FAIT DU SOIR Privé de son investiture aux sénatoriales, Alexandre Pissas : « La situation est triste… »
Le Parti socialiste a retiré l’investiture d'Alexandre Pissas, candidat aux Sénatoriales. À la place, c’est de Denis Bouad, président du Conseil départemental, qui a été choisi. Le socialiste bagnolais a toutefois décidé de maintenir sa candidature. Il s'explique.
Objectif Gard : Le dépôt des listes se termine ce soir. C’est officiel, vous maintenez votre candidature ?
Alexandre Pissas : Bien sûr, comment faire autrement ! Quel est le poids de l'investiture de Denis Bouad, acquise 16 jours avant l’élection, alors que moi, je l’ai eu pendant deux mois ? Dans le Gard, tous les militants sont montés au créneau contre la décision du PS national. Le président du groupe PS au Sénat, Patrick Kanner, a même appelé mon secrétaire de section, Michel Paillot, pour lui dire de soutenir Denis Bouad… Que vaut cette investiture qui passe par-dessus les règles du parti et le vote de 280 militants ? J’irai jusqu’au bout du mandat que m’ont donné les militants !
Qui compose votre liste ?
Ah ma liste... Pour l'instant je ne vous dirai rien(*). Simplement qu'elle est composée de socialistes ou apparentés avec des personnes issues des cantons de Pont-Saint-Esprit et de Bagnols.
Votre investiture vous a été retirée et vous vous présentez contre le président du Conseil départemental. N’est-ce pas mission impossible ?
Mission impossible ? Moi, je ne sais pas si les gens apprécieront une candidature provenant d’un homme qui a dit qu’il ne se présenterait pas aux Sénatoriales. En plus, il a comparé le Sénat à un Ehpad ! Sur le terrain, je vous assure, on me dit que cette situation est incroyable.
« Quand on joue au loto, on paie son ticket pour savoir si on a gagné »
Vivez-vous cette séquence politique comme une trahison ?
Trahison, c’est un terme qui peut être suspect… Ça me désole, surtout pour les militants. Quant au parti, c’est extrêmement triste. Je pensais qu’il avait changé. Et puis, quand on souhaite avoir l’investiture de son parti, il faut dès le départ être à jour de ses cotisations (Denis Bouad ne l'était pas, NDLR). Quand on joue au loto, on paie son ticket pour savoir si on a gagné ! Pour moi, le président n’a pas respecté sa parole. Il m’a dit qu’il ne serait pas candidat. On peut changer d’avis mais j’estime quand même qu’une candidature ça se prépare, surtout au vu de son âge et de son parcours politique.
Ne payez-vous pas vos négociations à la présidence du Conseil départemental de 2015?
Non, je n’y crois pas ! Quand vous voyez des hauts fonctionnaires me dire que Denis Bouad me doit une fière chandelle parce que je l’ai soutenu… Comme on dit, fais du bien à Bertrand, il te le rend en caguant !
Pourquoi les grands électeurs voteraient-ils pour vous ?
Moi, je défends les communes. Elle doivent rester le maillon essentiel de l’architecture territoriale de notre République. Ça passe par deux choses essentielles : l’urbanisme et la police du maire. Il faut se battre pour empêcher que ces pouvoirs soient transférés aux communautés de communes.
« J’ai absolument tout fait dans les règles »
Quelles sont vos relations avec Denis Bouad ?
On n'en a pas. J’ai toujours mes mandats même s’il a voulu que je démissionne. Pour tout vous dire, il m’a envoyé un mail avec tous les arrêtés dans lequel j’ai été nommé à des fonctions. Un mail co-signé par la directrice générale des services du Conseil départemental. Or, ce n’est pas normal… On ne peut pas utiliser la collectivité pour faire campagne !
Si vous perdez, allez-vous déposer un recours ?
Pour l’instant je ne fais rien. Je fais ma campagne et je ne veux pas perdre mon temps. Reste que la manière dont on s’est comporté avec moi est ignoble... Moi, j'ai absolument tout fait dans les règles. La situation est triste.
Propos recueillis par Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com
*Composition de la liste : Alexandre Pissas, Béatrice Loison (1re adjointe à Vénéjan), Laurent Nadal (maire de Cavillargues), Sylvie Nicolle (maire de Sabran) et Cédric Pioche (adjoint au maire de Saint-André-de-Majencoules).