Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 23.09.2021 - thierry-allard - 3 min  - vu 579 fois

GARD RHODANIEN Nucléaire : une formation enrichie pour les étudiants de BTS

Les étudiants sont mis dans les conditions réelles d'une intervention (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Les étudiants sont mis dans les conditions réelles d'une intervention (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Pour la première fois dans le Gard, et peut-être même en France, des étudiants de BTS pilotage des procédés bénéficient d’une formation pratique à la radioprotection à l’Institut national des sciences et techniques nucléaires (INSTN) de Marcoule. De quoi mieux répondre aux besoins et aux enjeux de la filière. 

Jusqu’à cette année, les étudiants du BTS pilotage des procédés du lycée professionnel privé Sainte-Marie de Bagnols apprenaient en cours « la physique du nucléaire, la sûreté, le démantèlement, la notion de projet, mais restaient sur de la théorie », explique la responsable pédagogique des BTS au lycée professionnel Corinne Jullien. Désormais, une dimension pratique s’ajoute à leur cursus d’apprentissage avec un module PR1, pour prévention des risques 1, et radioprotection, de 18 heures en tout. 

Un nouveau module réalisé par l’INSTN, l’organisme de formation du CEA, à Marcoule. Un module qui regroupe des formations obligatoires pour travailler sur site nucléaire, mis en place « car sur le bassin d’emploi il y a beaucoup d’entreprises du nucléaire qui sont dans l’obligation de former au PR1, donc si les étudiants l’ont déjà, les étudiants sont directement opérationnels dans l’industrie nucléaire, c’est vraiment un plus », note le directeur de l’INSTN Marcoule, Florent Lemont. 

Sur place, le chantier école de l’INSTN propose sur 600 mètres carrés plusieurs salles de travaux pratiques et dispose du matériel que les jeunes retrouveront sur site. Il y a même « des sources radioactives scellées de très faible activité » sur place, note David Hertel, responsable pédagogique de l’INSTN Marcoule. De quoi mettre sur pied des scénarios et des pièges pour préparer les étudiants au « mode dégradé. » « Le but est d’être exactement comme dans la réalité, la radioactivité en moins », ajoute-t-il. 

« La filière a besoin d’opérateurs »

Les étudiants démarrent en première année par le PR1, avant d’aborder le module radioprotection en deuxième année. « Le PR1 est nécessaire dès la première année car les étudiants commencent leur alternance », précise David Hertel. Car les 11 étudiants du BTS pilotage des procédés du lycée Sainte-Marie sont en apprentissage « pour les trois quarts des contrats chez Orano », explique Corinne Jullien. Les autres sont notamment dans l’industrie pharmaceutique, aussi représentée sur le bassin d’emploi avec Sanofi et Seqens, à Aramon. Donc le lycée adapte ses formations en fonction, « avec le module nucléaire et une coloration pharmaceutique ou chimie fine », ajoute-t-elle.

Le responsable pédagogique de l'INSTN Marcoule David Hertel, le directeur de l'INSTN Marcoule Florent Lemont et la responsable pédagogique des BTS du lycée Sainte-Marie Corinne Jullien (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Mais tous les étudiants de la promo bénéficient des formations nucléaires, bassin d’emploi oblige, « pour faciliter leur intégration en entreprise », affirme David Hertel. Car la filière de l’atome a un grand besoin en main d’oeuvre. « Dans le cadre de la programmation pluriannuelle de l’énergie, d’ici 2035 nous serons descendus à 50 % de la production d’électricité issue du nucléaire, donc ça veut dire qu’on va démanteler certaines installations, pose Florent Lemont. La filière a besoin d’opérateurs, or ils n’existent ni sur le marché, ni ne sont en préparation. » 

La formation est prise en charge par le Centre de formation des apprentis du lycée pour un BTS « créé en 2016 à la demande des industriels », rappelle la responsable pédagogique des BTS du lycée Sainte-Marie. 18 places sont ouvertes chaque année pour cette formation, qui compte cette année 11 étudiants. « Nous n’avons pas assez de jeunes diplômés », regrette Corinne Jullien, et ce alors que la formation est largement ouverte. « Nous sélectionnons essentiellement sur le savoir-être », ajoute-t-elle, avant d’évoquer le cas d’un jeune sorti d’un bac ES et d’une formation commerciale, a priori pas un profil pour le nucléaire, mais dont la motivation lui a ouvert les portes de la formation. « Aujourd’hui, il est tête de classe », précise-t-elle. 

Gabriel, Bagnolais de 25 ans, est en première année du BTS pilotage des procédés. « J’ai travaillé comme intérimaire sur le site de Tricastin et j’ai vu que le BTS était plus intéressant que l’intérim pour être embauché et avoir des perspectives de carrière », explique-t-il. L’étudiant, qui va démarrer une alternance chez Orano Melox, à Marcoule, se réjouit de bénéficier de cette formation. « C’est une formation qui est normalement coûteuse, et l’avoir me permet de gagner du temps pour trouver du travail plus rapidement », poursuit-il. Encore faut-il l’avoir : environ 5 % des impétrants échouent au PR1. 

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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