GARD Maires et présidents d'EPCI en assemblée générale à Milhaud
Ce samedi avait lieu l'assemblée générale de l’association des maires et des présidents d’Epci du Gard en présence, pour la deuxième année consécutive, de la préfète Marie-Françoise Lecaillon.
L'AMF30 s'engage à représenter toutes les communes et les Établissements publics de coopération intercommunale (Epci)auprès des services de l'État dans la diversité de leurs territoires et de leurs sensibilités. Dans ses missions elle assure un rôle de relais en transmettant aux instances nationales et locales les préoccupations des élus sur le terrain. Elle constitue aussi (et cela s'est vu ce samedi) un lieu de rencontre, d’échanges et de réflexion pour faciliter la gestion communale.
Les élus vivent un sale moment. Si les contribuables sont aussi au fond du trou avec la hausse des prix et l'inflation bondissante, à la tête de nos collectivités il en va de même. À la tribune pour parler avec maires et présidents d'EPCI ? De gauche à droite (visuellement) Vivette Lopez, Brigitte Vandemeulebroucke, Laurent Burgoa, Marie-Françoise Lecaillon, Philippe Ribot, Françoise Laurent-Perrigot, Christophe Serre et Denis Bouad.
Quand Laurent Burgoa, sénateur, achève son propos en évoquant le sujet des traditions, salve nourrie d'applaudissements. Pour un autre sénateur, Denis Bouad, qui a longtemps porté la casquette de président du Département, "ce moment est précieux pour nos mandats législatifs." On parle alors du risque d'incendie, du Sdis, d'un soutien économique, du rôle des collectivités territoriales, bref, de tous les sujets sensibles du moment.
Troisième sénatrice, Vivette Lopez. "Comme Laurent, j'aimerais rendre hommage à monsieur Banino, maire des Angles, et nous en ferons bientôt de même avec monsieur Malavieille. Oui, cette manifestation est importante et nous nous rencontrons dans un contexte politique et social tendu qui témoigne de l'inquiétude et de l'incertitude de l'avenir des Français. Nous entendons trop souvent votre lassitude de maires ou de présidents d'EPCI face aux choix du Gouvernement. On doit vous laisser travailler et simplifier, par exemple, la paperasse."
La sénatrice évoquera aussi la lutte contre la désertification médicale, le coût croissant de l'énergie, l'avenir des budgets départementaux, le non artificialisation des sols, la sècheresse et la problématique de l'eau dans sa globalité. Elle remerciera d'ailleurs la préfète Marie-Françoise Lecaillon d'avoir mis en place un groupe de travail sur la question. Vivette Lopez parlera aussi des feux de forêts et des violences contre les élus, "Je suis aussi triste d'avoir entendu que madame Françoise Laurent-Perrigot se sentait seule... Mais nous sommes avec vous !"
Dans un discours englobant toutes les problématiques actuelles, la préfète a fait un état des lieux de son département, de ses élus et du travail réalisé et restant à faire. En ces temps troublés, la parole de l'État est bonne à entendre. "Je suis heureuse d'être là, aujourd'hui, pour ma deuxième fois avec vous. Merci pour les propos que vous tenez à mon endroit mais ces remerciements doivent aussi allés à nos équipes et à tous ceux qui sont à nos côtés est qui travaillent avec vous."
Et la préfète Marie-Françoise Lecaillon de poursuivre, "Une crise sanitaire dont nous ne sommes pas encore tout à fait sortis, une crise géopolitique, une crise énergétique, une crise climatique, une crise de l'autorité... Depuis mon arrivée, j'ai cependant apprécié votre travail et nos échanges. J'aime ce couple préfet-maire mais je suis ouverte à d'autres visions du couple !"
Après cette souriante entame, place au reste du débat, moins jovial. En un an, le pétrole a pris 63 % d'augmentation et le gaz près de 290 %. "Voilà des hausses considérables. Les dépenses de fonctionnement ne peuvent elles aussi que s'accroître mettant en difficulté les investissements des collectivités. Le Gouvernement a pris des décisions pour répondre à cette problématique, notamment pour les plus petites communes avec un bouclier tarifaire maintenu. D'autres outils sont déjà mis en oeuvre" assure la préfète du Gard.
Plus que jamais l'État doit être au plus proche de ses administrés. Ainsi, les maisons France Services, ont initié des démarches pour plus de 7 800 personnes depuis le début de l'année dans le département. Et 1 169 Gardois sont allés dans un bus France Services pour ces mêmes démarches ! La préfète a également évoqué la sobriété foncière et la gestion raisonnée des sols. "Pensons au temps long pour avoir un meilleur équilibre du territoire. Chaque jour, l'équivalent de deux terrains de foot, soit un hectare, artificialise les sols gardois."
L'aspect social n'a pas été mis de côté. Ses carences aussi. "Au 22 septembre dernier, nous avions reçu 20 000 demandes de logement social. En 2021, nous n'en avons attribués que 3 246 ! Il faut faire avancer ces enjeux, notamment en se servant du fonds friches, par exemple, comme cela a été le cas à 11 reprises dans le Gard" ajoute la préfète. Autres sujets, la sècheresse. "Cet été, trois cours d'eau sur quatre étaient à sec. Certaines communes ont connu des jours difficiles, des cultures ont été impacté par mes arrêtés préfectoraux mais j'ai veillé à un certain équilibre de la ressource et de son utilisation en donnant des dérogations à 250 professionnels de l'agriculture afin qu'ils puissent utiliser l'eau."
Un moment de question/réponse a vu les maires de Vallabrègues, Grau-du-Roi, Marguerittes, Dourbies, Sainte-Anastasie, La grand'Combe ou encore Villeneuve-Lès-Avignon prendre la parole pour évoquer les assurances, les hausses du coût de l'énergie, la future fermeture de la maternité de Ganges, l'endettement des communes, les logements sociaux, les filières Segpa du bassin alésien, le PPRI...
Pour Rémi Nicolas, maire de Marguerittes, "Nous avons droit à +300 % d'augmentation sur notre coût énergétique. Cela représente entre 600 000 et 700 000 euros en plus à trouver... Je vais devoir fermer des bâtiments publics, donc des écoles, pour limiter la facture !"
Irène Lebeau, maire de Dourbies a quant à elle parlé de la maternité de Ganges. Oui, elle est dans l'Hérault mais c'est là-bas que vont une partie des Gardois les plus éloignés de Nîmes ou d'Alès. Le tiers ouest du département est concerné "comme trois communautés de communes ! C'est un dossier mal engagé et tout un territoire sera déconnecté non seulement de l'accouchement mais aussi de la gynécologie et du droit à l'avortement. Si Ganges ferme, le premier hôpital est à plus de deux heures de notre commune..." Salve d'applaudissements.
Autre maire en plein doute, Gilles Tixador de Sainte-Anastasie. "Notre commune est endettée et depuis mon arrivée il y a neuf ans nous avançons mais ces crises à répétition sont une catastrophe ! On traîne le boulet de notre endettement depuis huit ans et cette année nous voyons une hausse de l'énergie de plus de 100 000 euros. Je fais des économies, les maires d'aujourd'hui ne jettent plus l'argent par les fenêtres, nous sommes responsables mais là, je ne peux rien contre ça. De plus, nous ne pouvons plus emprunter jusqu'en 2037 ! Nous faisons des efforts et nous n'en sommes pas récompensés. Nous étouffons comme de nombreuses autres petites communes."
Philippe Maheu, directeur académique des services de l'Éducation nationale et Frédéric Guin, directeur départemental des Finances Publiques, ont eux aussi pris la parole pour conclure ce rendez-vous annuel.