Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 06.02.2021 - thierry-allard - 4 min  - vu 3195 fois

FAIT DU SOIR Au cœur d’une étape de l’Étoile de Bessèges

Au coeur d'une étape de l'Étoile de Bessèges, avec les échappés (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Objectif Gard a eu le privilège de pouvoir embarquer dans une voiture de l’organisation, conduite par l’ancien champion cycliste Christian Seznec, lors de la quatrième étape de la 51e édition de l’Étoile de Bessèges ce samedi. Récit d’une étape vue de l’intérieur.

Cette étape, le Grand prix du Département du Gard et de la Communauté de communes du Pays d’Uzès, 154 kilomètres entre Rousson et Saint-Siffret, « c’est une étape pour sprinteur », affirme, catégorique, Christian Seznec. Et il sait de quoi il parle : ancien coureur professionnel, il a notamment remporté deux étapes et fini cinquième du Tour de France 1978. Des participations à l’Étoile de Bessèges, il en compte un bon paquet, et il fait office de chauffeur pour une des voitures « invités » de la course « depuis une dizaine d’années », précise-t-il.

Et il ne le fait qu’à l’Étoile, « parce que c’est une grande famille », dit-il, et aussi « pour revoir des copains », même si cette année les moments de convivialité sont moins présents, crise sanitaire oblige. Mais Christian Seznec a quand même quitté la région marseillaise où il réside pour les Cévennes le temps de cette 51e édition pour prendre le volant d’une des Mercedes prêtées par un concessionnaire local pour les invités de la course.

Christian Seznec, ancien coureur cycliste professionnel, notre chauffeur du jour (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

« J’ai accroché une voiture, c’était ça ou un coureur »

Votre serviteur a donc pris la « place du mort » pour un périple de plus de trois heures sur les routes des Cévennes et de l’Uzège, périple parfois tranquille, parfois mouvementé. Car le boulot d’un chauffeur de voiture « invités » n’est pas si facile. Sur le papier, rien de bien difficile : « on part un quart d’heure avant les coureurs, et s’il y a une échappée, on peut s’intercaler », résume notre chauffeur du jour. S’intercaler, pour voir les coureurs de près, cela va sans dire.

Sur le terrain, c’est parfois difficile : la radio grésille des informations sur le peloton et les éventuels échappés, et si l’écart entre les deux se réduit de trop, « il nous faut doubler tout le monde car si on se fait doubler par le peloton, on n’a pas le droit de repasser devant », précise Christian Seznec. Plus facile à dire qu’à faire : entre les autres voitures « invités », les voitures des officiels, celles des équipes, les motos des gendarmes et celles des journalistes sans compter évidemment les cyclistes, ce peut être sportif.

De nombreuses voitures et motos circulent sur les étapes (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

« Hier ça a été chaud, j’ai même accroché une voiture, c’était ça ou un coureur », rejoue le pilote, qui garde « toujours un oeil dans le rétroviseur car quand les gendarmes passent, ils passent plein pot. » Sur le bord des routes, le public tout de même bien présent salue le passage du cortège de voitures invités, cette caravane qui ne donne pas de cadeaux. Le rythme, d’abord tranquille — 40 à 60 km/h pour les voitures — s’accélère d’un coup lorsqu’une échappée se forme une petite demi-heure après le départ.

Des anciens coureurs au volant « pour anticiper les trajectoires »

« Le peloton roule à allure réduite », lance la radio vers Fons-sur-Lussan. « C’est bon signe, ça veut dire qu’ils laissent partir des échappés », réagit l’ancien cycliste. Après Lussan, trois coureurs se sont effectivement échappés, dont l’Italien Ganna. « S’ils le laissent partir, il ira au bout », pronostique Christian Seznec.

Au volant, il lui faudra parfois jouer des coudes et du coup de volant : car les coureurs échappés, devant la voiture « invités », ne traînent pas dans les pentes, y compris au coeur des villages, et les conducteurs n’ont pas le droit à l’erreur. Le moment le plus critique est lorsque le peloton se rapproche des échappés à moins d’une minute. Dans ce cas, les voitures « invités » doivent doubler les échappés et se positionner à l’avant de la course.

Pour y parvenir, encore faut-il se frayer un chemin dans la kyrielle d’autres véhicules qui gravitent autour des vélos, et prendre le risque de doubler des coureurs concentrés sur leur course. « Quand tu es coureur, tu ne fais pas gaffe aux voitures, sauf à mon époque dans les montées de cols parce qu’elles t’enfumaient », rembobine Christian Seznec, qui a mis un terme à sa carrière professionnelle en 1984.

De la voiture "invités", on voit les coureurs de (très) près (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Reste que ce Breton d’origine, « vacciné avec un rayon de vélo », comme il dit, est encore coureur dans l’âme. C’est d’ailleurs bien pour ça que ces voitures sont confiées à des anciens coureurs (citons notamment l’ancien Champion du Monde Luc Leblanc, lui aussi chauffeur de luxe sur l’épreuve) : « parce qu’on anticipe les trajectoires (des coureurs, ndlr) quand on double. » Ça vaut mieux, sinon c’est la catastrophe assurée.

Sur l’étape du jour, Christian Seznec a réussi deux dépassements bien techniques, entre les voitures, les coureurs de l’échappée, les platanes et le public, où son expérience a parlé. Son expérience parlera aussi avec son pronostic : Filippo Ganna (Ineos Grenadiers) l’emportera finalement à Saint-Siffret. Et si vous voulez mettre un billet sur l’Italien pour le contre-la-montre d’Alès demain, sachez que Christian Seznec le donne aussi gagnant.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

Thierry Allard

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