GARD Disparition de Lucas: le corbeau pensait que ses "lettres faisaient du bien"
Le corbeau de Lucas, à l'audience du tribunal correctionnel de Nîmes, ce mercredi 18 octobre.
Un homme de 58 ans était jugé par le tribunal correctionnel de Nîmes, ce mercredi après-midi. Ce salarié d’un supermarché de la Drôme, inconnu de la justice jusqu’à cette affaire, était poursuivi pour « violence avec préméditation ou guet-apens sans incapacité ». Il a été confondu comme le « corbeau » qui a envoyé 11 lettres anonymes aux parents de Lucas Tronche, un jeune de 15 ans, disparu en mars 2015 à Bagnols-sur-Cèze... L'adolescent est introuvable depuis. Des lettres anonymes qu’il a fait parvenir aux parents entre octobre 2015 et juillet 2016, date de son interpellation.
"Je regrette, maintenant c'est trop tard. Mais j'ai écris ces lettres car j'ai la conviction, c'est mon imagination qui m'enveloppe pour Lucas! J'ai envoyé les lettres pour rassurer les parents du Lucas. On parlait dans la presse, les médias, on évoquait toujours le suicide, l'enlèvement, la séquestration, des choses négatives. Moi, je voulais rassurer les parents", estime le plus naturellement du monde, cet homme étrange et impénétrable à la barre du tribunal. Dans des réponses évasives et curieuses, il essaie de répondre aux questions de la présidente d'audience.
"Il a une conception mentale atypique. Son imaginaire est son quotidien... Un imaginaire qui a pris le dessus sur la réalité", souligne son conseil Maître Aguilar qui plaide la relaxe car "en droit pour qu'il y ait un acte de violence, il faut un élément intentionnel. Là, il voulait rassurer les parents, les intentions étaient positives. Il pensait dans son désordre mental que les lettres faisaient du bien aux parents de Lucas", souligne l'avocate nîmoise.
De l'autre côté de la barre Maître Mimran accable : "vous êtes de la race de ceux qui en d'autres temps auraient écrit des lettres anonymes pour envoyer des personnes dans les chambres à gaz. Vous êtes un cafard, estime la pénaliste Nîmoise. On est dans le domaine du plaisir et de la jouissance. Vous vous faites plaisir en envoyant les lettres aux parents de Lucas, des parents qui ont espéré à travers les mots ignobles écris par votre main. Les parents de Lucas ils ne vivent plus, c'est l'agonie, c'est l'angoisse pour eux, car ils ne savent pas si leur fils est squelettique au fond d'un trou, s'il est séquestré, s'il a faim, s'il a froid, s'il appelle au secours. Vos lettres, elles font plus mal que des violences physiques", poursuit Me Isabelle Mimram.
Et heureusement que les parents de l'adolescent disparu n'étaient pas à l'audience... " Afin d'éviter la violence réitérée de vos propos, de vos silences, lorsque l'on vous pose la question à la barre de savoir si vous connaissiez Lucas ou pas", dénonce la vice procureur qui réclame 2 ans de prison à l'encontre de cet employé de supermarché de la Drôme. Le tribunal rendra sa décision le 30 octobre.
B.DLC