FAIT DU SOIR À Saint-Marcel-de-Careiret, des habitants veulent sécuriser un carrefour dangereux
Jeudi 22 septembre, vers 20h50, un dramatique accident s'est produit à Saint-Marcel-de-Careiret, au croisement entre les routes départementales 6 et 23. Une voiture a percuté deux piétons : une adolescente de 16 ans encore à l'hôpital et son frère, tiré d'affaire, mais qui a eu les jambes endommagées. Un mois plus tôt, des voitures étaient déjà entrées en collision. Les habitants veulent agir.
Samedi, Alexandre Collavizza a lancé une pétition intitulée "Protégeons nos enfants et les habitants de Saint-Marcel-de-Careiret" sur change.org. Il est ami avec la personne qui héberge les deux jeunes qui ont été renversés, des Ukrainiens qui ont fui leur pays en guerre. Il a tenu à publier cette pétition pour "faire bouger les choses". Il déclare : "Ce carrefour est dangereux car il se situe sur un axe de circulation à gros trafic entre Alès et Bagnols/Cèze. Jusqu'à présent, il n'y avait eu que des accidents matériels..." Mais cette nouvelle collision avec des piétons a suscité l'émotion dans le village et a ravivé les débats sur ce carrefour.
Sur cette route limitée à 50km/h, les gros excès de vitesse sont fréquents selon les habitants. "Je vais parfois voir des amis qui habitent de l'autre côté de la route, alors j'y vais à pied et je traverse sur le passage piéton un peu plus loin. Les automobilistes ne me laissent jamais passer car ils vont trop vite pour pouvoir s'arrêter. Ce n'est pas rare d'en voir à 80 ou 90 km/h", affirme Alexandre Collavizza. La peur s'est immiscée dans l'esprit de quelques parents car le bus dépose leurs enfants au niveau du carrefour les obligeant à traverser la chaussée pour rejoindre l'école. "La problématique a bien été identifiée. On travaille actuellement avec le délégataire pour changer le positionnement de l'arrêt et que les enfants n'aient plus à traverser", assure-t-on à l'Agglomération du Gard rhodanien, qui a en charge la compétence du transport scolaire.
Une entorse cervicale et une rectitude au niveau du rachis
Ludovic Candel, qui vit aussi à Saint-Marcel-de-Careiret, a également envoyé des courriers à ce sujet à la préfecture du Gard et au conseil départemental. Il a aussi proposé aux habitants de se fédérer pour discuter d'actions à mettre en place : "On va voir ce que les gens sont prêts à faire pour que les choses bougent. Peut-être une manifestation, une distribution de tracts, monter un collectif ?", avance-t-il.
"On ne peut pas laisser cet endroit comme cela, c'est trop dangereux". C'est aussi l'avis d'Elma. Cette maman de trois enfants vit dans le village depuis quatre ans et emprunte la D6 tous les jours pour se rendre à son travail. Mais le 1er août dernier, le trajet ne s'est pas déroulé comme d'habitude. Il est environ 12h15 quand Elma arrive sur le carrefour avec la D23 en venant d'Alès. Devant elle, "une jeune femme freine brutalement et met son clignotant au dernier moment pour tourner à gauche en direction de Goudargues", raconte-t-elle. La jeune automobiliste est contrainte de s'arrêter car d'autres véhicules circulent de l'autre côté de la chaussée. Elma parvient à l'éviter, mais ce ne sera pas le cas de la voiture derrière elle qui percutera sa voiture par l'arrière. "J'ai été prise en sandwich entre les deux véhicules et j'ai eu le coup du lapin", retrace la Saint-Marcelloise.
Conduite aux urgences de Bagnols-sur-Cèze, elle s'en sort avec des séquelles. "Ça fait deux mois que je suis chez moi, je n'ai pas repris le travail. Je suis une rééducation et prends des médicaments pour me soulager. Ma voiture est morte", déplore-t-elle. Est-ce qu'une vitesse inadaptée a aussi contribué à provoquer cet accident ? Seule les conclusions de l'enquête peuvent le dire. "Ça fait quand même deux accidents en moins de deux mois. La voisine qui habite à côté et qui m'a aidée le jour de mon accident, est traumatisée. À chaque fois, elle est aux premières loges", déplore Elma. Son mari et elle ont décidé de ne plus passer à cet embranchement, quitte à faire un détour.
"Sur cette D6, ce n'est pas une mesurette qu'il faut"
Carole Bergeri, maire de Saint-Marcel-de-Careiret et conseillère départementale, est bien consciente de la dangerosité de ce carrefour. Il y a quatre ou cinq ans, elle a fait installer des radars pédagogiques sur la D6 pour inciter les automobilistes à abaisser leur vitesse à l'approche du croisement. Un investissement réalisé grâce aux recettes des amendes de police, mais qui ne fait pas pour autant ralentir les conducteurs peu scrupuleux. Des ralentisseurs ont également été aménagés sur la route de Saint-André-d'Olérargues et Cavillargues. "Deux autres sont prévus en octobre sur la route de Saint-André et l'ancienne route de Bagnols-sur-Cèze", précise la maire.
Mais l'édile est confrontée à de nombreuses contraintes : "La D6 est une route classée niveau 1, avec un fort trafic, des convois exceptionnels... Les gens aimeraient légitimement des ralentisseurs, un haricot et des tas de choses, mais on ne peut pas faire ce que l'on veut." La maire poursuit : "Tout peut être améliorer. Mais sur cette D6, ce n'est pas une mesurette qu'il faut. C'est un aménagement complexe qui s'étudie dans sa globalité. Il faut qu'on le pense bien et pas que l'on rajoute un problème à une problématique. C'est complexe. Peut-être des potelets, une traversée d'agglomération en co-maîtrise d'ouvrage avec le Département ?"
Carole Bergeri l'assure : "On n'attend pas qu'il y ait des accidents pour agir. Mais on n'est pas les seuls interlocuteurs. On fait des réunions, on envisage des pistes. On se rencontre avec le Département pour parler de ce qui peut être envisagé, le coût... J'entends que la sécurité n'a pas de prix mais à l'arrivée, ce sont les administrés qui vont payer donc il ne faut pas faire n'importe quoi." Et un giratoire ? "Un rond-point obligerait à raser les quatre maisons autour et je ne suis pas sûre que les propriétaires soient d'accord", répond la maire. Une réunion est organisée pour les habitants intéressés par le sujet ce samedi, à 10h30, sur le parking de la salle des fêtes.
Marie Meunier
La pétition est consultable en ligne en cliquant ici.