GARD « La lutte aujourd’hui, ce sont les salaires ! »
Les Gardois étaient au rendez-vous ce jeudi pour cette nouvelle journée nationale de grève. Ils se sont mobilisés à Alès et Bagnols ce matin, puis Nîmes cette après-midi. Principale revendication : la hausse des salaires.
À Alès, le point de rendez-vous était le parvis de la sous-préfecture, dès 10 heures. Malgré l’air vif de ce matin du 27 janvier, environ 500 manifestants ont répondu à l’appel, parmi lesquels on retrouvait notamment les grévistes de Merlin Gérin et de la caserne des pompiers d’Alès, ou encore des personnels de l’Éducation nationale. « La lutte aujourd’hui, ce sont les salaires ! », lançait Martine Sagit pour l’union locale de la CGT avant de laisser la parole à d’autres camarades. Joël Bréaud, représentant syndical de la CGT chez Merlin Gérin, est revenu sur la grève illimitée entamée sur le site alésien et « suivie par plus de 90% » du personnel afin de réclamer une augmentation des salaires : « La direction s’obstine à nous proposer un plan salarial qui ne dépasse même pas l’inflation ! Beaucoup de salariés qui ne sont pas habitués aux conflits sociaux sont là et gardent le piquet de grève. »
Venait ensuite le tour des sapeurs-pompiers, représentés par Sébastien Perrier, de rappeler les raisons de leur mobilisation suivie par 100% des pompiers professionnels : « Aujourd’hui, avec l’augmentation des interventions, nous ne sommes plus en capacité d’intervenir en cas d’incendie. Nous demandons donc des effectifs ! » Dès ce jeudi après-midi, la caserne est délocalisée sur le parvis du Cratère. « Comptez sur nous pour ne rien lâcher ! », promet le représentant syndical. Quant aux grévistes de la clinique Bonnefon qui n’ont pas pu rejoindre le mouvement général, c’est Martine Sagit qui s’est chargée de les défendre : « Dès que le personnel demande des moyens à la direction, on leur donne en réponse des sanctions ! » Enfin, le monde éducatif était représenté par Myriam Vermale, du syndicat SNUIPP-FSU, qui a passé son micro à Sandrine, l’une des AESH (accompagnant d’élève en situation de handicap) mobilisées ce matin, qui a posé une simple question résumant le cœur des revendications du jour : « Nous survivons avec 800 euros par mois. Qui peut vivre avec ce salaire ? »
Où que ce soit, la situation « ne peut pas durer », intervient Robert Guiraud pour Force ouvrière. « Bernard Arnault, le plus riche des français, poursuit-il, a vu sa fortune passer de 67 milliards d’euros en mars 2020 à 163 milliards en octobre 2021 ! Et après on refuse aux salariés de Merlin Gérin une petite augmentation ? Il y a dans ce pays un problème de juste partage des richesses et il est temps de dire ‘ça suffit !’ » Le camion de la CGT s’est ensuite mis en marche, suivi par le cortège qui a défilé lentement dans les rues du centre-ville alésien.
À Bagnols, les milliardaires ont eu aussi les oreilles qui sifflent. « Quand on parle d’augmentation des salaires, la question est est-ce qu’on peut la faire ? La réponse est oui : en 19 mois les milliardaires français ont gagné 236 milliards, c’est quatre fois le budget de l’hôpital ou une prime de 3 500 euros à l’ensemble des Français. Du pognon, il y en a », lance le secrétaire de l’union locale CGT Patrick Lescure lors d’une manifestation qui a rassemblé une bonne centaine de personnes à l’appel de la CGT, de FO, de la FSU et de Solidaires.
« Notre combat est largement justifié, affirme Louise Moulas, de FO. Il y a dans ce pays un énorme problème de juste partage des richesses, dont je rappelle que que la création est le produit du travail de millions de salariés. » Or, nombre d’entre eux n’arrivent pas « à vivre dignement », souligne Patrick Lescure. Alors « les principales revendications sont une revalorisation significative, dans la fonction publique nous avons perdu près de 22 % de pouvoir d’achat depuis 2000 », avance Mohammed Hammani, représentant du SNES-FSU. Un dégel du point d’indice et des recrutements pour améliorer les conditions salariales et d’apprentissage sont aussi revendiqués.
« Nous revendiquons le SMIC à 1 700 euros nets, une hausse des pensions et des minima sociaux de 400 euros, un écart de 1 à 5 entre les plus bas et les plus hauts salaires et le RSA pour les moins de 25 ans », résume la déléguée de Solidaires, qui estime qu’il est temps « de faire converger les luttes. » « Il est temps de s’engager partout pour qu’un mouvement de grève et de manifestation se développe jour après jour », affirme Louise Moulas. Les syndicats sont déterminés à poursuivre et promettent, par la voix de Patrick Lescure qu’ils vont être « un caillou dans la chaussure de la campagne électorale. »
À Nîmes, ils étaient environ un millier au rendez-vous place de la Maison Carrée à 14h30. D'horizons professionnels différents, leurs revendications portaient sur le pouvoir d'achat. "Ces richesses ce sont nous qui les créons, pas les milliardaires ! Nous ne cèderons pas au chantage du patronat." s'indignait Patrick Lescure, venu grossir le cortège nîmois. Le syndicaliste soulignait également que "Les salaires n'ont pas augmenté depuis 15 ans et les propositions du gouvernement sont à des années lumière de la réalité. Je mets les Députés gardois au défi de nous montrer comment ont fait pour vivre avec le SMIC qui d'ailleurs n'est plus le salaire minimum mais le salaire moyen. La colère est grande."
Alors que sur le camion de la CGT, les manifestants entonnaient des chansons hostiles au président de la République et le gouvernement, le cortège prenait la direction de l'avenue Général Perrier. Après une brève pause devant la Coupole de Halles, la marche s'est ensuite dirigée sur le boulevard Amiral Courbet puis devant le Palais de Justice avant de finir devant la Préfecture du Gard au son de l'Internationale.
Élodie Boschet (à Alès), Thierry Allard (à Bagnols) et Norman Jardin (à Nîmes)