GARD Enquête sur le Nîmois écroué qui gravitait dans l'univers de "Jacquie et Michel" et des films pornographiques
Un Nîmois est impliqué dans l'affaire du site pornographique Jacquie et Michel dont le gérant vient d'être inculpé pour des viols. Le gardois a été mis en examen et écroué.
« Ah mais oui vous parlez de ''Jacquie et Michel'' ! Ici, dans la rue, tout le monde appelle depuis des années ce monsieur ''Jacquie et Michel''. Au début je pensais qu'il s'agissait de son nom et prénom. D’ailleurs je suis incapable de vous donner son vrai nom », témoigne une dame, voisine directe de Sébastien P., alias Dorian dans le monde du film X. « Tout le monde sait qu’il était caméraman ou réalisateur de film X, en tout cas qu’il travaillait pour Jacquie et Michel. Dans la rue, ce n’est un secret pour personne », reprend un habitant proche.
Dans ce quartier populaire de Nîmes, la descente de la police judiciaire de Paris a fait beaucoup parler. « Au départ je pensais que c’était pour du stup, mais après j’ai appris qu’il avait été interpellé dans l’affaire Jacquie et Michel », reprend le même témoin.
Les enquêteurs de la police judiciaire parisienne sont venus la semaine dernière procéder dans le Gard à deux interpellations dans un dossier criminel instruit depuis plus de deux ans par un juge d’instruction de Paris. Un dossier qui concerne le patron du site de films pornographiques « Jacquie et Michel ».
Une affaire qui a fait la une de la presse nationale ces derniers jours et qui concerne également le Gard. Deux hommes ont été interpellés en début de semaine dernière. L’un à Nîmes et le second dans une autre commune. Ce dernier était il y a quelques années acteur de films X. « Il a totalement tourné la page. Il est aujourd’hui un père de famille sans histoires », confie son avocat Maître Florian Medico. « Mon client était acteur. Il avait un contrat. Il était dans les mêmes conditions que les actrices, et il conteste totalement les viols et les infractions reprochés », poursuit le pénaliste de Montpellier. Son client a été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire. en fin de semaine dernière.
Un homme discret et taiseux
Par contre le Nîmois, arrêté chez lui mardi 14 juin dans un quartier populaire proche du centre-ville, a été mis en examen et écroué. Une source judiciaire parisienne évoque pour les cinq personnes interpellées dans ce dossier des investigations autour de « viols », « complicité de viols », « traite des êtres humains en bande organisée » et « proxénétisme en bande organisée ». Des qualifications pénales hautes, qui ont fait tomber Le Nîmois, âgé de 48 ans, surnommé Dorian. Il a été écroué vendredi soir au tribunal judiciaire de Paris à l’issue de son passage devant le juge des libertés et de la détention, contrairement au patron du site Michel Piron qui a été mis en examen, mais lui placé sous contrôle judiciaire.
« Ce Nîmois navigue dans le monde du porno depuis une quinzaine d’années. Il faisait des photos de charme, puis des photos de plus en plus osées avant de bifurquer vers la caméra et de proposer des plans pornographiques », souligne un témoin privilégié.
Il y a une dizaine d’années, il a commencé par faire des prises de vue pour les responsables de la société « Jacquie et Michel ». « Il était cadreur et filmait des scènes X », complète une autre source. Il a ensuite pris plus d’importance et réalisait des films.
Un quadragénaire qui, selon nos renseignements, a également été salarié au guichet d’une banque gardoise avant de la quitter et de se lancer il y a une quinzaine d’années dans le monde du porno. Plus récemment, il réalisait des films à caractère sexuel qu’il revendait notamment à la société « Jacquie et Michel », bien que ses participations depuis quelques années étaient beaucoup plus aléatoires.
Cet homme qui avait des difficultés financières, vivait chichement dans une rue populaire situé à 800 mètres des halles de Nîmes. Les voisins rencontrés ne connaissent rien de la vie professionnelle de cet homme. « Il est discret, il parlait mais n'engageait pas facilement la discussion. Par contre, il donnait des tomates l'été. Il disait qu’il avait un champ et il m’a offert des tomates à plusieurs reprises », souligne un habitant du secteur qui décrit un homme généreux et poli. Il affirme qu'il s'agit d'un voisin ordinaire : « il mesure 1,75m, il est maigre et a une queue de cheval. Ce n’est vraiment pas quelqu’un qui se fait remarquer, par contre tous les jours il se faisait chambrer et les gens lui disait constamment dans notre rue « salut Jacquie et Michel ! ». Mais il ne parlait jamais de ces activités dans le X. Il vivait seul depuis des années et très très peu de monde venait chez lui. C'était un solitaire. Il partait à 9h et rentrait vers 17h comme s'il avait une activité mais je n'ai jamais su dans quoi il travaillait en dehors des rumeurs de tournage dans Jacquie et Michel », ajoute l’une de ses plus proches voisines.
Pour d'autres l'affaire du site pornographique se déroule dans une ambiance de pauvreté et de violence et d'emprise... « Derrière ce que certains considèrent comme du porno chic, il y avait des conditions de tournage et de respect des femmes qui étaient totalement déplacées. Les femmes ne sont considérées que comme de la viande. Il y avait une vraie violence dans la réalisation de ces films en profitant comme toujours de femmes fragiles, psychologiquement ou financièrement et souvent seules », complète une source proche de l’enquête. Selon nos renseignements, les deux Gardois interpellés la semaine dernière se connaissaient et avaient tourné ensemble il y a quelques années. Une enquête qui se poursuit à Paris...
Boris De la Cruz