FAIT DU JOUR Les élus de tous bords s'unissent autour d'Yvan Lachaud contre Nicolas Meizonnet dans la 2e circonscription du Gard
Dès l’annonce des résultats du premier tour, dimanche 11 juin, le barrage républicain s’est mis en place en faveur du candidat de la majorité présidentielle, Yvan Lachaud (23,1% des voix), en vue de battre le député (Rassemblement national) sortant Nicolas Meizonnet (34,4%) dans la deuxième circonscription du Gard.
Troisième, avec 21,8% des suffrages obtenus, à une poignée de voix d’Yvan Lachaud, la candidate (Nupes) Coralie Ghirardi n’a pas fait durer le suspense longtemps sur ses consignes de vote pour le second tour, dimanche soir. Dès que l’écart avec son concurrent de la majorité présidentielle a confirmé son élimination de justesse, l’insoumise s’est montrée sans équivoque, malgré la déception. « L’extrême-Droite, non jamais, le message est clair. Nous disons à nos électeurs : quel que soit le niveau de déception et de colère que vous pouvez avoir, ne vous tournez pas vers l’extrême-Droite, déclare-t-elle aux alentours de 22h, depuis son QG de Gallargues-le-Montueux. En revanche, nous avons travaillé pour élever le niveau de conscience de ces électeurs et donc on estime qu’ils sont armés pour savoir ce qu’ils ont à faire. » Une annonce scrutée de près par les deux finalistes, tant la réaction de son électorat s’avèrera stratégique, dans l’optique de renverser une tendance jusque-là favorable à l’ancien suppléant de Gilbert Collard, arrivé assez largement en tête dimanche soir.
Positions caricaturales
Les renforts suivants sont venus du côté des socialistes, à l’image du maire de Vauvert Jean Denat, qui a appelé Yvan Lachaud avant même l’annonce officielle de sa qualification pour lui assurer son soutien républicain. « Pour moi les choses sont très claires, il faut barrer la route au Front national donc je voterai Yvan Lachaud », confirme, le lendemain, l’ancien chef de file des socialistes dans le Gard.
Mais dans la foulée de la Gauche, les soutiens à la candidature d’Yvan Lachaud se sont rapidement enchaînés depuis dimanche. Signe de cette mobilisation générale, l’ancien président de l’Agglo de Nîmes tiendra, mercredi, à Vauvert, une conférence de presse entouré d’une quinzaine de maires de tous bords, des principales villes de la deuxième circonscription, comme Vergèze, le Grau-du-Roi, Aigues-Mortes ou Vauvert. Une mobilisation générale qui s'explique, pour l’élu vauverdois, par le bilan famélique des précédents députés (RN) Gilbert Collard et Nicolas Meizonnet. « Nous savons ce que c’est d’avoir des députés du FN (sic) qui viennent de faire perdre six ans à notre territoire par leur inaction et leurs positions caricaturales. C’est un gros handicap ! », souligne Jean Denat.
Des soutiens tous azimut
Parmi les soutiens déclarés à Yvan Lachaud, le maire (divers centre) du Grau-du-Roi, Robert Crauste s’est fendu d’un message sur son compte Facebook, lundi 13 juin, en tout début de matinée afin d’appeler au rassemblement des « électeurs de Nupes et de LR notamment ainsi qu’à l’ensemble des électeurs et des abstentionnistes. J’espère les convaincre de tout faire dimanche prochain pour ne pas laisser la deuxième circonscription du Gard aux mains de l’extrême-Droite. »
Déjà soutien d’Yvan Lachaud pour le premier tour, le maire (centre droit) d’Aigues-Mortes appelle, lui aussi, à mettre fin à la mainmise du Rassemblement national sur la deuxième circonscription, afin de porter plus efficacement les enjeux du territoire de la Petite Camargue au plus haut niveau de l’État. « Je suis bien évidemment satisfait qu’un mouvement se mette en place pour soutenir notre candidat, car notre circonscription a besoin d’un député de la majorité présidentielle qui sera réellement en position d’agir, ce que sera incapable de faire un député d’opposition comme M. Meizonnet, précise Pierre Mauméjean. D’autant qu’Yvan Lachaud, qui a déjà été député à deux reprises et chef de groupe à l’Assemblée nationale, possède l’expérience et la technicité de l’Institution parlementaire pour faire avancer les dossiers de ce territoire. »
L’amère ambiguïté de LR
Seule ombre à ce tableau, les candidats des Républicains tardent pour l’instant à se prononcer clairement contre le député sortant de l’extrême-Droite. Entre déception personnelle et antagonismes politiques et personnels, le maire de Générac, Frédéric Touzellier, s’est même fendu d’un communiqué aussi amer qu’ambigu à l’annonce de sa défaite au premier tour. « Cette circonscription méritait mieux qu'un nouveau duel entre l'extrême-Droite et la majorité présidentielle qui se résumera soit à une nouvelle absence de notre territoire et ses habitants pendant cinq ans à l'Assemblée nationale, soit à un blanc-seing au Gouvernement, regrette ainsi vice-président de Nîmes métropole, quatrième du premier tour avec 8,7% des voix. Je ne donnerai aucune consigne de vote. Les électeurs sont libres de leurs choix. Entre l'extrême-Droite représentée par Nicolas Meizonnet et l'inconstance d'Yvan Lachaud, les valeurs que j'ai portées durant cette campagne ne sont défendues par aucune de ces deux offres. »
Donnant « la priorité à sa commune », le maire (LR) de Saint-Gilles, Eddy Valadier, a quant lui pour l'instant refusé de se prononcer sur ses intentions de vote, ce lundi. Mais selon nos informations, il pourrait néanmoins décider de se ranger derrière Yvan Lachaud pendant l’entre-deux tours.
Le renoncement des LR fera-t-il défaut au front uni mis en place pour faire basculer la circonscription au moment des comptes définitifs ? « Il ne faudra ménager aucun effort jusqu'au bout », considère Jean Denat, qui espère que les classes populaires, peu mobilisées au premier tour, iront davantage voter que les abstentionnistes de l’extrême-Droite, dimanche prochain, afin de renverser la tendance. « Bernard Pons a écrit un ouvrage, il y a deux ans, intitulé Aucun n’est jamais perdu d’avance… », espère, philosophe, le maire d’Aigues-Mortes, Pierre Mauméjean.
Pierre Havez