GARD RHODANIEN Le démantèlement industriel et nucléaire, du Gard à Fukushima
Un véritable panorama du démantèlement, qui passe notamment — outre la France — par l’Espagne, le Royaume-Uni mais aussi et surtout le Japon, avec le démantèlement de la tristement célèbre centrale de Fukushima-Daichi.
« La France a des atouts considérables »
Une manière de confronter les différentes expériences, mais aussi « les opportunités et les pistes de collaboration », explique le président du Pôle de valorisation des sites industriels Philippe Guiberteau. Car l’avenir de cette filière en développement se joue à l’international. Une dimension prise en compte par les collectivités publiques : « l’exportation est considérée comme un enjeu majeur par la Région dans son schéma de développement économique », souligne la conseillère régionale Catherine Eysseric, et ce notamment dans le démantèlement. Un domaine dans lequel « notre responsabilité est collective », considère le député Anthony Cellier dans un message vidéo diffusé en ouverture des assises.
Et si le marché est international, la France a une carte à jouer. « La France a des atouts considérables à faire valoir, notamment un parc d’installations gigantesque à démanteler dans le futur avec à la fois des effets d’échelle sur les réacteurs et une diversité presque inégalée d’installations lui permettant de bénéficier d’un retour d’expérience très intéressant, à condition de savoir le partager et le capitaliser », explique le maître d’ouvrage assainissement démantèlement au CEA Vincent Gorgues. La France dispose aussi « de professionnels du nucléaire à l’expérience reconnue et d’une recherche et développement dynamique », poursuit Vincent Gorgues.
Le cas Fukushima
De quoi intéresser d’autres pays, et notamment le Japon, dans le cadre du démantèlement de la centrale de Fukushima Daichi, dont trois coeurs de réacteurs sont entrés en fusion lors du tsunami du 11 mars 2011. « La quantité de déchets spécifiés des activités de décontamination est estimée à jusqu’à 22 millions de mètres cube », explique le docteur Shigéo Nomura, directeur exécutif de NDF, la structure semi-gouvernementale qui pilote la stratégie de démantèlement de la centrale. Et si aujourd’hui « toutes les unités sont sous contrôle et sous refroidissement stable », dixit le Dr Nomura, le chantier ne fait que commencer.
Ainsi, plus de 1 000 salariés ont été embauchés sur place pour les opérations de démantèlement, et de nombreuses solutions ont été déployées sur site, de l’automatisation de certaines opérations de transport des déchets à la construction d’un dôme, en passant par l’utilisation de la technologie Muon, celle qui a permis de scanner le coeur des pyramides d’Egypte. « Aujourd’hui, le défi est d’échantillonner et identifier les débris de combustibles solidifiés, dont la quantité totale estimée est de 880 tonnes », précise le Dr Nomura. Trois méthodes sont à l’étude pour aller récupérer ces débris au coeur des réacteurs. Une mission périlleuse, qui sera suivie d’une autre, tout aussi cruciale, celle de l’élaboration d’un « stockage stable, une question clé pour aller vers une élimination définitive », estime le Dr Nomura.
Pour y arriver, les Japonais ont mis en place des relations de coopération à travers le monde, notamment avec le CEA. Des relations qui ont toutes leurs chances de devenir pérennes, et qui peuvent encore s’élargir à d’autres acteurs sur ce chantier au long cours : « il faudra sans doute quarante ans de collaborations et de partenariats intérieurs et internationaux », estime le Dr Nomura.
Thierry ALLARD