FAIT DU JOUR : L'Espiguette et son massif dunaire expliqués en douceur
Jolie balade, cette sortie dans les dunes de l’Espiguette et à la plage avec le Syndicat Mixte de la Camargue Gardoise. Guidés par Florine Escot, familles et amoureux de la nature passent un moment aussi agréable qu’instructif. Et en redemandent. Mieux comprendre pour mieux préserver la biodiversité et profiter de cet espace unique.
Sur la plage de l’Espiguette quasi-déserte, Florine vient de donner le signal aux enfants et aux autres participants de ramasser tout ce qu’ils trouvent. Pieds nus sur le sable en cette fin octobre qui tient de l’été indien, tout le monde s’éxécute. La corvée est très pénible, les gamins courent pour l'accomplir. Coquillages, plastique, polystyrène, algues, bouts de bois et objets non identifiés. Tous finiront quelques minutes plus tard dans un tableau improvisé tracé sur le sable. Alors animal, végétal ou issu de la production humaine ? Sans forcer, voilà le genre d’animations ou de moments d’explication que dispense Florine Escot, guide en Camargue Gardoise depuis plusieurs années et attachée au Grand Site. Pourquoi les coquillages sont-ils troués ? "Pour faire des colliers !" clame un enfant qui fait s'esclaffer le groupe. Pas encore, ici ce sont des petits vers des sables. "Voir une plage avec beaucoup d’algues, qui vont se transformer en nid d’insectes et coquillages, c’est plutôt une bonne chose » répond aussi la guide à une question d'adulte.
Au fil des haltes, on apprend l'histoire des courants et des dunes, en jetant un oeil dans les boîtes-loupes pour observer le sable ou aux cartes parfois historiques dépliées par la jeune guide, passionnée par son sujet. On évoque le crapaud Calamite et ses verrues que certains viennent observer la nuit, la posidonie, les ragondins, la gambusie, la trentaine d'espèces de moustiques. La visite a commencé face à la Maison Méditerranéenne des Vins, les yeux fixés sur les ilôts d’une petite lagune. Quelques flamants non bagués, d’autres volatiles un peu cachés : l’occasion de rappeler quelques généralités sur la Camargue au groupe: « Voilà cinq mois qu’il n’a pas plu, c’est énorme. Sans canaux, sans irrigation, la Camargue serait totalement craquelée. Sans intervention humaine, la Camargue serait sèche en été et totalement inondée en hiver. Le fait qu’on puisse mettre de l’eau fait qu’on peut vivre ici ». Salicorne, lagunes, roseaux, les pinèdes, cet ancien bord de mer qui s’est peuplé au fil des décennies de végétation révèle ses petits secrets.
Des familles et des curieux
Le groupe compte cinq enfants. Des grands parents de Grenoble et propriétaires au Grau-du-Roi ont trouvé la balade sur Internet. Un papa Nîmois, Guillaume, fan de kite-surf avec ses deux enfants, Calypso et Elliot ont fabriqué des nichoirs avec l’animatrice la veille et décidés de découvrir l’Espiguette dans la foulée. Un groupe de retraitées, dont Danielle, qui ne regrette pas son département froid d'origine, Nicole une Bretonne qui s'installe dans la région pour se rapprocher de ses deux fils. Elles sont déjà des fans des sorties nature et ont testé les sorties vélo du Fort de Péccais. Maguelonne, une native du pays passionnée de photos ne se lasse jamais de ces découvertes. De son propre aveu, « plus j’apprends, plus j’aime mon coin ! Montpellier, pour moi, c'est déjà le Nord !». Un couple de haut-savoyards en villégiature, Jeanne et Jean-Yves avec un équipement photo impressionnant, a abandonné le lac d'Annecy pour le littoral le temps d'un séjour.
L’Espiguette est la plage la plus importante de sable fin du littoral méditerranéen français. La plage gardoise, longue de 12 km entre le Rhône vif à l’Est et Port Camargue à l’ouest vaut bien une découverte appuyée. L’Espiguette s’engraisse sur sa pointe grâce à des aménagements, les Saintes-Maries de la Mer, elles, perdent inexorablement leur sable. Un déséquilibre entre l'Est mangé par la mer et l'Ouest qui grossit à vue d'oeil.
Le sable qui s'en va, celui qui reste
Le Syndicat Mixte de la Camargue Gardoise et ses nombreux partenaires orchestrent une protection de la biodiversité via un projet de restauration du massif dunaire. Le site classé s’étend sur 2700 ha du littoral jusqu’au Rhône de Saint-Roman. Jusqu’au XVIIIe siècle, la terre gagnait sur la mer mais l’érosion du littoral aidant, le phénomène s’est inversé : le Rhône ne charrie plus autant de sédiments, le littoral est est en recul. Riche, fragile et fortement respectable, le massif dunaire est l’objet d’un remodelage constant : pose de ganivelles, chemin d’accès, lutte contre les espèces invasives. Le phare de l'Espiguette, à sa construction au siècle dernier, n'était qu'à 70 m du rivage. Il faut désormais parcourir plus de 500 m pour se rafraîchir les orteils. Entre vents et courants, les dunes conservent leur mystère; leur mouvement constant et donnent un air saharien à ce bord de mer.
La balade avec Florine Escot permet de distinguer les différents types de dunes, de l’embryonnaire à la boisée, avec des pins, des genevriers et même nous dit-on quelque part, un abricotier qui prend ses aises. « On a appris cent choses, comme à chaque fois » se réjouissent les jeunes retraitées. À coup sur, en vélo ou à pied, les guides de la Camargue gardoise les reverront.
Florence Genestier
Les sorties : s’inscrire obligatoirement par téléphone au 04 66 77 24 72, ou à la Maison du Grand site, à Aigues-Mortes pour connaître le lieu exact de rendez-vous et être averti en cas d'annulation. Fort de Peccais à vélo , le vendredi 3 novembre. Départ pour 20 km de 9 h à 12 h. Jeudi 2 et 18 novembre : Réserve nationale de Mahistre sur Saint-Laurent d’Aigouze, de 10 h à 12 h. Réservation obligatoire par téléphone. Prix : 6€ par adulte , 3€ par enfant pour chaque sortie.