier. De nombreuses infrastructures ont été touchées et les assurances ne remboursent pas tout. "Pour les routes, l'Etat prend en charge 80% des travaux mais nous devons avancer le reste", indique le maire. Finalement, le coût des intempéries pourrait atteindre plusieurs dizaines de milliers d'euros.
Lancement d'une étude à la cour des comptes
Le village est asphyxié. Il ne peut plus emprunter et va pourtant devoir payer. En septembre dernier, la mairie a lancé un audit auprès de la Chambre régionale des comptes afin de faire un point chiffré de la situation. "Je ne veux pas qu'on m'accuse d'exagérer", ajoute-t-il. En attendant les résultats dont on ignore l'échéance, la municipalité impose la rigueur. Elle va tenter de renégocier ses crédits tout en cherchant des fonds auprès des collectivités pour les inondations. "Nous allons également faire des économies de fonctionnement sur la crèche", souligne Gilles Tixador tout en rappelant qu'il ne souhaite pas augmenter les impôts. "Ce serait trop facile. Ce n'est pas mon objectif. Nous sommes déjà au-dessus de la moyenne départementale".
Cependant, en fonction des résultats de la cour des comptes, la commune risque aujourd'hui la tutelle, à savoir la prise en main par la préfecture qui choisira elle-même des actions à mener pour redresser la barre. C'est du moins la crainte du maire. De son côté, la préfecture se veut plus optimiste : "On regarde de près cette commune dont les dépenses de fonctionnement sont importantes mais la situation est maîtrisée. Toutefois, l'étude lancée par la mairie peut révéler un bilan plus grave que celui que nous connaissons actuellement. Pour l'instant, il est prématuré de juger", précise la direction des collectivités.
Eloïse Levesque