GARD Pour les commerces "non-essentiels", dernier samedi avant nouvelle fermeture
À compter de ce samedi soir, les mesures renforcées annoncées mercredi par le président de la République Emmanuel Macron pour lutter contre la pandémie de covid-19 entrent en vigueur sur tout le territoire métropolitain, et donc dans le Gard.
Concrètement, les magasins dits « non-essentiels » vont devoir tirer le rideau ce soir pour un mois. Une fois de plus. Si certains sont sortis de cette « liste noire », comme les coiffeurs, un grand nombre de commerces restent concernés, comme les boutiques de vêtements. L’incompréhension domine chez eux, notamment chez les instituts de beauté, qui ne comprennent pas pourquoi les coiffeurs peuvent ouvrir mais pas eux. Objectif Gard est allé à la rencontre de commerçants pour le moins lassés.
"Non, je ne la comprends pas du tout." Florence Meseguer, à la tête de boutiques de vêtements dans le centre-ville de Bagnols et présidente de l’association de commerçants Bagnols commerces, n’y va pas par quatre chemins. Cette nouvelle fermeture des commerces "non-essentiels", terme qu’elle "ne supporte plus", ne passe pas. D’ailleurs, "ça veut dire quoi non-essentiel ? Je vends des vêtements, donc ça veut dire qu’on peut sortir nu ?"
Si la réaction est teintée de colère, c’est aussi que la fermeture intervient à un moment qui, s’il ne peut par essence pas être bon, est particulièrement mauvais. "Avril/mai, ce sont des gros mois, nous avons tous nos magasins blindés", souffle-t-elle, en parlant aussi de ses confrères et consoeurs de l’association. Alors, pour continuer malgré tout à avoir un peu d’activité, la commerçante va remettre en place le click & collect dès mardi, comme beaucoup de ses collègues. "On est rodé maintenant", souffle-t-elle.
Et si les aides gouvernementales jouent leur rôle à plein, notamment pour les plus petits commerces, c’est plus difficile pour les plus gros comme les siens, "et l’impact sur la trésorerie commence à se faire sentir", admet-elle. Alors en plus du click & collect, la commerçante espère avoir le droit de vendre devant sa boutique le mercredi, jour de marché, et a fait une demande à la mairie en ce sens. "La mairie m’a dit qu’ils allaient voir avec la préfecture", explique-t-elle, avant de préciser que "(ses) portants sont prêts" au cas où.
"J'ai encore mes deux bras et mes deux jambes donc si elles me le demandent..."
Du côté de la rue Auguste Pellet à Nîmes, Isabelle, patronne d'un centre de beauté, est pressée. "Je suis un peu surchargée de travail aujourd'hui ! Je suis avec les clientes depuis 7h et je ne veux pas me mettre en retard ! Oui, nous avons du mal à comprendre cette décision mais nous ferons avec, encore une fois !" Ailleurs, entre le Grand Couvent et la place de la Calade, Marianne, esthéticienne depuis 30 ans, est elle aussi frustrée par ce dernier jour. "Comme l'an dernier... Il y a eu un allant de la part de la clientèle qui semblait un peu moins stressée ces derniers temps. L'activité elle aussi retrouvait un peu d'effervescence mais j'ai l'impression qu'à chaque fois qu'on fait un pas en avant, on en fait deux autres en arrière !"
C'est donc sur des airs de tango que les centres de soin et de beauté vont devoir fermer leurs portes, mais pas les salons de coiffure, difficile d'y comprendre quelque chose. Dans une grande chaîne esthétique une salariée tente une explication. "On nous a dit que notre fermeture était justifiée car nous sommes au plus proche des clients quand nous leur faisons des soins mais il me semble que les coiffeurs et les barbiers aussi non ? En tout cas moi, je n'y comprends rien, on va retourner au chômage partiel, c'est sympa deux mois par an mais là ça commence à faire longuet..."
De retour chez Marianne qui s'arrange comme elle le peut. On commence à connaître le click & collect mais connaissez-vous le call & collect ? C'est son choix ! Une cliente l'appelle et elle arrive à sa rescousse. "Je m'en remets à la jeunesse qui sera décisionnaire de ces fermetures ! Il fait très beau, je laisse les jeunes faire ce qu'ils veulent pour éviter cette ambiance... En attendant je veux conserver le contact avec ma clientèle. C'est comme si j'avais un mois à zéro euro, même avec les aides. J'ai besoin de rester proche de mes clientes, et j'ai encore mes deux bras et mes deux jambes donc si elles me le demandent... je ne sais pas m'arrêter, je suis commerçante et le commerce c'est le contact !"
Anthony Maurin (à Nîmes) et Thierry Allard (à Bagnols)