FAIT DU JOUR Quels sont les projets de l'École nationale de police de Nîmes ?
Successeur de Gil Andreau - nommé à la direction centrale de la sécurité publique -, Fabrice Finance est depuis le 6 avril 2021, le directeur de l'École nationale de police de Nîmes. Huit mois après son arrivée, il dresse bilan intermédiaire de son activité, celle de l'établissement de formation et annonce les projets qu'il souhaite mettre en place.
Objectif Gard : Vous êtes le directeur de l'École nationale de police de Nîmes depuis le 6 avril dernier. À cette date, quel est votre bilan ?
Fabrice Finance : Personnellement, venant d'une autre direction, j'ai mis un certain temps à trouver mes marques au sein de la structure. Mais c'est venu au fil des mois. Concernant l'école, nous continuons à former les gens comme il se doit, malgré cette période compliquée liée au covid. Mais nous n'avons pas connu de situation telle que celle qui a été vécue au début de l'année 2021. Nous avons pu assurer la continuité du service et notre mission prioritaire qui est la formation. Donc même s'il y a des difficultés, des absences soit d'élèves, soit de stagiaires, soit de formateurs, nous avons toujours réussi à pallier ces absences par des rattrapages de cours pour les uns, des remplacements pour les autres.
Vous dites avoir eu du mal à trouver vos marques...
C'est-à-dire que pour moi, c'était tout à fait nouveau. J'ai passé toute ma carrière en police judiciaire, en tout cas en investigations. Ça a été un choc culturel, donc il m'a fallu comprendre les sujets, les maîtriser et cela demande forcément un temps d'adaptation. Mes collaborateurs m'ont bien aidé à prendre mes marques. Ça a été un nouveau défi, un nouveau challenge. Ça permet aussi de sortir de sa zone de confort et de se remettre en question. Et je ne regrette pas mon choix.
Qu'est-ce qui fait la spécificité de l'ENP ?
C'est la plus grande école de police de France déjà, de par le nombre de personnes formées. Il y a des moments où nous avons 1 200 élèves dans l'établissement en plus des 300 stagiaires. Comme d'autres écoles, nous formons des gardiens de la paix, des policiers adjoints, des cadets de la République. Je vous donne un exemple. Ce vendredi, une promotion de gardiens de la paix sortira, la 261e, et elle concerne huit écoles. Nous avons formé 43% des recrues et donc les sept autres 57%. Plus simplement, sur une année, généralement, nous formons la moitié des élèves gardiens de la paix au niveau national. Nous formons également, et c'est une spécificité de l'ENP de Nîmes, les recrues en police technique et scientifique sur l'aspect connaissance des institutions de police.
Ces métiers, comme d'autres, évoluent en même temps que la société. De quelle manière adaptez-vous la formation pour répondre à ces changements ?
Dans un premier temps, et cela va arriver dans les prochains mois, par le rallongement de la formation initiale de 8 à 12 mois. C'est une volonté politique qui est bien accueillie. Quant à l'évolution de la société, le ministre de l'Intérieur a insisté sur le fait que nous devons avoir une police à l'image de la population. Nous avons des services de promotion des métiers qui participent à divers événements tels que des salons étudiants, etc. Mais qui ont également pour rôle de "vendre nos métiers" à l'ensemble de la population en allant dans les collèges, les lycées, etc. Quant à la formation en elle-même, il faut savoir que beaucoup d'enseignements, notamment lors des simulations, des psychologues sont présents. En plus de la technique, l'aspect humain est important dans la prise en compte de l'environnement où l'on intervient.
Pourquoi ce rallongement de la formation initiale de 8 à 12 mois ?
La formation est assez dense et en 8 mois, on n'a pas de temps de reprises pédagogiques. En 12 mois, ce sera possible et on pourra insister sur certains thèmes. Vous le savez, il y a des sujets qui sont récurrents maintenant tels que les violences intrafamiliales. Il faut que les policiers à leur sortie d'école soient sensibilisés sur le sujet. Et puis, on va pouvoir mettre en place la formation OPJ. Il y a une nécessité d'avoir des officiers de police judiciaire en plus grand nombre pour gérer les procédures. C'est pour cela que les gardiens de la paix vont suivre la formation d'OPJ.
Quelles sont vos ambitions pour cette école dans les années à venir ?
Nous avons un plan de charge au niveau national qui est important puisqu'il est question d'augmenter le nombre de policiers sur le terrain. Notre objectif est de faire face à ce plan de charge.
Les candidats sont-ils assez nombreux pour pouvoir y répondre ?
Oui, on en a suffisamment. Reste à adapter les structures. Par exemple, nous avons un projet de construction d'un tout nouveau stand de tir à l'école de Nîmes. Il y a des points sensibles dans la formation des élèves. Le tir en fait partie. Cette formation de tir est faite selon un programme bien défini avec un nombre de séances imposé pour que les personnes obtiennent l'habilitation au SIG-Sauer, qui est l'arme de dotation. Aujourd'hui, nous n'avons pas de difficulté majeure en la matière. Mais si on augmente le plan de charge, cela suppose qu'on ait au moins un stand de tir supplémentaire, voire deux.
Propos recueillis par Stéphanie Marin