FAIT DU SOIR Marc Rebés : des stades amateurs aux stars mondiales du football
On peut avoir disputé 24 matches européens en club, affronter les plus grandes stars internationales du football avec sa sélection et peiner à s'imposer en National 3, la cinquième division française. Arrivé au Stade Beaucairois à l'intersaison, le milieu de terrain de l'équipe nationale d'Andorre, Marc Rebés, raconte son parcours hors du commun.
Passer des modestes stades Philibert-Schneider, du Bourgidou ou Pierre-Pibarot aux pelouses de Wembley et du Stade de France : tel est le drôle de destin de Marc Rebés. Né il y a 27 ans en Andorre - une principauté montagneuse de 80 000 âmes située entre les frontières française et espagnole, où le ski est le sport le plus pratiqué - le jeune homme a découvert le football, à l'école, dans la cour de récréation. "Depuis petit, j'ai toujours regardé jouer l'équipe nationale et je l'ai toujours vu perdre, se souvient-il. Pour autant, elle restait pour moi le but suprême à atteindre. Le football, c'est toute ma vie."
Déterminé, Marc Rebés se donne les moyens de ses ambitions. International dès les sélections de jeunes, il dispute son premier match avec l'équipe première à l'âge de 20 ans. Modeste et moribonde, cette dernière enchaîne les revers. Jusqu'à un soir de juin 2017, dans le cadre des éliminatoires de l'Euro 2018. Face à une formation hongroise bien plus huppée, Rebés récupère un ballon au milieu du terrain et poursuit son action. Au bout, il ouvre le score d'une superbe tête lobée sur un centre au second poteau. Andorre tient bon jusqu'au bout et signe-là son premier succès en match officiel depuis plus de 13 ans.
"C'était un miracle et le plus beau jour de ma vie, raconte Marc Rebés, encore ému. Certains ont pleuré dans le vestiaire. C'était un grand moment." Depuis, le milieu de terrain a inscrit deux autres buts avec sa sélection et remporté avec une équipe d'Andorre en progrès quatre autres matches contre les modestes sélections de Saint-Marin - à deux reprises - du Liechtenstein et de la Moldavie.
De la Ligue des Champions au National 3
Des succès qui viennent se mêler à de nombreux revers face à des sélections prestigieuses. "J'ai joué contre l'Angleterre, la France, la Belgique et le Portugal, énumère-t-il. J'ai pu me mesurer à Mbappé, De Bruyne ou Cristiano Ronaldo. En 2016, j'ai d'ailleurs été expulsé pour un tacle sur ce dernier qui venait de mettre un quadruplé. Il était trop fort et je m'étais un peu énervé. Le plus souvent malgré tout, on peut parler un peu avec nos adversaires après les matches. Ce sont des moments sympas. Quand je peux, j'échange mon maillot pour donner celui que je récupère à un ami collectionneur."
En parallèle, Marc Rebés enchaine les saisons avec Santa Coloma, l'un des clubs phares du football andorran avec lequel il dispute 24 matches de coupe d'Europe, Ligue des Champions et Europa League confondues. "On a vécu de belles choses, comme par exemple l'élimination du Macabi Tel Haviv (Israël) en tour préliminaire de C1, se rappelle-t-il. J'étais capitaine de l'équipe et je vivais bien du football. Mais à 27 ans, je voulais tenter ma chance à l'étranger. J'en avais parlé à mon agent et j'ai failli partir à Canet-en-Roussillon en 2020. Finalement, avec la crise sanitaire, ça ne s'est pas fait et j'ai atterri à Beaucaire un an plus tard."
"On avait besoin d'un renfort à son poste en raison des blessures que l'on a subies pendant la préparation, indique le président du SB30, Xavier Mouret. On nous l'a proposé et on a dit banco." Malheureusement pour Marc Rebés, les absents sont vite revenus et gratter du temps de jeu en National 3 s'est révélé plus difficile que prévu.
"Pratiquement tous les mois, il doit partir en sélection pendant que notre championnat continue, justifie son entraîneur, Sofyan Carletta. L'équipe tourne bien et il évolue à un poste où nous avons sept ou huit très bons joueurs pour trois places de titulaire. Malgré tout, il nous apporte beaucoup de professionnalisme au quotidien. C'est un gros travailleur, plutôt bon sur les phases défensives mais qui doit apporter plus dans le jeu vers l'avant. En deuxième partie de saison, il aura moins d'échéances internationales et devrait pouvoir jouer plus souvent sous nos couleurs."
C'est aussi l'espoir de l'intéressé qui ronge son frein en attendant d'avoir véritablement sa chance. "Je dois encore m'adapter à ces nouvelles conditions, reconnait-il. En Andorre, tous les terrains sont synthétiques et j'ai peu l'habitude des pelouses naturelles. En terme de jeu, le National 3 est plus physique que le championnat andorran mais le niveau technique est équivalent. Je suis bien ici et j'espère que mon heure viendra." D'ici là, Marc Rebés affrontera la Pologne de Lewandowski ce vendredi avec Andorre avant de partir pour l'Albanie pour son dernier match international de l'année.
Boris Boutet