FAIT DU SOIR Un PC de crise paré pour résister à tout chez Orano Melox
Orano Melox, à Marcoule, a choisi la Journée nationale de la résilience pour présenter ce jeudi son tout nouveau PC de crise, dont le chantier est proche d’aboutir, et ce n’est pas un hasard.
Car cette journée nationale comporte un important volet sur les risques, et c’est peu dire que le PC de crise les a pris en compte, ces risques. Comme l’usine Orano Melox en général, du reste. Ici, on fabrique du combustible pour centrales nucléaires à base de mox, un procédé hautement radioactif. Alors les installations sont conçues avec trois barrières. La première est la "boîte à gants", c’est là où les opérateurs manipulent les pastilles de mox, la seconde est l’atelier en lui-même, et la troisième le bâtiment. Tous sont « en dépression, de cette manière s’il y a une rupture de ce premier confinement, la matière nucléaire reste confinée », expose Florent Novain, directeur protection, santé, sécurité, sûreté et environnement pour Orano Melox.
Il faut dire qu’une installation nucléaire comme Melox fait face à des risques, comme la criticité, c’est à dire une réaction en chaîne de la matière nucléaire, mais aussi l’incendie ou encore la sismicité. Tout ça est « pris en compte dès la construction », note Florent Novain, et a été encore renforcé par les mesures complémentaires de sûreté post-Fukushima. Parmi ces mesures, on retrouve la construction d’un PC de crise dont les travaux ont démarré en 2018 et seront finis début 2023. Des travaux longs, ralentis par le covid.
« Un bâtiment capable d’abriter trente personnes pendant 48 heures »
Érigé tout à côté du bâtiment, ce PC de crise est en béton armé et sans fenêtres, comme il se doit et conçu pour résister à un séisme basé « sur tous les séismes recensés de la région avec une marge de sécurité supplémentaire », précise-t-il. L’idée est, en cas de catastrophe comme un gros séisme, de « garantir le pilotage des opérations dans un bâtiment capable d’abriter trente personnes pendant 48 heures », pose Florent Novain. Contrairement à l’usine, le PC de crise est en surpression et l’air provenant de l’extérieur est filtré « pour se prémunir de tous les aléas extrêmes », note Régis Faure, le directeur adjoint de la communication d’Orano Melox.
Le bâtiment dispose d’un circuit électrique doublé, et compte deux entrées : une par le bâtiment de l’usine, et une par l’extérieur derrière une "cage à ours" massive permettant de la protéger de tout projectile, même massif, qui pourrait être projeté sur le bâtiment lors d’une tornade par exemple. « C’est un aléa qu’il y a encore dix ans on regardait de loin », remarque Florent Novain. Aujourd’hui, avec le changement climatique, les tornades sont prises en compte.
Un investissement de 16 millions d’euros
À l’intérieur du bâtiment, qui compte deux niveaux sur 150 m2, on retrouve au rez-de-chaussée derrière de lourdes portes blindées tout le système de ventilation, d’électricité et de télécommunications – le bâtiment est aussi muni de moyens par satellite si le réseau de téléphone tombe en panne – mais aussi les réserves d’outils, de matériel de secours et de décontamination. Des réserves d’eau et de nourriture sont aussi prévues pour que le bâtiment soit autonome.
À l’étage, un poste de commandement local et des cellules pour la direction, la communication ou encore les ressources humaines sont réparties, avec également une cuisine, des sanitaires et un dortoir. C’est le centre névralgique du PC de crise. Melox était le dernier des sites prioritaires d’Orano à ne pas disposer d’un tel équipement. Jusqu’à présent, en cas de crise majeure, le pilotage se faisait depuis un bâtiment lambda de l’installation, « pas dimensionné pour résister à un séisme », explique Florent Novain.
Le coût total du projet se monte à 16 millions d’euros, pour un équipement qui, hors crise majeure, servira à des exercices réguliers. Car dans le nucléaire, « on s’exerce toute l’année. Ça va des petites mises en situation à des exercices où on peut aller jusqu’à faire jouer les services de l’État et l’Autorité de sûreté nucléaire », détaille Florent Novain. Un exercice national pourrait intervenir courant 2023.
Thierry ALLARD
thierry.allard@objectifgard.com
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Après une forte baisse de sa production au cours des dernières années, Orano Melox remonte la pente cette année et recrute. « Il y a encore quelques mois nous étions 800 salariés, aujourd’hui nous sommes 850 et nous nous rapprochons des 900. Nous renforçons notamment la maintenance », explique Régis Faure. Les investissements vont aussi crescendo, pour une usine qui a dépassé le quart de siècle. « Jusqu’à 2025, des investissements entre 35 et 50 millions d’euros annuels sont mis pour rénover Melox, pour amener l’usine jusqu’à 2040 et au-delà », poursuit Régis Faure. L’investissement du PC de crise ne fait pas partie de cette enveloppe.