FAIT DU SOIR L'atypique carrière de Xavier Mercier, le footballeur gardois qui affole la première division belge
Né à Alès, formé à Nîmes et Montpellier, Xavier Mercier ne s'est pas fait un nom dans le monde du football français, mais plutôt du côté de la Belgique. Le numéro 10 et capitaine de l'OH Louvain (D1 belge) a trouvé la stabilité dans le plat pays, enchaînant les performances, comme celle d'avoir été le meilleur passeur français la saison dernière, en plus d'être cette saison, le meilleur passeur actuel de son championnat (*). À 32 ans, il dresse un bilan de son atypique carrière, pas encore terminée.
Vous êtes né à Alès, mais vous avez été formé au Nîmes Olympique (NO)...
Oui, à partir de mes 10 ans jusqu'à 14 ans j’ai été formé au Nîmes Olympique. En fait, je jouais d'abord à Saint-Privat-des-Vieux et on a été invité à un tournoi à Vézénobres. On se retrouve en finale contre le Nîmes Olympique et on gagne 1-0. Je marque un but, un beau but. Et à partir de là les dirigeants du Nîmes Olympique m’ont demandé de venir faire un test chez eux. Ça a commencé comme ça.
Vous souvenez-vous de vos entraîneurs et des personnes qui vous ont encadré à Nîmes ?
C'est difficile de sortir des noms aujourd’hui (rires). Je crois qu’il y avait monsieur Maurin, et aussi monsieur Delprat parce qu’il était aussi notre entraîneur pour les entraînements qu’on avait au collège. Je me souviens aussi avoir joué avec Pablo Martinez, qui aujourd’hui est professionnel au NO, pendant quatre ans il me semble.
En 2004, il y a ce départ à Montpellier, comment ça s’est passé ?
Juste avant de signer à Nîmes Olympique, ça avait déjà failli se faire avec Montpellier. L’éducateur qui s’occupait de moi à l’époque (ndlr, Monsieur Durand) a voulu me récupérer mais j’avais déjà donné mon accord au Nîmes Olympique, donc je suis allé là-bas. Il m’a suivi pendant tout ce temps, et à mes 14 ans, le MHSC m’a proposé un contrat pour rejoindre son centre de formation. C’était un plus gros centre de formation pour moi.
CONTRÔLE | Appréciez la technique de Xavier Mercier avant sa passe décisive pour Sory Kaba. 🤤👟 #CHAOHL pic.twitter.com/84UjCUucsy — Eleven Sports (FR) (@ElevenSportsBEf) December 28, 2021
Pourquoi n’avez-vous pas pu signer professionnel à Montpellier ?
À cette époque, je n’avais pas forcément le niveau pour jouer en professionnel. Il y avait aussi la génération derrière moi, celle des Belhanda, Cabella, Stambouli (…) qui poussait, et a pris ma place en CFA. J’avais très peu de temps de jeu en réserve. Naturellement, le club ne m’a pas proposé de contrat...
Quand on a fait le centre de formation de Nîmes et celui de Montpellier, on doit se dire qu'on a encore une chance de percer ?
C’était compliqué pour moi à ce moment-là parce que j’avais forcément l’envie de jouer au football, en tout cas au haut-niveau. Et je sentais que je n’avais pas le niveau non plus, donc c’était quelque chose de compliqué à gérer. Même des clubs aux alentours, plus petits, ne voulaient pas de moi non plus. Ça aussi ça a été difficile à accepter. Ensuite j’avais juste envie de m’amuser avec une bande de potes et de voir ce que ça allait donner, c’est pour ça que je suis parti dans le Nord (à Lesquin) rejoindre ma copine de l’époque, ma femme aujourd’hui.
"À Boulogne, en National, on ne gagnait pas beaucoup d’argent, les trajets étaient longs"
Après une saison à Lesquin et 6 buts en 12 matches, vous signez à Guingamp. C'est le début d'un renouveau ?
On m’a proposé de signer un contrat en amateur à Guingamp et de commencer à jouer avec l’équipe réserve. Au cours de la saison je suis monté avec l'équipe professionnelle et j’ai pu faire quelques matches avec eux. À la fin de l’année, ils m’ont proposé de signer un an professionnel en Ligue 2. À ce moment-là c’était une fierté, surtout qu’au début j’avais peu joué avec eux, mais je me suis replacé dans le monde du football on va dire.
Et puis en 2016, les sirènes du championnat belge vous appelle. Comment avez-vous saisi l'opportunité ?
À ce moment là, j'étais à Boulogne, en National. On ne gagnait pas beaucoup d’argent, les trajets étaient longs, j’avais déjà ma femme... Je me suis dit que si ça ne marchait pas, j’allais faire autre chose. Du coup je me suis donné à fond pour montrer ce que je valais. Finalement le club de Courtrai est venu avec une belle proposition, alors je suis parti là-bas, un peu dans l’inconnu parce que je ne savais rien, ni de la Belgique, ni de ce club. C’était le début d’une belle histoire.
En signant à Bruges l'année suivante, vous étiez un joueur confirmé parmi les jeunes pousses que Monaco prêtait (le Cercle Bruges est le club satellite de Monaco, ndlr). Vous aviez donc un peu le rôle de grand frère ?
Il y avait beaucoup de joueurs envoyés par Monaco, 10 ou 12, mais ils ne jouaient pas tous. Nous, on avait un groupe de joueurs un peu plus anciens, de Français et francophones pour les encadrer donc forcément j’ai eu ce rôle-là et ça m’a d'ailleurs beaucoup plu. Aujourd’hui, ils n’ont pas tous réussi, mais il y en a deux ou trois qui sont sortis du lot. Ça fait plaisir de les voir à ce niveau-là.
C’est peut-être une deuxième jeunesse en quelque sorte ?
Oui, on va dire qu’en Belgique on m’a fait et on me fait confiance. En France, on n’a pas cru en moi certainement. À Courtrai ça s’est un peu mal fini mais ça c’est une autre histoire. À Bruges et à Louvain, on me donne les clés du jeu, je fais partie des leaders. Je suis dans un confort et pour moi tout ça c’est primordial.
C’est plus facile de faire confiance à un jeune en Belgique qu’en France ?
Ce n'est pas une question d’âge ou autre, mais je pense qu’en France on met trop les gens dans une case et c’est difficile de faire sa place quand on vient du monde amateur. Une fois qu’on n'a pas percé dans un centre de formation c’est compliqué et ici, en Belgique, on laisse sa chance à tout le monde. En Belgique, il y a énormément de Français qui sont venus mais qui ont aussi réussi en France… Donc je ne sais pas si c’est un état d’esprit, si le jeu correspond.
"Mon histoire elle est atypique mais elle est belle, j’en suis fier"
Est-ce qu’à 32 ans, vous avez des regrets dans votre carrière ?
Il ne faut pas avoir de regrets. Mon histoire est atypique mais elle est belle. J’en suis fier. Après, bien sûr que je n’en ai pas fini avec le foot. J’aimerais bien jouer une coupe d’Europe, notamment avec Louvain ce serait top. J’ai déjà eu des trophées collectifs, des trophées individuels, maintenant j’aimerais jouer une coupe d’Europe.
Il me semble que Louvain a une filiale avec le club de Leicester City en Premier League, pourquoi ne pas remplacer James Maddison (milieu international anglais, ndlr) un jour ? (rires)
Non, là il ne faut pas rêver non plus (sourire), le niveau est un peu trop haut. On va pas trop penser à ça.
Est-ce que vous avez encore un oeil sur le football français ?
Pas tellement pour être honnête. Je regarde de moins en moins. Je regarde plutôt les matches du championnat belge parce que j’y prends plus de plaisir. En Ligue 1, je regarde plus les résultats que les matches. Après, je regarde la Ligue des Champions bien sûr. Je suis aussi les résultats de Nîmes et d’Alès.
Y a-t-il un joueur qui vous a vraiment impressionné avec qui ou contre qui vous avez joué ?
À Guingamp, oui : Giannelli Imbula qui a joué à Marseille après. Jeune, il était vraiment très, très fort. Après il n’a pas eu la carrière qui a suivi mais il avait vraiment de très grosses qualités.
Est-ce que vous avez un conseil à donner aux jeunes footballeurs ?
Si je peux donner un conseil aux jeunes c’est de se faire plaisir, jouer avec le sourire et ne pas se prendre la tête. Jouer avec son instinct et ses qualités, gommer ses défauts et si ça doit venir, ça viendra. Il ne faut pas se prendre la tête et vouloir absolument devenir professionnel.
Propos recueillis par Sacha Virga
* À l'heure où l'article a été rédigé, Xavier Mercier est le meilleur passeur de D1 belge avec 11 unités.