FAIT DU SOIR Législatives : sur la 3e circonscription, Anthony Cellier, tout le monde veut prendre sa place
Tous les soirs de cette dernière semaine avant le premier tour des élections législatives, Objectif Gard vous propose une analyse circonscription par circonscription. Ce soir, place à la troisième circonscription, où le sortant Anthony Cellier (LREM - Renaissance) brigue un second mandat.
Si toutes les circonscriptions sont variées, la 3e, qui part du nord de Bagnols à Aramon, en passant par Vers-Pont-du-Gard, l’est particulièrement. À la fois industriel, avec les zones de Marcoule, de l’Ardoise, d’Aramon, viticole, touristique, ce territoire est maillé de petites et moyennes villes comme Bagnols, Villeneuve, Remoulins et Aramon. C’est sur cette circonscription qu’Anthony Cellier, quasi inconnu à l’époque, avait réussi à surfer sur la vague marconiste en 2017 pour l’emporter largement. Il avait même réussi à sortir en tête au premier tour. Cinq ans plus tard, où en est-on ?
Anthony Cellier, un énergique sortant
À 47 ans tout juste, il les a eus mercredi dernier, Anthony Cellier affiche une prudente sérénité. Il faut dire que les résultats de la présidentielle n’ont pas de quoi l’inciter à l’optimisme béat : sur sa circonscription, le RN a fait carton plein, avec 29,8 % dès le premier tour, devant Emmanuel Macron et ses 23,4 %, et au second tour itou, avec une Marine Le Pen à 52,2 %. Reste à voir si la tendance se confirmera aux législatives pour un député qui s’est affiché comme un « bosseur ». Enfourchant une thématique de l’énergie porteuse sur une circonscription nucléarisée, le Gardois a réussi à prendre la présidence du Conseil supérieur de l’énergie, à faire venir les huiles du nucléaire français sur sa circonscription, pour finir par rédiger le programme énergétique du président-candidat Macron. Bien vu à Paris, il a contribué à obtenir des dispositifs pour son territoire, comme le Contrat de transition écologique. Son nom a même été murmuré pour intégrer le Gouvernement.
Bref, ce quasi quidam en 2017 a fait son trou, et veut croire en sa bonne étoile. Il peut compter sur le soutien de ses amis à Bagnols, véritable nid de Marcheurs, et sur une noria d’élus. Sur les 50 maires de la circonscription, il se dit qu’il en a une trentaine avec lui. Et, là où il ne fait pas le plein chez les élus, c’est dans la population : en 2017, les cossues Villeneuve et les Angles avaient largement voté pour lui. Son défi sera, cette fois ci, de faire voter sur son nom et pas sur celui d’Emmanuel Macron, visiblement pas très vendeur sur cette circonscription. Ce n'est probablement pas pour rien que le candidat a choisi de ne pas faire figurer le visage du Président sur ses affiches…
Le RN, toujours placé, jamais gagnant ?
Comme d’habitude, la 3e circonscription est dans le viseur du Rassemblement national, qui y fait des gros scores. Mais à regarder de plus près les derniers scrutins, il reste toujours placé, mais jamais gagnant. La faute à Villeneuve et aux Angles, notamment, où on vote souvent plus que la moyenne, et moins que la moyenne gardoise pour le RN. La faute aussi à un manque d’enracinement : le RN a très peu d’élus sur cette circonscription, où il ne tient aucune commune, et où ses élus ont tendance à claquer la porte, à l’image de la Bagnolaise Corine Martin récemment.
Alors le parti d’extrême-Droite s’est choisi l’avocate bagnolaise Pascale Bordes pour partir au combat cette fois-ci. Bien implantée à Bagnols, elle va devoir se faire connaître sur l’ensemble de la circonscription. Elle bénéficie toutefois d’un avantage : Marine Le Pen, pour laquelle la circonscription a voté en majorité à la présidentielle. Pour espérer l’emporter, elle devra nationaliser le scrutin et capitaliser sur le rejet d’Emmanuel Macron, et le faire ricocher sur Anthony Cellier.
La Gauche unie reprend espoir
Ils voulaient la quatrième, ils auront eu la troisième : les communistes emmènent l’union de la gauche (Nupes) sur cette circonscription qu’ils n’avaient initialement pas ciblée. Une manière pour les Insoumis de blackbouler l’encombrante Geneviève Sabathé, candidate en 2017, mais aussi de se donner des chances de gagner sur une circonscription où les antinucléaires ne sont pas légion. Il est opportun de rappeler que les programmes de la France insoumise et d’Europe écologie les Verts étaient hostiles au nucléaire…
Pour porter leur candidature, le PCF avait initialement choisi Elian Cellier, enseignant bagnolais, militant de longue date. Mais la parité est passée par là, et c’est Sabine Oromi, elle aussi enseignante, qui part en tête, avec Elian Cellier en suppléant. Le binôme peut compter sur le soutien de presque toute la gauche, le PRG, pas emballé par cette union-là, ayant décidé de présenter la Villeneuvoise Monique Novaretti. Les candidats de la Nupes ne ménagent pas leurs efforts, et peuvent compter sur une base militante solide et dévouée. Ce ne sera pas de trop pour espérer être au second tour, et l’emporter, sur une circonscription qui a placé Jean-Luc Mélenchon en troisième position au premier tour de la présidentielle, avec 17,7 %.
La Droite en embuscade
Sur cette circonscription qu’elle a détenu pendant dix ans, de 2002 à 2012, avec l’ancien maire de Villeneuve Jean-Marc Roubaud, la Droite veut croire en ses chances. Pour refaire le coup, Les Républicains ont investi la Villeneuvoise Blandine Arnaud, tout juste 40 ans, élue municipale. Communicante dans le civil, elle a décidé de partir très tôt en campagne et de jouer sur le décalage, en préférant organiser des fêtes familiales plutôt que des placides meetings, et distribuer des cartes postales à la place des tracts plan-plan.
Cela suffira-t-il pour espérer quelque chose ? En tout cas, il lui faudra compter sur l’électorat du canton de Villeneuve, historiquement favorable à la Droite. Sauf en 2017, lorsque ce même électorat avait plébiscité Anthony Cellier. Compte tenu de la dynamique à Droite, on peut penser que ce n’est pas gagné. D’autres, qui préfèrent voir dans le score de Valérie Pécresse un accident, croient au rebond. On verra.
Thierry ALLARD
thierry.allard@objectifgard.com
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Parmi les autres candidats, citons le maire de Saint-Bonnet-du-Gard Jean-Marie Moulin, ex-RN, qui part pour Reconquête sur une circonscription où Eric Zemmour a surperformé avec 10 % des voix à la présidentielle, Monique Novaretti pour le Parti radical de gauche, ou encore Christophe Prévost pour le parti de Jean Lassalle Résistons. Sont aussi candidats Joëlle Scaramozzino (L’écologie au centre), Catherine Michon (Parti animaliste), Anne Guichard (Évolution citoyenne) et Jean Egea (Lutte ouvrière).
Les articles sur la 3e circonscription sont ici, le débat en vidéo organisé par Objectif Gard là.