Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 23.09.2021 - elodie-boschet - 4 min  - vu 501 fois

GARD Les personnels de l'éducation réclament un "plan d'urgence"

Ils étaient une centaine à manifester à Nîmes (photo Norman Jardin)

L'intersyndicale de l'éducation a lancé un appel à la mobilisation ce jeudi 23 septembre. Rassemblés à Alès, Bagnols et Nîmes, les grévistes réclament un "plan d'urgence" avec une revalorisation des salaires, le renforcement des effectifs et de meilleures conditions de travail.

À Alès

La mobilisation des enseignants devant le lycée Jean-Baptiste Dumas à Alès. Photo Élodie Boschet/Objectif Gard

Devant le lycée Jean-Baptiste Dumas à Alès, une petite cinquantaine de manifestants était au rendez-vous, à 10 heures ce matin, pour faire entendre leur grogne. Trois semaines après la rentrée des classes, l'état des lieux de la situation est bien loin de satisfaire les personnels de l'éducation. "Les suppressions de postes sont massives, surtout dans le second degré, et la dotation en postes dans le premier degré est loin d'être suffisante, déplore Myriam, pour le syndicat SNUipp-FSU et directrice de l'école maternelle Mandajors. Cela fait maintenant dix ans que l'on subit le gel du point d'indice... La revalorisation salariale n'est pas au rendez-vous, elle se résume à des primes d'attractivité pour les jeunes entrants. Avec ce management à la prime, on est maintenant dans une école néo-libérale."

La directrice constate également que "l'école est de moins en moins inclusive" en prenant notamment l'exemple de l'accompagnement des élèves en situation de handicap "qui a été réduit à six heures par semaine contre douze pour certains". Conséquence : "ces élèves-là sont en souffrance car ils ne sont pas accueillis dans de bonnes conditions."

Autre point noir, le nouveau statut de directeur d'école qui évolue avec la loi Rilhac. Le SNUipp refuse clairement cette nouvelle fonction où "aucune aide administrative est accordée au directeur qui doit faire du management sans aucun soutien", précise Myriam. Les classes surchargées sont également évoquées par Julien, pour le SNES-FSU, qui enseigne l'histoire-géographie au collège Diderot : "Il y a dix ans, il existait un seuil de 24 élèves pour les établissements situés en Réseau d'éducation prioritaire (REP). Aujourd'hui, il n'y a plus de seuil, juste un repère qui se se situe à 27 élèves et qui peut être dépassé. Et à l'heure où le nombre d'élèves dans le Gard augmente, des postes sont supprimés... Les enseignants se plaignent mais le Ministre fait la sourde oreille. Le problème c'est que nous sommes trop pauvres pour faire une journée de grève. Nous sommes arrivés à un stade où certains cherchent à faire des heures supplémentaires pour combler leur fin de mois. Et nous faisons malheureusement partie du seul ministère qui ne nous protège pas..." 

À Bagnols-sur-Cèze

Une quarantaine de personnes était mobilisée devant le monument aux morts à Bagnols/Cèze. (Marie Meunier / Objectif Gard)

À Bagnols-sur-Cèze, une quarantaine de personnes étaient réunies devant le monument aux morts, suite à l'appel de l'intersyndicale CGT, FO, FSU et Sud Solidaires Éducation. "L'école n'appartient ni aux professeurs, ni aux proviseurs, ni au Gouvernement. Elle appartient à tous les Français", lançait Patrick Lescure, secrétaire de l'union locale CGT du Gard rhodanien. Aujourd'hui tous étaient là pour "défendre le service public de l'éducation qui est en train de péricliter", énonce Mohammed Hammani, représentant du SNES-FSU. Il déplore le manque de moyens actuels et les conditions de travail des enseignants de plus en plus dégradées. Depuis 2018, dans l'Éducation nationale, "on a subi 7 940 suppressions de postes", énonce-t-il.

Rien qu'à l'échelle du lycée Einstein à Bagnols, il rappelle que "six postes ont été supprimés cette année". Il ajoute : "En collège, au-delà du seuil de 24 élèves, les conditions de travail deviennent difficiles. Sauf que dans la quasi-totalité des collèges du Gard rhodanien, les effectifs sont compris entre 27 et 30 élèves." Au lycée Einstein, les classes de premières et terminales plafonnent entre 37 et 38 élèves, réunis dans des classes souvent sous-dimensionnées. "Ça pose un problème de sécurité. Imaginez en cas d'incendie pour évacuer tout le monde..."

Du côté du collège du Mourion, à Villeneuve-lez-Avignon, le manque d'effectifs se ressent aussi : "Des professeurs de physique se retrouvent à faire des cours de SVT et une AED a été prise comme contractuelle pour faire cours d'histoire-géo", atteste Adrien Couffin du Sud Éducation. À ces problèmes, se rajoutent des protocoles sanitaires lourds qui engendrent de la lassitude et de la fatigue : "Il y a une perte de sens de notre métier." Le syndicat agit aussi depuis plusieurs mois pour faire revenir un médecin de prévention pour la médecine du travail du Gard.

Un métier désormais parasité de tâches supplémentaires. C'est aussi le sentiment de deux enseignantes de collèges bagnolais : "Le métier est de moins en moins attractif. On se retrouve avec de plus en plus d'administratif à faire par manque d'effectifs. Nous, on écope mais le bateau coule."

À Nîmes

À Nîmes, Pascal Gasquet représentait Force Ouvrière (photo Norman Jardin)

Malgré l'appel de l'intersyndicale, la manifestation a attiré moins de monde qu'en espéraient les organisateurs. Une centaine de personnes s'était donnée rendez-vous à 14h30, place de la Maison Carrée. Dix minutes plus tard, le cortège était déjà en marche. Du boulevard Victor-Hugo au boulevard de Bruxelles en passant par le boulevard des Arènes, les enseignants n'on pas caché leur inquiétude sur l'avenir de la profession. En fin de manifestation, les traditionnelles prises de parole ont pris pour décor la préfecture.

"Nous voulons faire plier le gouvernement" 

"Nos conditions de travail sont inacceptables. Cette manifestation est l'expression du mépris dont les enseignants sont victimes et nous voulons faire plier le gouvernement. C'est la fin de l'école comme nous l'avons connu, on vit un management à la France-Télécom", regrette Pascal Gasquet. Le secrétaire départemental de Force ouvrière constatait la faible mobilisation de ses collègues : "Il n'y a pas de monde car les gens sont fatigués et certains sont malades, mais la prochaine fois, il y aura plus de participants". La prochaine fois ce sera le mardi 5 octobre avec une nouvelle journée nationale de manifestations.

Elodie Boschet (à Alès), Marie Meunier (à Bagnols/Cèze) et Norman Jardin (à Nîmes)

Elodie Boschet

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