Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 11.01.2022 - corentin-migoule - 4 min  - vu 9009 fois

FAIT DU JOUR Sylvain André, maire de Cendras : "On ira jusqu'au bout dans la poursuite judiciaire"

Sylvain André dans son bureau de maire à Cendras. Photo Tony Duret / Objectif Gard

Maire communiste de Cendras depuis janvier 2017, le jeune (37 ans) président de l'association des maires ruraux du Gard prend de plus en plus de place dans le paysage politique cévenol. S'il se laissera sans doute tenter par une candidature aux législatives sur la 5e circonscription, Sylvain André place toute son énergie à l'embellissement d'une commune qu'il ne veut plus voir associée à la délinquance. Poursuivant un projet de mandat animé par trois piliers que sont la solidarité, la transition écologique et la culture, l'édile cendrasien n'en oublie pas de combattre ardemment un nouveau fléau : le dépôt sauvage. Interview. 

Objectif Gard : La pandémie a-t-elle impacté la réalisation des projets communaux ?

Sylvain André : Elle nous a fait perdre du temps car on a été très occupés par les protocoles sanitaires. Ça nous a aussi ralentis dans la mesure où tout le monde n'est pas toujours disponible et qu'on a longtemps eu des difficultés à se réunir. Aussi, la tempête du 21 juin qui a frappé la commune n'a rien arrangé puisqu'elle a fragilisé beaucoup d'arbres. Il a fallu en élaguer certains, ce qui est très couteux.

Quelles sont malgré tout vos plus belles réalisations en 2021 à l'échelle communale ?

On a procédé à la sécurisation du groupe scolaire Joliot-Curie avec la séparation du bâtiment dit "des instituteurs" par des clôtures réhaussées et la création d'un parking. On a aussi assuré la réfection de la place du marché et poursuivi notre campagne en matière de rénovation énergétique, avec le changement intégral des menuiseries du foyer des Jonquilles dédié aux personnes âgées. Idem pour le bâtiment de l'école de Malataverne. 2021 a aussi été marquée par quelque chose qui me rend très fier. C'est la signature d'une convention avec l'association Avenir Jeunesse, l'Agglo et le Département, pour la mise à disposition d'éducateurs spécialisés sur les communes de la petite couronne d'Alès dont Cendras. On travaillait dessus depuis cinq ans avec Serge Bord (maire de Saint-Julien-les-Rosiers, Ndlr) et Jean-Michel Suau (ex-conseiller départemental, Ndlr). Des adultes formés qui tentent de rediriger les jeunes vers des projets, c'est la meilleure réponse à la délinquance.

Une délinquance dont vous avez récemment souffert...

Les problématiques de délinquance étaient plus importantes en 2020. Depuis, l'installation des caméras, les interventions des gendarmes et le déploiement des éducateurs portent leurs fruits. On a pris le problème à bras-le-corps pour revenir à une espèce de normalité. J'en reviens encore aux éducateurs mais, depuis qu'ils sont là, j'ai observé un vrai changement. Il y a beaucoup moins d'animosité entre les personnes, et beaucoup moins de dégradations sur les bâtiments publics.

Qu'en est-il des dépôts sauvages dont vous vous êtes plaint sur les réseaux sociaux ?

Ça ne cesse d'augmenter et ça devient vraiment pénible. Je l'ai d'ailleurs signalé au procureur de la République d'Alès. Et ça concerne autant les particuliers que les entreprises. Certains déchargent n'importe où. La dernière fois, c'était au pont des Camisards. Il y avait des pneus, de l'huile de moteur, un bout de frigo... Tout ça, qui va le ramasser ? Ce sont les agents municipaux. Les agents municipaux, ce ne sont pas des chiens. Sur ce sujet, je ne lâcherai pas parce que c'est inacceptable ! Si on chope quelqu'un en train de faire du dépôt sauvage, on ira jusqu'au bout dans la poursuite judiciaire. Ils paieront et nettoieront ! Le pire c'est qu'il y a une décharge à cinq minutes de Cendras à L'Habitarelle.

Revenons-en aux projets de la mandature. Comment se matérialise votre quête de solidarité ?

On est en contact avancé avec les Logis Cévenols pour créer une maison en partage. On a trouvé un terrain de 2 500 m², bien placé, proche des commerces, dans le centre du village. On fait les démarches nécessaires pour l'acheter à 3F Occitanie. Les plans sont en train d'être dessinés. On prévoit 11 petits appartements. Selon moi, les maisons en partage font partie de l'avenir. C'est un vrai intermédiaire avant un passage en maison de retraite. C'est important pour les gens en légère perte d'autonomie qui veulent malgré tout rester vivre "au pays". J'espère que le chantier sera fini avant la fin du mandat (en 2026, Ndlr), mais je n'en suis pas sûr. Ce n'est pas moi qui maîtrise, mais le bailleur social qui va construire.

La transition énergétique vous tient aussi à cœur. Avez-vous profité du plan de relance ?

Pleinement puisqu'on avait un point noir à Cendras d'un point de vue énergétique et économique. Le chauffage de la salle polyvalente, du foyer des Jonquilles, de la friperie solidaire et de la médiathèque était au fioul. Grâce à d'importants financement de l'État, on va donc créer un nouveau réseau de chaleur à bois. Une chaufferie sera construite derrière la salle polyvalente pour alimenter tous ces bâtiments. C'est aussi pour ça qu'on acheté des parcelles de forêts pour avoir une réserve foncière.

Quels autres projets pourraient être enclenchés ou parachevés d'ici la fin du mandat ?

Le troisième petit cimetière communal de Malataverne arrive en fin de vie. La création d'un nouveau cimetière devient donc indispensable. On ne veut pas rogner sur un terrain agricole donc on essaie de trouver des pistes réalisables. L'idée c'est d'aller assez vite, en réfléchissant à un cimetière paysager, plus écologique. La rénovation du cœur du village, avec la rue des commerces qui commence à être vieillotte, est aussi une priorité. On va opérer un vrai embellissement avec des trottoirs et des jolis murets en pierre. C'est un projet qui se chiffre à 260 000 euros, ce qui est énorme pour une petite commune comme la nôtre. D'autre part, on vient tout juste d'acheter une friche agricole pour y installer un agriculteur dès cet été. Plusieurs personnes se sont déjà manifestées, dont un pépiniériste spécialisé dans les plantes méditerranéennes. Mais on ne donnera pas le terrain comme ça, il y aura un appel à projets. Enfin, on travaille aussi sur du cheminement doux au niveau de la Vigère qui est la balade préférée des Cendrasiens.

En tant que président de l'association des maires ruraux, quels combats prévoyez-vous de mener en 2022 ?

Je suis très attaché aux petites communes et à cette démocratie de proximité qui est passionnante. Je suis admiratif du travail de chacun de mes collègues maires, tous portés par la volonté d'embellir leur commune. Évidemment, le maintien des services publics, et notamment des trésoreries, continuera de nous animer en 2022. Il y a aussi la question du suivi de l'agenda rural sur lequel je travaille avec la sous-préfète du Vigan (Saadia Tamelikecht, Ndlr). Et puis il y aura toujours les combats plus ponctuels, comme cela a récemment été le cas avec la MFR de Sauve.

Propos recueillis par Corentin Migoule

Corentin Migoule

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