Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 27.04.2021 - stephanie-marin - 4 min  - vu 2919 fois

FAIT DU JOUR Le contournement de la RD 999 : l'Arlésienne de Jonquières-Saint-Vincent ?

(Stéphanie Marin/ObjectifGard) - Romain CURA

Jean-Marie Fournier, le maire de Jonquières-Saint-Vincent. (Photo : Stéphanie Marin/Objectif Gard) • Romain CURA

Où en est le projet du contournement de la RD 999 ? Posez cette question au maire de Jonquières-Saint-Vincent, il vous dira le reste. Car si un tracé a été retenu sur son secteur, et depuis 2005, les premiers coups de pelles mécaniques se font toujours attendre. Jean-Marie Fournier ne cache désormais plus son impatience. 

"On n'attendra pas deux ou trois ans de plus, ça pétera avant !" Jean-Marie Fournier, maire de Jonquières-Saint-Vincent, ne mâche pas ses mots et tape du poing sur la table. À l'origine de ce coup de sang, l'annonce lors d'un rendez-vous fin mars avec les services départementaux d'une nouvelle aussi surprenante qu'incompréhensible pour le premier édile jonquiérois au sujet du contournement de la RD 999. "En effet, il semblerait que les services de l'État remettent en cause une partie du tracé retenu en 2005 dont on aurait découvert depuis, la grande sensibilité écologique", s'exclame-t-il. Et de poursuivre : "Cette déviation que nous attendons, que les Jonquiérois et Jonquiéroises attendent depuis près d’un demi-siècle devait être réalisée en 2005, prorogée en 2010, nous sommes aujourd'hui en 2021 et il n’y a rien."

Ce projet de contournement, déclaré d'utilité publique en 2005, est scindé en trois tronçons. À l'ouest, sur la commune de Manduel, entre la RD 503 et la RD 3, la déviation est liée au projet de la gare de Nîmes-Pont-du-Gare. À l'est, depuis le lieu-dit Mas de Sicard à Beaucaire jusqu'au lieu-dit Mas de la Devèze à Jonquières-Saint-Vincent, d'une longueur de 5 900m et évitant ainsi toute l'agglomération jonquiéroise. Et entre ces deux segments, la déviation fait la liaison en traversant le sud de la commune de Redessan.

"Nous devions être prioritaires, commente Jean-Marie Fournier. Mais c'est finalement le tronçon Manduel-Redessan qui l'a été pour permettre l'amélioration de la desserte de la nouvelle gare TGV. Nous l'avons compris. Mais aujourd'hui et alors que les travaux devraient démarrer fin 2022 pour une livraison en 2025, notre tracé est remis en cause, sous prétexte qu’il faut faire une compensation agricole, qu’il y a un peu de faune et de flore. Et on s'en rend compte maintenant ? À un moment donné, ce n’est pas normal."

Entre 10 000 et 15 000 véhicules traversent chaque jour Jonquières-Saint-Vincent via la RD 999. Les radars feux rouges installés pour sécuriser les carrefours sur cette route émettent 2 000 flashes par an. (Photo : Stéphanie Marin/Objectif Gard) • Romain CURA

Si le maire est en colère, c'est que lui comme ses administrés, ne supportent plus de voir défiler tous les jours le long de la RD 999 des poids lourds et des convois exceptionnels - entre 20 et 30 par jour en fonction des saisons - sur un tracé déjà très fréquenté par les voitures. Entre 10 000 et 15 000 véhicules longent cette partie de la départementale tous les jours. Un flux qui n'a cessé d'augmenter depuis l'ouverture de la gare TGV. "Et qu'est-ce que ce sera quand elle sera, au niveau de son fonctionnement, à son maximum ?", s'interroge le maire de Jonquières-Saint-Vincent.

Et le même d'ajouter : "On craint pour la sécurité de chacun, notamment des enfants. Nous avons tous les jours, entre les écoliers, les collégiens et les lycéens, 300 gamins environ qui prennent le bus ou traversent cette route pour aller à l'école primaire. Et puis, les Jonquièrois qui habitent le long de la RD 999 se plaignent. Les convois font vibrer les maisons. Parfois, ils se croisent alors qu’ils ne le peuvent pas, cela crée des bouchons et ils nous cassent tous, les trottoirs, etc.". La municipalité a investi 120 000 euros dans un arrêt de bus, 15 000 euros ont déjà été rajoutés pour réparer ce mobilier davantage sécurisé grâce à l'installation de poteaux. Plusieurs dizaines de milliers d’euros sont dépensées chaque année pour panser les plaies engendrées par les passages des indésirables.

"Nous allons donc être contraints de trouver un autre tracé"

Toutefois, le premier édile jonquiérois va devoir encore patienter. "Nous espérons lancer les travaux en 2025", lance Martin Delord, vice-président du Département du Gard, délégué aux infrastructures et aux déplacements. Suite à la déclaration d'utilité publique (DUP), la collectivité a pu acquérir le foncier nécessaire à la réalisation du projet soit à l'amiable, soit par procédure d'expropriation. "Mais ceci étant fait, il y a ensuite des démarches environnementales réglementaires avec beaucoup d'investigations sur le terrain, explique Denis Barral, directeur Mobilité et routes au Département. L'autorité environnementale a demandé en septembre 2017 d'actualiser et de compléter les données environnementales sur l’ensemble des tronçons. "On a découvert des espèces rares à certains endroits, du côté de Beaucaire notamment." Botanique, insectes, oiseaux etc, la dette environnementale compensatoire s'élève à 165 hectares. "Nous allons donc être contraints de trouver un autre tracé pour le tronçon de Jonquières", reprend le directeur. Tout est donc à refaire, depuis la DUP, "mais nous avons déjà des pistes sur les variantes à proposer".

Les services du Département tentent de trouver des solutions à court terme pour améliorer les problématiques de circulation notamment de poids lourds dans Jonquières-Saint-Vincent. Un itinéraire est à l'étude pour dévier les transports volumineux et devra être confirmé et validé après le diagnostic actuellement réalisé sur les ouvrages d'art.

"On envisage de dévier tout ce trafic poids lourds par la route d'Arles jusqu'à Fourques puis de remonter à Beaucaire", précise Fabien Potier, directeur Territoires au conseil départemental du Gard. Il poursuit : "Mais sans attendre les résultats nous allons, au moins dans un sens si ce n'est dans les deux, dévier les convois à forte largeur, soit les moins de 48 tonnes et de plus 3m de large. C'est la demande adressée à la DDTM des Pyrénées-Orientales en charge du dossier et cela pourrait être officiel d'ici quinze jours. Puis les forts tonnages auront la même déviation mais une fois que nous aurons vérifié et renforcé si besoin nos ouvrages d'art." Il y en a une quinzaine sur l'itinéraire choisi.

Stéphanie Marin

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Stéphanie Marin

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