FAIT DU JOUR Qui sera le prochain homme fort du Parti socialiste dans le Gard ?
Lundi soir, au siège de la fédération socialiste du Gard, les militants Arnaud Bord et Pierre Jaumain ont défendu chacun un texte d'orientation sur l'avenir de leur parti. Le 9 septembre prochain, 574 militants gardois sont appelés à les départager.
C’est ce que l’on appelle dans la jargon socialiste « le vote des motions ». À ne pas confondre avec le vote d'émotion qui, lui, ne dure qu'un temps. Ce vote des motions donc, qui aura lieu le 9 septembre, devrait normalement tenir trois ans et donnera l'occasion aux militants rescapés des années Hollande de définir la ligne politique du parti.
Mais avant de prendre de grandes décisions, c'est un art bien français, on débat. Comme l'ont fait lundi soir Arnaud Bord et Pierre Jaumain, qui voudraient l'un et l'autre porter les valeurs socialistes dans le Gard durant les prochaines années. Arnaud Bord, en fin de trentaine, est élu d’opposition de la Ville d’Alès et ancien permanent de la fédération. La "maison Jean-Jaurès", il la connaît peut-être mieux que sa poche et, sans surprise, il défend la ligne de l’actuel Premier secrétaire national, Olivier Faure, baptisé « De la renaissance à l’alternance ».
Pierre Jaumain, lui, était jusque-là en retrait du parti socialiste. Tellement en retrait que peu le connaissent. Devenu directeur de cabinet du maire de Grau-du-Roi, il signe son retour en défendant les idées de l'ex-secrétaire d’État sous François Hollande, Hélène Geoffroy - pas beaucoup plus connue que son supporter - à l'initiative du texte « Debout les Socialistes pour le renouveau ».
Arnaud Bord : « Olivier Faure a repris un parti SDF »
Le premier point d’achoppement des deux porte-paroles concerne la stratégie électorale. « On nous explique que c’est dans la roue de l'écologiste Yannick Jadot que nous trouverons la solution à nos difficultés. Or, on s’engouffre dans un courant d’air… », dénonce Pierre Jaumain qui, en travaillant au Grau-du-Roi, s'y connait en matière de courants. Le militant n’a pas tout à fait tort : aux dernière élections municipales à Nîmes, le choix de son camarade PS, Jérome Puech, de se ranger derrière le candidat écologiste Daniel Richard - un autre courant d'air - a tourné au fiasco.
« Oui, la course derrière Jadot a existé », reconnaît Arnaud Bord. Cependant, « il faut regarder avec attention toutes les forces de Gauche, comme nous l’avons fait aux Départementales ». En juin, une union historique a permis à la Gauche de conserver la collectivité et même, de se débarrasser d'une inconfortable majorité relative. Un partout, balle au centre. Toutefois, ce n'est pas ce scrutin qui irrite Pierre Jaumain. Celui-ci garde en travers de la gorge les Européennes pour lesquelles le PS s’est rangé derrière Raphaël Glucksmann, non-socialiste. Arnaud Bord contre-attaque : « Cette stratégie nous a permis de conserver deux députés et d’en faire élire un troisième pour maintenir nos valeurs au Parlement européen. » Et toc !
Seulement son adversaire ne raisonne pas en comptable, mais s'intéresse davantage à ce qui fait l'essence même de son parti. Il ne veut pas se renier et le dit : « Nous avons perdu de la clarté, notre effacement a été progressif ». Pour Arnaud Bord : « c'est surtout l’évasion de certains de nos camarades (comme la députée nîmoise Françoise Dumas ou le Bagnolais Jérome Talon, ndlr) qui a mis un trouble. Quant aux militants, ils ne sont pas partis bien avant avec loi Travail, les crédits d'impôt sans compensation ou la déchéance de nationalité. Soyons réalistes : Olivier Faure a repris un parti SDF avec un trou dans la caisse ! »
La course au poste de Premier fédéral
Les finances sont un autre sujet chaud. Dans son texte, Olivier Faure prévoit un nouveau mode de financement des fédérations. Pierre Jaumin pousse des cris d'orfraie : « C’est la fin de l’indépendance des fédérations ! » Arnaud Bord rétorque : « En 2015, le siège donnait 4 500€ au Gard contre 1 300€ aujourd'hui. Une péréquation liée au nombre de militants qu'il faut réétudier pour permettre aux fédérations les plus riches de donner à celles qui en ont besoin.» Olivier Faure serait-il une sorte de Robin des bois socialiste ? Son défenseur parle plutôt de pragmatisme : "Il y a aujourd’hui des fédérations qui n’ont plus de permanent, ni de local. Dans ces conditions, impossible de faire de la politique !"
À la fin du débat, Pierre Jaumain émettra le souhait de former davantage les militants : « J’ai passé pas mal de mon temps à la ligue de l’enseignement, je suis très attaché à l’éducation populaire qui permet à tous de nous élever. » Arnaud Bord, lui, défendra son statut de conseil de prud'hommes ainsi que le travail conduit ces dernières années par Jean Denat, l'actuel permanent de la fédération PS. Puisque derrière ce combat idéologique se cache en filigrane la course pour le poste de Premier fédéral, le 23 septembre. Le maire de Vauvert, Jean Denat, ayant déjà annoncé ne pas se représenter. Place aux jeunes.
Coralie Mollaret et Tony Duret
coralie.mollaret@objectifgard.com
L'agenda PS. Le 9 septembre se tiendra le vote sur les deux textes d’orientation. Le scrutin sera suivi par le congrès fédéral de Vauvert, le 11 septembre. L'occasion de désigner les membres des instances fédérales. Cinq jours plus tard, les socialistes français seront appelés à désigner leur Premier secrétaire (poste actuellement occupé par Olivier Faure) tandis que le 23 septembre, chaque fédération désignera son propre leader départemental.