FAIT DU SOIR Hommes et députés, ils parlent de parité
Ce vendredi 29 octobre, Objectif Gard, Le Magazine(*) consacrera un dossier sur dix femmes de pouvoir dans le Gard. Sans lois sur la parité, elles n'auraient sûrement jamais émergé dans le paysage politique. À cette occasion, deux députés ont accepté de livrer leur regard sur la parité. Interview croisée entre le député Rassemblement national de la 2e circonscription du Gard, Nicolas Meizonnet, et le député En Marche de la 3e circonscription, Anthony Cellier.
Objectif Gard : En France et dans le Gard, les femmes occupent-elles selon vous suffisamment de postes à responsabilités ?
Nicolas Meizonnet : Factuellement, la France dénombre plus d’hommes que de femmes aux responsabilités, et notre département ne fait pas exception. En revanche, il est à noter que les postes les plus importants, la présidence de Région, la présidence du Département, sont occupés par des femmes. Nous avons même aujourd’hui une préfète à la tête du département. Il n’y a, selon moi, pas lieu de le déplorer, ni de s’en réjouir. Le seul critère qui doit rentrer en compte, c’est celui de la compétence. Oui à la méritocratie, non à la discrimination positive.
Anthony Cellier : Les femmes atteignent beaucoup plus difficilement que les hommes les postes plus élevés. Ce combat de l’égalité femme-homme est un combat du quotidien. Le renouvellement de la classe politique en 2017 a apporté davantage d’égalité : nous comptons près de 40% de femmes à l’Assemblée nationale contre 25% sous le mandat précédent. La politique ne se résume pas à l’Assemblée nationale, mais je suis convaincu que les choses évoluent dans le bon sens. Localement, je tiens toutefois à saluer la présence à la direction du Commissariat à l’énergie atomique de Marcoule de Catherine Fillet et de Sylvaine Cazal à la direction territoriale du Gard d’ENEDIS.
Avec du recul, comment jugez-vous les différentes lois sur la parité ?
Nicolas Meizonnet : Soyons honnêtes, les différentes lois sur la parité ont sans doute permis à certaines femmes d’émerger et d’évoluer dans un milieu où les hommes occupaient très majoritairement le devant de la scène. Mais cette obsession égalitariste a aussi eu pour conséquence de mettre au ban des personnes (femmes ou hommes) qui avaient les qualités nécessaires sous prétexte qu’elles n’avaient pas le bon sexe, au profit parfois de personnes moins capées et moins capables. C’est absurde !
Anthony Cellier : Les lois sur la parité ont permis d’améliorer la place des femmes en politique, sans toutefois apporter une réponse pleinement satisfaisante. Quand je vois que certains partis politiques préfèrent payer des millions d’euros pour ne pas respecter la parité femmes-hommes… Concernant le privé, depuis 2020, les entreprises de plus de 50 salariés doivent calculer leur index de l’égalité professionnelle. Il évalue les entreprises sur des critères comme l’écart de rémunération femmes-hommes ou la parité parmi les dix plus hautes rémunérations. En fonction du résultat, les sociétés les moins vertueuses seront sanctionnées financièrement. Mais la loi ne peut pas tout. C’est aussi à notre société d’évoluer, cela passe par l’éducation, le combat du sexisme au quotidien, l’évolution des codes publicitaires ou encore le sport…
Les femmes et les hommes ont-ils la même façon d’exercer le pouvoir ?
Anthony Cellier : Je crois qu’il n’y a pas de différence dans l’exercice du pouvoir entre les hommes et les femmes, le pouvoir n’est pas genré. Il y a par contre encore trop d’obstacles pour accéder aux postes et places de pouvoir. Pour défendre la place des femmes dans la société, nous devons nous éloigner des stéréotypes et arrêter de penser qu’il y a des différences dans la pratique de tel ou tel métier ou exercice entre les femmes et les hommes, le pouvoir ne fait pas exception.
Nicolas Meizonnet : C’est une question compliquée… Faut-il parler d’hommes, de femmes, ou bien de spécificités qui relèveraient du masculin et du féminin ? Il me semble qu’il n’y a pas de généralité à faire dans ce domaine. C’est propre à chaque individu. On a connu dans l’histoire des femmes extrêmement viriles dans leur façon d’exercer le pouvoir, et des hommes guidés par l’empathie, l’émotion. On pourrait en débattre des heures… Mais on devrait s’accorder sur le fait que c’est la personnalité de chacun qui détermine sa façon d’exercer le pouvoir.
Si des femmes arrivent à se faire élire députées, sénatrices au conseillères départementales, c’est plus difficile pour elles de devenir maire ou présidente de communautés de communes. Comme l’expliquez-vous ?
Nicolas Meizonnet : Il y a peut-être moins de femmes qui ont de l’intérêt pour la politique et qui nourrissent des ambitions de candidature. Il y a peut-être encore des réticences en France à voter pour une femme. Ce n’est pas mon cas. J’observe que certaines femmes parviennent à se faire élire, pas d’autres. Pourquoi ? Je ne sais pas…
Anthony Cellier : Je ne pense pas que cela signifie que les femmes ne sont pas engagées en politique, au contraire. J’y vois deux explications : une dans le fonctionnement de certains partis politiques notamment lors de la phase d’investiture des candidats. L’autre, dans le fonctionnement même de notre société. Être élu nécessite une grande disponibilité. La charge sociétale que nous infligeons aux femmes, comme s’occuper du foyer, de ses enfants, les empêche indirectement de prétendre à de tels postes. Là, encore il ne s’agit ni de loi ni de qualité, mais bien d’un héritage dont il faut se défaire.
Quelle nouvelles avancées législatives pensez-vous proposer ?
Nicolas Meizonnet : Franchement, vous ne pensez pas que les députés ont des questions plus urgentes et essentielles à régler ? Pouvoir d’achat, insécurité, immigration, c’est sur ces sujets que je proposerai des avancées législatives !
Anthony Cellier : Il y a environ 25 000 communes de moins de 1 000 habitants en France. Or, les listes électorales paritaires ne sont imposées aux élections municipales que dans les villes de plus de 1000 habitants. Il pourrait ainsi être intéressant de réfléchir à généraliser le scrutin de liste paritaire dans les communes de moins de 1 000 habitants sans omettre les difficultés pratiques à trouver dans certains cas des candidats pour se présenter…
Une femme présidente de la République, est-ce un jour possible ?
Anthony Cellier : Evidement ! C’est aux urnes de le dire mais on ne choisit la représentante ou le représentant de l’État en fonction de son sexe, mais bien en fonction de son programme et de sa capacité à gouverner. La vie politique ne se résume pas à l’élection présidentielle. Lorsque j’interviens en milieu scolaire, j’invite l’ensemble des filles à défendre leurs avis que ce soit lors des élections de délégués de classe ou bien au conseil municipal des jeunes. Il en va de la vitalité de nos démocraties et de notre avenir, car comme chacun le sait, c’est bien la Femme, l’avenir de l’Homme.
Nicolas Meizonnet : Bien sûr ! Je pense même que cela sera le cas en 2022 car je crois que Marine le Pen sera élue présidente de la République. Non pas parce que c’est une femme, mais parce qu’elle a les qualités requises, la détermination, l’envergure et par-dessus tout les solutions dont les Français ont besoin !
Propos recueillis par Coralie Mollaret
*"Objectif Gard le magazine" est en vente dans les kiosques un vendredi sur deux à 0,90€.