FAIT DU JOUR Yanis, le danseur nîmois de la "Chanson de l'année" de TF1
Danseur, chanteur et comédien, Yanis Si Ah est un artiste plein de ressources et de qualités. Né à Nîmes en 1995, il fait carrière à Paris depuis quelques années en particulier dans les comédies musicales à succès comme Grease au théâtre Mogador. Il est de retour à Nîmes depuis jeudi et participe à la Chanson de l’Année de TF1 en tant que danseur. Portrait.
Slimane, Zazie, Amel Bent, Patrick Fiori... Ils se produisent tous sur la scène des arènes de Nîmes cette semaine pour les émissions de TF1. Yanis et ses amis danseurs accompagnent les artistes tout au long de leur prestation musicale.
Pourtant, plus jeune, le danseur nîmois n'était pas forcément destiné à cette carrière artistique. En parallèle d'un parcours scolaire classique, c'est à l'âge de 16 ans qu'il a cette révélation : "J'avais refoulé le côté artistique au plus profond de moi. Je n'avais jamais parlé de cela. Peut-être la peur du jugement, des préjugés de la vie. Les garçons de ma classe parlaient surtout de foot ou de hand. Je n'étais pas dans la norme. Et puis à Nîmes, l'art de la danse et du chant n'est pas si présent que cela." Mais chez ce danseur né, la normalité n'existe pas. C'est également le cas pour ses trois grands frères, notamment l'un, bien connu, Nassim, comédien professionnel qui tourne dans plusieurs projets cinématographiques pour la télévision et le cinéma. Un autre frère est champion de Kick Boxing. Et Adel, resté à Nîmes, toujours à ses côtés.
Le secret de cette famille pas comme les autres ? Un père remplit d'amour pour ses fils. Une maman confidente et déterminée. Toujours à leurs côtés, elle joue son rôle à la perfection et encourage chacun de ses quatre fils vers leurs désirs.
Pour Yanis, elle sera au rendez-vous des premières étapes de casting à Montpellier quand il s'agit d'intégrer le conservatoire. Puis de nouveau, à Paris, quelques mois plus tard. Le danseur en herbe est retenu pour l'académie internationale de la danse. "Sans jamais avoir fait de danse. Je n'avais pas les techniques mais on m'a tout de suite dit que j'avais quelque chose de particulier. Peut-être ma révélation tardive qui a fait tout exploser."
Deux ans intensifs passent avec plus de huit heures de danse par jour, et la rage de réussir chevillée au corps : "Une expérience incroyable mais aussi quelque chose de violent où j'ai quitté le cocon familial, mon soleil nîmois, pour la rigueur à chaque instant et l'insécurité financière."
Paris n'étant pas l’Eldorado, Yanis a du cravacher fort pour s'en sortir et, surtout, se distinguer des autres prétendants au succès. "Avec quelques centaines d'euros par mois de cachet les premiers temps, rien n'était facile. Mais encore une fois, ma mère a fait beaucoup de sacrifice jusqu'à contracter des crédits pour m'aider."
Spectacles et comédies musicales
Le travail va payer et l'investissement maternel aussi. Son école de danse parisienne décide de constituer une compagnie de jeune ballet européen. Il est retenu parmi les 24 danseurs sélectionnés. L’aboutissement pour tout jeune danseur et une structure où Yanis a pu évoluer et s’épanouir, encadrés par des chorégraphes, maîtres de ballet et techniciens professionnels.
Une expérience hors norme qui lui permet d'emmagasiner de la confiance pour ses premiers castings professionnels. Mais le plus dur commence : "J'arrivais souvent en finale mais j'étais envahi par le trac. J'ai réussi fort heureusement à dépasser cela."
Yanis obtient son premier contrat professionnel à l'âge de 18 ans dans la compagnie de Karine Saporta pour sa création Sophoclea. Il rejoint ensuite l'équipe du spectacle Notre Dame de Paris, chorégraphié par Martino Muller, en tant que danseur remplaçant. En 2015, il danse sur le spectacle Frozen Sing Along, chorégraphié par Tatiana Seguin à Disneyland Paris. Puis, très rapidement, il enchaîne avec la comédie musicale Cats en tant que doublure. "C'est à ce moment là que j'ai découvert mon potentiel dans le chant."
Le premier aboutissement de tant d'années d'effort aura lieu en 2017 avec son intégration au sein de la troupe de Grease où il incarne le second rôle : Kenickie. Il obtient le trophée de la Comédie musicale 2018 en tant que révélation masculine pour ce spectacle. Toujours dans la célèbre salle parisienne, il enchaîne avec le spectacle Tom Sawyer nominé dernièrement aux Molières.
Pour autant, rien n'est simple et la compétition entre artistes reste prégnante au quotidien. Sans oublier le doute : "Je me remets en question tout le temps même si je fonctionne beaucoup à l'instinct." Loin de sa famille le jeune homme évoque que "ce travail entraîne le renoncement au confort familial". Ce qui ne l’empêche pas d'emprunter cette route extraordinaire mais parsemée d'embûches.
Avec Amel Bent et Shy'm
Mais le jeune nîmois ne lâche rien ! "Un jour, j'aimerais avoir le courage de mettre en scène mes propres chorégraphies, de chanter mes écrits. Pour l'instant, je suis dans l'interprétation mais c'est un nouveau pallier que j'espère franchir." Yanis s'éclate : "Je danse, je chante quand j'ai envie. J'ai cela en moi. L'argent n'est pas mon moteur, c'est la passion qui dicte mon quotidien", raconte celui qui "donne tout" sur scène et énumère les piliers de sa philosophie : "Le dépassement de soi, le partage, la générosité sur scène sont les clés de la réussite d'un spectacle."
Et la clé du succès pour des jeunes gardois qui voudraient épouser cette carrière ? "Travailler, travailler et être motivé à 100%. Peu importe les circonstances ou d'où on vient. Il faut briser les codes et surtout, croire en soi."
Yanis n'en a pas fini avec la scène et le prouvera encore ce samedi soir sur celle des arènes de Nîmes après avoir répété pendant 15 jours à Paris pour les tableaux de la Chanson de l'année de TF1. Aux côtés d'Amel Bent ou encore de Shy'm, le Nîmois aura un pincement au coeur supplémentaire quand il montera sur les planches pour délivrer son art devant un public familier. Le retour de l'enfant prodige...
Abdel Samari