FAIT DU SOIR Tristes rentrées solennelles au palais de justice d’Alès…
Au sortir d’une année 2020 totalement inédite, le conseil des prud’hommes (CPH) et le tribunal de grande instance (TGI) d’Alès ont tenu leur audience de rentrée solennelle ce vendredi 22 janvier.
À l’image du temps pluvieux sur Alès, c’était une triste rentrée ce matin au sein du palais de justice. Non pas que les précédentes éditions étaient synonymes de bamboche, loin de là, mais on pouvait encore apercevoir des sourires sur les visages, échanger avec son voisin et même prendre un verre de l’amitié avec lui. C’était le bon temps. Ce vendredi matin, les sourires sont restés derrière les masques, les voisins à l’écart et le verre au bar. Double peine - logique dans une enceinte judiciaire - il a donc fallu écouter les discours.
L’auditoire a eu de la chance, ils étaient plutôt bons et courts. C’est Arnaud Bord, président sortant du conseil des prud’hommes (collège salarié), qui a ouvert le bal en se félicitant de la gestion de la crise sanitaire par le conseil : « 48 heures après la fin du confinement, on a repris une activité normale », se souvient-il. Mais il s’attarde surtout sur le coup de massue, reçu le 17 novembre dernier, à la suite d’une réflexion menée par une commission parisienne sur le CPH d’Alès (relire ici).
Ce groupe de travail « préconise la fermeture de deux sections », ce qui, à terme, pourrait faire craindre que la préconisation s’étende à l’intégralité du conseil. Après avoir cité Jaurès, ce qui n’a pas manqué de faire sourire Les Républicains Max Roustan et Christophe Rivenq, il a fait le vœu de « conserver la juridiction en l’état ».
Son successeur, issu du collège employeur, Jean-François Aparicio, est lui aussi revenu sur ce « projet funeste de fermeture de section ». Il estime qu’il s’agirait « d’une grave erreur stratégique prouvant la méconnaissance chronique et maladive, de nos décideurs parisiens, des réalités de nos territoires ». Il enchaîne avec humour : « Notez que je n’ai rien contre les Parisiens, mais je préfère les savoir en vacances dans nos Cévennes, plutôt qu’à réfléchir des préoccupations comptables à l’encontre de notre territoire ». Sourires derrière les masques.
Le TGI au rythme d'un TGV
Changement de salle. On traverse la salle des pas perdus pour assister, cette fois, à l’audience de rentrée du tribunal de grande instance. Celle-ci semble plus prestigieuse puisque le préfet, Didier Lauga, et le sous-préfet, Jean Rampon, ont fait le déplacement. Par les quelques chiffres qu’il présente à l’assemblée, le procureur d’Alès, François Schneider, prouve que le tribunal, contrairement au théâtre auquel il est parfois comparé, reste un lieu essentiel.
Les comparutions immédiates ont explosé (+91% par rapport à 2019) et les magistrats sont… explosés : « On a des audiences de plus en plus nombreuses. Elles sont chargées et tardives. Une audience a fini à 1h30 du matin », dévoile le procureur. Il finit son intervention par un regret, celui du « peu de reconnaissance » du grand public : « Ce n’est pas demain que nos concitoyens se mettront à leur balcon pour nous applaudir ». Ce n’est pas gagné en effet : il n’a déjà pas été applaudi par la trentaine de personnes présentes…
En poste depuis un an – une sacrée première année ! - la présidente du tribunal judiciaire, Céline Simitian, a souligné la faculté d’adaptation du tribunal qui compte neuf magistrats du siège, deux à titre temporaire, trois au parquet et 33 fonctionnaires. Elle a enfin rejoint le procureur sur le manque de reconnaissance en formant un vœu pour 2021, celui « d’œuvrer pour un rétablissement de la confiance du justiciable en sa justice ». Souhaitons-lui que ce ne soit pas un vœu pieux.
Tony Duret