Publié il y a 2 mois - Mise à jour le 23.08.2024 - Louis Valat - 6 min  - vu 733 fois

FAIT DU SOIR L'ancienne ministre du Logement Emmanuelle Cosse en visite à Saint-Hilaire-de-Brethmas

Attentive aux problèmes de logements sociaux de la commune, Emmanuelle Cosse a offert ses conseils précieux.

- Louis Valat

Sur invitation de l'édile de la commune, Jean-Michel Perret, l'actuelle présidente de l'Union sociale pour l'habitat et ancienne secrétaire nationale d'Europe Écologie les Verts (EELV) s'est rendue en mairie pour une discussion de plus de deux heures sur un état des lieux de Saint-Hilaire-de-Brethmas concernant le logement social et sur son ambitieux projet d'écoquartier.

Au menu, le logement social. Après avoir accueilli la désormais eurodéputée - à l'époque en campagne - Chloé Ridel en mai dernier, Jean-Michel Perret, connu pour son goût des discussions avec les personnalités politiques expérimentées et les experts de dossiers qui pourraient améliorer sa commune, a en effet décidé d'inviter Emmanuelle Cosse, qu'il connaît personnellement depuis peu. Ancienne ministre du Logement et de l'Habitat au cours du mandat présidentiel de François Hollande mais aussi présidente de l'Union sociale pour l'habitat depuis quatre années, entre autres, Emmanuelle Cosse a été sollicitée pour apporter son éclairage sur la situation actuelle de Saint-Hilaire-de-Brethmas. Commune gardoise proche d'Alès qui, pour rappel, et ce malgré les efforts du maire, qui affirme agir de bonne foi, continue de figurer parmi les vingt-quatre communes du département déficitaires en termes de logements sociaux.

Emmanuelle Cosse est élevée au rang de chevalier de l'ordre national de la Légion d'honneur en reconnaissance de ses « 21 années de services en tant que conseillère régionale d'Île-de-France et ancienne ministre ». • Louis Valat

Une rencontre entre deux ultra-passionnés du Logement avec un grand L, à laquelle s'ajoutait Evelyne Richard, deuxième adjointe du maire déléguée au CCAS, aux anciens combattants et aux seniors, également désireuse d'améliorer les conditions de vie, notamment des seniors. Ceux-ci sont de plus en plus nombreux à demander des logements sociaux. La réunion comptait aussi la participation de deux personnes de SPL30, société publique locale de Territoire 30, une société d'aménagement et d'équipement du Gard : Célia Printemps, chargée d'études et de développement, et Thierry Sabadel, responsable développement - foncière et revitalisation urbaine. Cette discussion aurait pu durer toute la journée dans la salle de réunion de l'hôtel de ville, si l'édile n'avait pas réservé une table pour la pause déjeuner. Enrichissant néanmoins.

Emmanuelle Cosse, à la découverte de Saint-Hilaire-de-Brethmas

Pour mieux faire comprendre la situation actuelle, Jean-Michel Perret se hâte de présenter sa commune à la conseillère régionale d'Île-de-France. Il énumère les distinctions récentes reçues par Saint-Hilaire-de-Brethmas. La commune a été récemment sélectionnée comme "démonstrateur de la ville durable" dans le cadre du programme France 2030, soutenu par la Banque des Territoires. Cela signifie qu'elle est considérée comme un modèle pour promouvoir des villes durables en France. Saint-Hilaire-de-Brethmas a également obtenu plusieurs autres reconnaissances : "Territoire engagé pour la nature" par ARB Occitanie, "Petite Ville de demain" pour une étude sur la rénovation urbaine attribuée par le ministère des Collectivités territoriales, "Bien vieillir" par le ministère des Personnes âgées, ainsi que "Avélo 3" et "Bourg centre Occitanie" par la Région. De plus, la commune fait partie des huit territoires de la Région retenus dans le cadre de l'AMI "New European Bauhaus" de la Commission européenne, pour un accompagnement à la transition urbaine, sociologique et climatique, sous la direction de la Fabrique des Transitions. En bref, un tableau qui ne peut que plaire à l'ancienne secrétaire nationale d'Europe Écologie les Verts (EELV), aujourd'hui pleinement engagée dans son rôle de présidente de l'Union sociale pour l'habitat, qui se définit comme étant une union nationale des fédérations d’organismes HLM.

Attentive aux problèmes de logements sociaux de la commune, Emmanuelle Cosse a offert ses conseils précieux. • Louis Valat

« C'est mon rêve de créer de la mixité sociale dans des bâtiments verticaux. Mais je me retrouve toujours face à des problèmes de copropriété », explique l'édile. Jean-Michel Perret décrit les efforts entrepris avec d'autres élus des communes gardoises qui manquent de logements sociaux. À Saint-Hilaire-de-Brethmas, il y a encore un retard de 287 logements sociaux, un chiffre jugé « énorme » à l’échelle de la commune par Emmanuelle Cosse, mais qui peut être amélioré. Le maire attribue ce retard à des hectares non attribués par la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ainsi qu'à des préfets qui, selon lui, ne faisaient pas le nécessaire. Aujourd'hui, la situation s'améliore, avec la satisfaction du directeur de la DDTM et du préfet Jérôme Bonet, avec qui il semble collaborer efficacement. « Entre plusieurs élus du territoire, nous avons pris en main le problème, même avec ceux avec qui je ne partage pas les opinions politiques et qui pourraient ne pas se soucier des logements sociaux. Nous avançons ainsi de manière inédite en France », ajoute-t-il. Il y a quelques mois, il avait expliqué dans nos colonnes : « Avec le maire de Générac, Frédéric Touzellier, nous avons constaté les mêmes difficultés avec la loi SRU. Nous sommes sous tutelle depuis 2015, toutes les communes en carence de logements sociaux sont dans cette situation. » (relire l'entretien ici)

« Quelles idées pour le Logement ? »

Pour mieux comprendre et conseiller ses interlocuteurs, tout en s’intéressant à la situation de la commune gardoise, Emmanuelle Cosse demande à la municipalité quelles sont leurs idées pour résoudre le problème de carence en logements sociaux. Evelyne Richard, deuxième adjointe au maire, répond : « En ce qui concerne les types de logements sociaux, nous avons toutes les catégories. À Saint-Hilaire-de-Brethmas, comme au niveau national, 75 % des familles sont éligibles au logement social. Nous constatons une forte augmentation des familles monoparentales depuis notre arrivée en 2014. Ces familles ont de très petits budgets, ce qui rend difficile la construction de nouvelles maisons en raison du coût élevé du foncier ici. De plus, nous avons un nombre croissant de seniors. Notre commune, anciennement très agricole, a vu des personnes s’y installer à 35 ans avec leurs enfants, construire des maisons, et maintenant que les enfants sont partis, ces personnes se retrouvent parfois seules avec de grandes maisons et des terrains, ce qui devient difficile à gérer financièrement et physiquement. »

Jean-Michel Perret et Emmanuelle Cosse, ce matin à Saint-Hilaire-de-Brethmas. • Louis Valat

Se discute ensuite des différents modèles de logements sociaux. « Il existe plusieurs modèles de villages inclusifs, comme ceux qu'on trouve dans les Landes, conçus pour les personnes atteintes d'Alzheimer. L'idée est de créer un quartier où les gens ont leur propre appartement, mais où l'aménagement est tel qu'ils ne peuvent pas se perdre. Il y a aussi des types d'habitat inclusif ou des “béguinages”, comme ceux du nord, qui sont des petites maisons où les seniors peuvent vivre ensemble. Cependant, la qualité de l'animation est essentielle. Enfin, il y a les résidences autonomie, que je connais bien. »​​​​​ Décor posé, solutions conseillées, place désormais au projet fétiche du maire, celui de l'écoquartier. Pour ce faire, Célia Printemps et Thierry Sabadel entrent en scène puisqu'ils travaillent étroitement avec la commune pour l'élaboration de ce projet.

Le projet d'écoquartier « La Diane »

Il était la « star » de cette réunion. Le projet d’écoquartier de Saint-Hilaire-de-Brethmas, lancé le 25 mai 2021 par un Appel à manifestation d'intérêt (AMI) et qui prévoit - pour 2026 en principe - la création d’un lotissement de trente logements (trente-trois, dont un déjà existant) sur un terrain de 9 000 m² près du hameau de la Jasse-de-Bernard. Cet écoquartier « innovant pour un territoire péri-urbain » comme l'indique Célia Printemps, inclura des "habitats participatifs", où les futurs propriétaires seront impliqués dans la construction et la gestion des logements, promouvant ainsi un mode de vie communautaire et durable.

Célia Printemps, chargée d'études et de développement à Territoire 30, entité générique regroupant notamment la SPL30, montre le projet du nouvel écoquartier à Emmanuelle Cosse. • Louis Valat

Les habitations seront conçues avec des matériaux locaux du Gard, comme le bois des Cévennes et la terre crue, ainsi que des isolants tels que la paille de riz et la sagne de Camargue. Ce projet vise à démontrer qu'il est possible d’allier modernité et respect de l’environnement en utilisant des ressources locales, la résiliance aussi par l'adaptation des villes, l'inclusion sociale, la productivité urbaine... Bien que certains matériaux comme la tuyauterie et le verre devront être importés, le projet espère poser les bases pour des constructions similaires ailleurs et soutient la formation en techniques de construction géosourcées à travers une collaboration avec le CFA du BTP du Gard. Emmanuelle Cosse soutient fortement ce projet d'écoquartier. « Pour encourager les gens à déménager, il faut leur offrir des options attrayantes et de qualité, qui ne nécessitent pas de partir loin. En Moselle, par exemple, j’ai constaté que les gens quittent des maisons avec jardin pour des appartements. En réalité, ces dames ne voulaient juste pas quitter le quartier. Puis, elles sont restées ensemble. »

Emmanuelle Cosse et, en arrière-plan, Evelyne Richard. • Louis Valat

Le dossier d'engagement de réalisation sera soumis à la fin septembre, et un comité d'engagement se tiendra en novembre. L'objectif sera ensuite de déterminer rapidement le montant des subventions disponibles pour le projet. Une fois le budget sécurisé, la phase de réalisation pour l'aménagement pourra commencer. Selon Thierry Sabadel : « Il y a des subventions significatives par rapport au nombre de logements, mais l'ambition est si grande que nous n'avons pas d'économie d'échelle. » Ce qui semble très intéressant pour Emmanuelle Cosse est que cet appel à manifestation d'intérêt pourrait servir de modèle réplicable pour d’autres projets similaires. Actuellement, d'après le maire, un promoteur immobilier gardois serait intéressé par le projet. C'est avec ce même promoteur qu'il avait réalisé le premier lotissement entièrement mixte en logements sociaux à Saint-Hilaire-de-Brethmas.

Louis Valat

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