LAUDUN-L’ARDOISE Un demi-millier de militaires engagés dans un exercice de grande ampleur
Ne soyez pas surpris si vous constatez un important déploiement militaire entre lundi et jeudi à Laudun-l’Ardoise et dans un rayon de quinze kilomètres alentour, il ne s’agira « que » d’un exercice.
Enfin façon de parler, tant cet exercice, baptisé Rubicon et piloté par le 1er Régiment étranger de génie de la Légion étrangère de Laudun-l’Ardoise, sera d’une ampleur rare, avec plus de 500 militaires engagés. « Nous avons un impératif de nous entraîner au mieux avec nos moyens de plus en plus modernes », explique le chef de corps du 1er REG, le colonel François Perrier.
Il n’aura échappé à personne que le contexte géopolitique s’est notoirement tendu aux portes de l’Europe, du côté de l’Ukraine. « Nous avons l'impératif d’être prêts dès ce soir, pose le chef de corps. Cela ne veut pas dire que ce soir nous allons en Ukraine, mais que l’armée française doit être prête à répondre à toute sollicitation dans un court préavis. » On n’est jamais trop préparé, en somme. L’idée de cet exercice est donc de faire le point sur l’état des forces en présence face à un conflit dit de « haute intensité », c’est à dire « plus difficile que l’engagement que nous connaissons actuellement en Afrique, par exemple », précise le colonel.
Un conflit de haute intensité est un conflit face à un ennemi aux moyens comparables aux nôtres. Dans ce type de conflit, « il faut être capable d’escalader, montrer qu’on est puissant et crédible », note le colonel Perrier. Et pour le 1er REG, régiment de génie dont le rôle est d’être un support essentiel des armées, cet exercice est aussi une occasion de se tester grandeur nature. Ainsi, le légionnaires de l'Ardoise vont notamment travailler sur le franchissement du Rhône, évidemment pas sur un pont mais avec les moyens du génie, « mais en y rajoutant une difficulté tactique avec des hélicoptères qui viendront nous gêner », précise le colonel Perrier.
L’exercice prévoit aussi une séquence de « contre-mobilité » qui consiste en « empêcher que l’ennemi vienne », avec du minage ou encore une simulation de destruction de pont. Le 1er REG va aussi travailler sur un exercice consistant à rétablir les infrastructures vitales d’un port, un exercice nouveau, avec du déminage, de la dépollution, entre autres. Et les légionnaires vont aussi simuler une évacuation de ressortissants de zone de guerre. De quoi se préparer au mieux, et préparer aussi l’exercice Orion, un très gros exercice militaire national qui se tiendra au printemps prochain, dans lequel le 1er REG sera engagé dans la moitié des séquences.
Sept unités en tout
L’exercice va donc durer quatre jours et quatre nuits, et mobilisera donc environ 500 militaires venus de plusieurs unités de l’armée de terre. Sept unités en tout en comptant le 1er REG y participeront, avec une variété de spécialités, comme de l’infanterie, de l’artillerie marine ou encore des risques chimiques et bactériologiques. « Un bon panel des capacités dans le combat de haute intensité », résume le colonel Perrier, capacités mises en musique dès le lundi avec, entre autres, un franchissement du Rhône, une simulation de décontamination ou encore un combat fluvial.
Le mardi, l’exercice se déroulera à Laudun, en zone urbaine, dans l’idée de simuler une opération de protection de la commune contre un ennemi. Des militaires investiront donc le village, où des coups de feu à blanc pourront être tirés dans l’après-midi. Puis, de 15h30 à 17h30, une présentation des véhicules blindés, notamment le tout nouveau véhicule Griffon, des équipements et outils de déminage seront présentés à la population place des arènes à Laudun, dans un exercice de communication vers la population à trois jours du 11-novembre. Les deux derniers jours de l’exercice seront plus portés sur le post-guerre, avec un exercice de rétablissement de plateforme fluviale, une opération héliportée ou encore la simulation d’évacuation de ressortissants.
Bref, un exercice présenté comme complet, dont le but est aussi de « montrer à nos concitoyens, mais aussi à nos ennemis, qu’on se prépare, et à nos alliés que la France est un allié crédible », rajoute le colonel Perrier. Histoire de gagner une bataille : celle de la communication.
Thierry ALLARDthierry.allard@objectifgard.com