FAIT DU SOIR Après 40 ans en politique, Jean-Louis Banino laisse son fauteuil de maire des Angles
Il y a près de 40 ans, Jean-Louis Banino faisait son entrée en politique en tant que conseiller municipal des Angles. Élu maire pour la première fois en 2008, il se lançait dans un troisième et ultime mandat en 2020. Mais des soucis de santé et familiaux l'ont décidé à quitter le siège de premier magistrat plus tôt que prévu.
Jean-Louis Banino a annoncé officiellement sa démission au poste de maire ce mercredi matin. Il laisse également ses mandats de vice-président aux Ressources humaines à l'Agglomération du Grand Avignon, de président du SIVOM et de président du conseil d'administration de l'Ehpad Paul-Gache des Angles. "J'ai des petits problèmes de santé. Il faut que je les soigne et la meilleure façon pour cela, c'est de m'arrêter. Je vais aussi me consacrer à ma famille", indique-t-il.
À l'aube de ses 70 ans, Jean-Louis Banino ne se sentait plus animé par autant de "passion et d'envie" qu'avant. "C'est peut-être aussi le bon âge pour arrêter. En politique, il y a tant de gens qui s'accrochent alors qu'ils ne sont plus dans le coup", envoie-t-il avec son franc-parler légendaire. Le maire n'a jamais voilé son gros caractère, parfois impulsif et manquant de rondeur, servi par sa voix grave. Certains en ont fait les frais comme l'ex-député Anthony Cellier qui avait eu le malheur d'arriver en retard de quelques minutes à peine à sa cérémonie de vœux de début d'année.
Un caractère bien trempé qui se manifestait aussi lorsque Jean-Louis Banino était conseiller départemental du Gard dans l'opposition (le mandat qui l'a "le moins amusé", entre 2015 et 2021). "À titre humoristique, je me rappelle encore l'entendre bougonner à chaque fois qu'un certain élu prenait la parole en séance. C'était devenu une habitude", se remémore amusée, Pascale Bories, maire de Villeneuve-lez-Avignon, qui fut sa colistière sur le canton.
"C'est quelqu'un de très ouvert à la discussion et constructif"
Mais derrière "l'image stricte et caractérielle, c'est quelqu'un de très ouvert à la discussion et constructif", assure-t-elle. C'est aussi ce côté incisif qui plaisait à ses homologues : "J'ai toujours aimé sa droiture, c'est quelqu'un qui a du cœur. Et on est obligé d'en avoir quand on est élu", pointe Yvan Bourelly, maire de Saze, qui le côtoie depuis deux ans. Pas facile pour autant d'arracher un sourire à ce "reboussier", grand ami de Laurent Burgoa, qui lui avait remis il y a quelques mois la médaille du Sénat. Même sa femme, Thérèse, son épouse depuis plus de 50 ans, avait confié dans nos colonnes : "Il a un caractère très fort, c’est une grande gueule, mais il a souvent raison quand il se met en colère. Il tape du poing sur la table, il affirme son opinion."
Jean-Louis Banino, c'est aussi un élu qui maîtrise l'art du discours. Tout sauf prolixe, il ne parle jamais pour ne rien dire et recherche toujours la petite phrase qui fait mouche pour ne pas ennuyer l'auditoire. Anglois depuis toujours, il a exercé comme cadre dans le secteur bancaire. Pendant des années, Jean-Louis Banino a jonglé entre son métier et son engagement politique. Ce dernier a commencé le jour de ses 30 ans, le 13 mars 1983, comme conseiller municipal. Il passera adjoint en 1990 au côté du maire, Paul Mély, d'abord délégué aux Sports, à la Communication puis aux Finances et aux Personnels. En 2008, il sera élu maire : "Cela représente plus de la moitié de ma vie. Je ne garde que de bons souvenirs. J'ai travaillé qu'avec des équipes remarquables", atteste-t-il.
Parmi les projets qui l'ont marqué, il y a la création de la police municipale, de la salle Jules-Ferry ou la sortie de terre du nouveau quartier Céréalis qui devrait être totalement terminé d'ici un an. Prochainement, devrait être aménagé un espace vert en plein cœur des Angles, "avec un caniparc que ma chienne Mado sera la première à inaugurer", lance-t-il avec malice. Il a également lancé un projet de réhabilitation de l'ancienne mairie, située dans le vieux village, et le projet de tribune du rugby "a démarré et avance bien". Reste un point d'interrogation sur le projet immobilier de la Combe Chazet, toujours inscrit dans le PLU (plan local d'urbanisme) de la commune. Il reconnaît : "J'ai un peu stoppé ce projet car il y a eu beaucoup de contestation. J'aurais eu tendance à le régler par la force mais ce n'est pas la meilleure des choses." Avec seulement 10% de logements sociaux dans la commune (contre 25% requis par la loi SRU), la question devra vite se poser.
Paul Mély, futur successeur ?
Il en incombera à son successeur. Jean-Louis Banino a déjà sa petite idée. Il souhaite que ce soit Paul Mély, actuel deuxième adjoint et fils de l'ancien maire, qui reprenne le siège de premier magistrat des Angles. Il devrait être officiellement désigné ainsi que tous les autres adjoints lors du conseil municipal de la semaine prochaine. Paul Mély, arboriculteur et père de trois enfants, est élu depuis 2001 et occupe le poste d'adjoint au côté de Jean-Louis Banino depuis 2008. Il a beaucoup aimé œuvrer dans son équipe : "C'est quelqu'un qui n'a pas d'ambition politique, au sens où son seul objectif c'est que la commune vive mieux, dans un cadre plus agréable. Il n'est pas militant politique dans la gestion de sa ville. C'est oui ou c'est non", décrit-il. Il devrait également reprendre la vice-présidence au Grand Avignon. Jean-Louis Banino restera conseiller municipal pour des raisons administratives mais ne compte plus du tout s'investir et désire laisser le champ libre à son successeur.
Il faut attendre que la préfète reçoive la lettre de démission du futur ex-maire afin que celle-ci soit effective. C'est "soulagé et libre dans (sa) tête" mais avec l'estomac noué qu'il quitte le navire de la politique. Comme l'avait signifié la préfète du Gard, Marie-Françoise Lecaillon, "être maire aujourd’hui, c’est plus complexe qu’être préfet. Ce sont des sujets très concrets, des citoyens très exigeants donc il faut aimer nos maires. [...] Leur mission est un sacerdoce très important". Jean-Louis Banino est fier de l'évolution de la commune et n'a pas peur de dire "qu'il y a tout ce qu'il faut aux Angles. Pas besoin d'aller à Avignon." Ce qui n'empêchera pas l'ancien capitaine de prendre un peu de temps pour lui et pour ses proches et de voguer vers des coins de France qu'il n'a pas encore eu l'occasion de découvrir.
Marie Meunier