FAIT DU JOUR Présidentielle : à vos marques, prêts, ramez !
Avec un taux d’abstention qui pourrait battre des records dimanche prochain, la Présidentielle 2022 s'annonce incertaine. Dans le Gard, les équipes des candidats jettent leurs dernières forces dans la campagne, espérant faire triompher leur champion(ne).
Sept jours séparent les électeurs du premier tour de la Présidentielle 2022. Réunions publiques, tractages sur les marchés et porte-à-porte… Dans le Gard, les militants terminent une campagne éclair. Chaque jour compte pour tenter de convaincre les électeurs qui, il y a cinq ans, avaient placé en tête du premier tour la candidate Rassemblement national Marine Le Pen (29 %) et le leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon (21 %).
Campagne de longue haleine chez Les Républicains
Pour la Droite républicaine, la campagne a été longue. Très longue. Il y a cinq mois, élus et militants se sont plongés dans la Présidentielle avec l’organisation du congrès LR, duquel la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, est sortie victorieuse. Dès lors, le grand orateur régional et premier adjoint nîmois, Julien Plantier, est parti à la chasse aux 500 parrainages. Détenant les plus grandes villes du Gard - Nîmes et Alès - la quête des Républicains aura été une formalité. Mais les militants ont fait mieux en la transformant en démonstration de force : avec 32 signatures, Valérie Pécresse est en tête des parrainages dans le Gard.
Meeting à Nîmes de leur candidate, réunion en Petite Camargue avec la venue d’Éric Ciotti… Les Républicains on fait le job, même si l’enthousiasme n’est pas toujours au rendez-vous. Coincée entre Emmanuel Macron - dont certaines des propositions sont similaires - et l’extrême-Droite au travers de Marine Le Pen et Éric Zemmour, Valérie Pécresse peine à se démarquer. Sur les marchés ou dans leurs réseaux, le maître-mot des républicains sera de convaincre : « Il faut aller chercher cette élection, ce n’est pas fini ! Nous sommes les seuls en capacité à gouverner », défend l’avocat et conseiller de Valérie Pécresse, Thibault de Montbrial.
À Droite, l'enjeu est de taille : se hisser devant le candidat Reconquête !, Éric Zemmour, qui a fait irruption dans le scrutin. Une fois de plus, la Droite républicaine joue sa survie. Il y a cinq ans, au premier tour de la Présidentielle, François Fillon avait réalisé 17 % dans le Gard contre 20 % à l'échelle nationale.
Les pro-Zemmour veulent créer la surprise
La venue d’Éric Zemmour, à Nîmes en octobre, a donné le « la » de sa campagne électorale dans le Gard. Si officiellement le polémiste est venu présenter son nouveau livre La France n’a pas dit son dernier mot (édition Rubempré), officieusement le candidat non déclaré est venu préparer le terrain. À la manœuvre, l’ancien adjoint de l’équipe du maire de Nîmes, l’ex-Républicain Marc Taulelle qui revendique désormais 1 800 militants. Une campagne qui, dans le département, a également vu le ralliement de l'euro-député Gilbert Collard.
Cette semaine, les pro-Zemmour traverseront le Rhône pour se rendre au meeting de Marion Maréchal à Avignon. De quoi leur donner les dernières forces dans la campagne : « Notre objectif est clair : renverser la table ! Nous, on ne croit pas au sondage et au nouveau match Macron-Le Pen », commente Marc Taulelle dont le premier objectif est d’arriver « devant Les Républicains, parce qu’après la proclamation des résultats à 20 heures, une nouvelle recomposition de la Droite s’opérera ».
Campagne éclair pour le Parti socialiste
Au Parti socialiste, la campagne gardoise pour Anne Hidalgo a été courte : « La crise sanitaire et la guerre en Ukraine l’ont perturbée », commente Arnaud Bord, premier fédéral. Crédités de 2 % dans les intentions de vote, les socialistes espèrent faire mentir les sondages : « Une part importante d’électeurs ne sait pas encore pour qui voter, ils sont très indécis. Ils commencent à réfléchir à leurs choix en regardant les programmes… », poursuit Arnaud Bord. Sur les marchés ou lors de réunions publiques, les militants tenteront d’inverser la vapeur et d’éviter « le vote utile ».
En 2017, le candidat PS, Benoît Hamon, avait fait 6 % (et 4,8 % dans le Gard). Beaucoup d’électeurs de Gauche ayant voté pour Jean-Luc Mélenchon qu’ils estimaient en capacité de l’emporter. Comme la Droite républicaine, la situation du PS à l’échelle nationale est différente de celle au niveau local. Une nouvelle donne depuis l’avénement d’Emmanuel Macron en 2017. Lors des dernières locales, l’union des partis de Gauche a permis aux partis de conserver le Conseil départemental et régional.
Les Insoumis et « le vote utile »
Depuis décembre 2020, date de la déclaration de la candidature de Jean-Luc Mélenchon à la Présidentielle, les Insoumis organisent régulièrement des actions. Au-delà des traditionnelles réunions publiques, les Insoumis se mobilisent lors d’évènements comme le salon Taf ou les manifestations contre la création de la zone des Sablas. Un travail de longue haleine pour inscrire durablement Jean-Luc Mélenchon.
Si le mouvement n'a pas brillé aux dernières élections municipales, Jean-Luc Mélenchon était arrivé deuxième au premier tour de la Présidentielle 2017 dans le Gard (avec 21 % contre 19,5 % à l’échelle nationale) et premier à Nîmes (23,99 %). Principal argument de campagne des Insoumis : le vote utile. « Les enjeux sont beaucoup plus forts aujourd’hui qu’ils ne l’étaient auparavant. Voter Jean-Luc Mélenchon, c’est se donner une chance de voir la Gauche au second tour de la Présidentielle », plaide le chef de file sur la 6ème circonscription, Nicolas Pellegrini. Cette semaine, les Insoumis entendent mobiliser les abstentionnistes, notamment ceux des quartiers populaires.
Les communistes restent combatifs
Au parti communiste, on sait mener campagne. Conférence de presse, réunions publiques, désignation de chefs de file dans toutes les circonscriptions… Leur seul raté serait peut-être de ne pas voir reçu leur candidat Fabien Roussel dans le Gard, un département qui compte encore quelques élus PCF : « Il a fait de gros meeting régionaux pour permettre à l’ensemble des militants de s’y déplacer. La Présidentielle, c’est aussi une question de coût », indique l’élu départemental PCF, Christian Bastid. Et parfois aussi une question de coups.
Malgré le savoir-faire du parti, leur candidat est à la traîne dans les sondages et pourrait, comme Anne Hidalgo, être victime du vote utile en faveur de Jean-Luc Mélenchon. D'autant qu'il y a cinq ans, les communistes s'étaient ralliés au leader de la France Insoumise. D'ailleurs comme les Insoumis, les partisans de Fabien Roussel profiteront de ces derniers jours de campagne pour convaincre les abstentionnistes.
Le RN veut croire qu'il se passe quelque chose...
Porte-à-porte, boîtage, tractage… La recette est la même pour le Rassemblement national (RN) dans le Gard. Cette campagne du premier tour a été marquée par la visite de Marine Le Pen en Petite Camargue. Le but : conforter son électorat qui pourrait être tenté par Éric Zemmour. « Il y a eu une volonté de notre candidate d’être dans des territoires ruraux, là où on ne voit pas forcément passer les candidats ». En 2017, la candidate RN est arrivée en première position dans le Gard avec 29 % . Le département étant un territoire où le vote RN est enraciné.
L’élu d’opposition RN de la ville de Nîmes, Yoann Gillet, veut croire qu’il se passe quelque chose : « On sent une dynamique, un enthousiasme lorsque l’on va au contact des gens. » Et d’ajouter : « On répond souvent aux questions pratiques des gens qui veulent aller voter, mais qui n’y vont pas parce qu’ils ont perdu leur carte d’électeur. Or, pour voter, la carte d’identité suffit ». La politique, c’est aussi de l’éducation civique.
En Marche et la majorité silencieuse ?
Dans le Gard, les militants En Marche ont tardé à faire campagne. La raison ? Le président-candidat, qui a attendu le dernier moment pour se lancer, a empêché les militants gardois - à l’instar des co-référents Valérie Rouvérand et Jérome Talon - de faire campagne sur le projet. Le Gard a toutefois accueilli plusieurs ministres comme Florence Parly, ministre de la Défense et plus récemment la ministre du Travail, Élisabeth Borne, et Clément Beaume chargée des Affaires européennes. Problème : les réunions publiques ne semblent plus attirer les foules en comparaison de 2017.
Faut-il y voir le signe d’une désaffection d'Emmanuel Macron dans le Gard ? S’ils sont moins sur le terrain, « les militants LREM nous soutiennent en faisant la promotion d’Emmanuel Macron dans leurs réseaux », tempère Jérôme Talon. Avant d'ajouter : « La campagne est atone à cause de la guerre en Ukraine et la crise sanitaire. La Présidentielle 2022 est surtout très médiatique et se fait sur les réseaux sociaux. » Reste à savoir si le taux d'abstention qui s'annonce record avantagera ou desservira le président sortant ? Les Marcheurs ont encore quelques jours pour mobiliser leurs troupes. Ils clôtureront leur campagne éclair avec une réunion publique à Alès le jeudi 7 avril.
Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com