FAIT DU JOUR Via Domitia et balade dominicale à Jonquières-Saint-Vincent
L’occupation préhistorique de la "Costière du Gard", depuis la dépression de Campuget jusqu’au quartier de la Lône, a laissé 32 sites archéologiques aujourd’hui recensés sur le territoire communal de Jonquières-Saint-Vincent.
Au départ, trois entités composaient le territoire de Jonquières. Un quartier, celui dit de Jonquières. Il était au cœur de marais autrefois couverts de joncs (d’où l’origine de son nom). Ensuite, le quartier de Saint-Vincent. C'est peut-être et d'ailleurs le premier foyer d’habitation, sur l’axe principal de communication entre Beaucaire et Nîmes. Enfin, le hameau de Saint-Laurent où étaient installés des pêcheurs sur les berges de l’étang de la Palud, asséché au XIXe siècle, et qui a ensuite disparu.
Commençons par l'hôtel de ville. C’est à son maire Théophile Michel, élu en 1888, que Jonquières-Saint-Vincent doit cette étonnante et majestueuse bâtisse. C'est en revenant d'une cure à Vichy (où il a vu une maison dans le style) qu'il décide l'érection de cette atypique mairie par l’architecte nîmois Auguste Augière. Il est inauguré en 1903 par Gaston Doumergue en personne, alors député de la circonscription et ministre des Colonies, donc pas encore président de la République.
Avant d'entrer en ville, il est intéressant de passer du côté de La Chapelle Saint Laurent. Charmant, petit et très spécial, cet édifice vaut le détour, de plus une table à pique-nique est accessible à ses abords. En effet, depuis la route départementale 999, entre Nîmes et Beaucaire, la chapelle attire invariablement l’attention. Édifiée entre le XIe et le XIIe siècle, d’architecture carlovingienne, elle est le dernier vestige du hameau dont elle était l’église paroissiale jusqu’au XIVe siècle. À l'intérieur, et c'est là que le lien se fait avec la Via Domitia, deux bornes milliaires ont été remployées au XIe siècle pour servir de piliers à l’arc triomphal de la chapelle restaurée depuis 2008.
Revenons au village, prêts à en sortir. Sur les hauteurs dominantes, des moulins attirent l'oeil. À leur construction, ces deux bâtisses cylindriques au chapeau pointu et aux quatre ailes quadrillées devaient se trouver bien seuls. Les minotiers s'en sont servis jusqu’à la fin du XIXe siècle pour faire de la farine de blé qu'on trouvait sur tout le territoire de la Terre d’Argence. Rachetés par la commune à la fin des années 1960 pour éviter leur démolition, le moulin Sud a été intégralement restauré et remis en état de marche en 2012, et le moulin Nord le sera très prochainement.
Partons vers le sud du village. C'est là, à quelques centaines de mètres, que se déroule le tapis rectiligne de la Via Domitia. La Voie Domitienne est une voie romaine construite à partir de 118 av. J.-C. à l’instigation du général romain Cneus Domitius Ahenobarbus, dont elle porte le nom. Elle reliait l’Italie à la péninsule ibérique et assurait les communications des territoires conquis avec Rome, en permettant notamment l’installation et la circulation des garnisons protégeant ces territoires.
Elle traverse le territoire de la commune de Jonquières-Saint-Vincent sur une longueur d’environ cinq kilomètres depuis le quartier des Mourres de Gayen, à l’Est, jusqu’au quartier de la Devèze, à l’Ouest, entre Beaucaire et Redessan… Le défrichement du terrain, la construction d’une chaussée puissamment fondée, la mise en place d’un ballast de terre et de graviers retenu par des dalles verticales, puis le drainage de l’ensemble par des fossés latéraux, fut un immense chantier comparable à un programme autoroutier régional de notre époque.
La Via Domitia existe toujours sous sa forme originale de chemin de terre renforcé de couches stratifiées de gravier et de cailloutis. Tous les milles (1 mille = 1,481 kilomètre) était installée une borne milliaire (qui correspond un peu à nos actuels panneaux signalétiques) indiquant les distances entre la borne et les villes voisines.
On en comptait sans doute cinq, à l’origine, sur le territoire de Jonquières. On parle de la section du IXe au XIIe mille. Hélas, seules trois sont encore en place. L’une, à l’extrémité du quartier de la Devèze, en limite de Redessan, marque le IXe mille et date de l’an 31 ou 32 car elle fut érigée sous le règne de Tibère. On l’appelait "la peire di novi" , la pierre des fiancés.
C’est en effet là que les futurs époux venaient rédiger leur contrat de mariage en présence du notaire de Redessan car il n’y en avait pas à Jonquières. Deux ont été érigées à 500 mètres à l’est du Mas des Pradas, en l’an 3 sous le règne de Claude, et en l’an 31-32 sous celui de Tibère.
Jonquières-Saint-Vincent, c'est aussi l'eau à profusion. La source de Font Couverte, au bout du chemin éponyme est la fontaine mère, la source qui alimentait les jardins, un réservoir et deux canalisations qui descendaient alimentaient lavoirs et petites fontaines de rues. La fontaine de Saint Vincent, rue des Costières, faillit être démolie lors des travaux de recalibrage du fossé ruisseau du Grand Valat. La conduite en terre cuite qui l’alimentait depuis Font Redonne fut détruite, provoquant l’assèchement immédiat de la fontaine. Après maints efforts et calculs pour rétablir une canalisation entre la source et la fontaine, l’eau jaillit finalement à nouveau, mais elle dût être déplacée à quelques dizaines de mètres au nord du Valat pour l’éloigner d’un platane destructeur. Font de Tavie, Fontanille ou encore Font Redonne sont d'autres belles sources à ne pas manquer.
Avec l'aide du service histoire et patrimoine de la Ville de Jonquières-Saint-Vincent.