LE 7H50 d’Anthony Cellier : « Se faire vacciner, un effort collectif, un effort citoyen »
Le député LREM de la troisième circonscription du Gard, Anthony Cellier, s’exprime sur la situation sanitaire, le pass vaccinal et les propos polémiques du président de la République.
Président du Conseil supérieur de l’énergie, le parlementaire évoque aussi le nucléaire et la hausse des prix de l’énergie. Deux sujets liés entre eux, avec en filigrane la question climatique.
Objectif Gard : Le pass vaccinal est-il la bonne réponse à la crise sanitaire, avec cette cinquième vague du covid qui fait actuellement des ravages ?
Anthony Cellier : C’est la bonne réponse pour protéger les Français face à ce virus, c’est la bonne réponse pour désengorger nos urgences et nos services de réanimation. C’est un effort collectif, un effort de citoyenneté que de se faire vacciner. Ce n’est pas la panacée, certes, la panacée n’existe pas en la matière, mais en tout cas c’est une réponse à cette problématique du covid.
Le président de la République a-t-il raison de vouloir « emmerder » les non vaccinés ?
On a raison de convaincre les personnes qui ne sont pas vaccinées de l’impérieuse nécessité de se faire vacciner, pour elles d’abord, mais aussi pour les autres. C’est ça faire société. Il faut qu’on retrouve la vie qu’on avait avant. Il faut revivre normalement. Aujourd’hui le covid nous en empêche, des mesures ont été prises, le vaccin est une réponse scientifique face à cette pandémie, on a la chance dans notre pays de bénéficier d’un vaccin gratuit, pour pouvoir refaire société. Donc il faut impérativement que les personnes qui ne sont pas vaccinées fassent le choix de se faire vacciner. C’est aussi une forme d’hommage à nos médecins, nos infirmières, notre personnel hospitalier, c’est une forme de respect pour ces femmes et ses hommes qui se battent depuis deux ans contre cette pandémie. Il ne suffit pas de les applaudir le soir à 20 heures, c’est une bonne chose, mais la meilleure réponse qu’on peut leur amener pour les soulager, c’est de se faire vacciner. C’est un effort collectif, un effort citoyen.
Une autre petite phrase d’Emmanuel Macron a fait beaucoup parler, qui sous-entendait pour certains que les non vaccinés étaient des sous-citoyens. Qu’en pensez-vous ?
L’esprit de citoyenneté, faire société, faire sa démarche de citoyen dans une société, c’est contribuer à un effort collectif. Je peux comprendre les doutes, les inquiétudes liées à ce vaccin, mais il faut savoir à un moment donné faire société. Il faut en parler à son médecin quand on a des doutes. Il y a des gens qui ont fait des études largement supérieures aux miennes, et qui ont les arguments pour vous convaincre de vous faire vacciner.
Autre sujet : toujours dans ses dernières déclarations, Emmanuel Macron a réaffirmé que la France allait vers la construction de petits réacteurs nucléaires. Une déclaration qui va dans le sens de ce que vous prônez, notamment en tant que président du Conseil supérieur de l’énergie.
Oui, pas que sur les petits réacteurs, aussi sur le parc nucléaire de nouvelle génération. Si on veut arriver à l’impérieuse nécessité de la neutralité carbone, ça va nécessiter plus d’électricité. 250 terawattheures en plus, parce qu’on se déplacera plus avec de l’électricité, les industriels fonctionneront plus avec de l’électricité. Il faut des outils et des sources de production. Il y a bien évidemment les énergies renouvelables, qui font partie de la stratégie énergétique de notre pays, mais aussi le socle nucléaire existant et à venir qui vont venir compléter ce besoin d’électricité. Peu de gens le savent, mais aujourd’hui 63 % de l’énergie que nous utilisons dans notre quotidien est de l’énergie fossile : de l’essence, du kérosène, du gaz… Si vous voulez faire de la neutralité carbone, il ne faut plus utiliser ces 63 % d’énergies fossiles.
Qui y sont aussi pour beaucoup dans la hausse des prix de l’énergie.
Exactement. Donc si vous voulez obtenir la neutralité carbone, diminuer la dépendance de notre pays aux énergies fossiles, il n’y a pas d’autre choix, outre évidemment la diminution de la consommation, l’objectif est de 40 %, mais malgré tout ça, vous ne pouvez pas vous exonérer des besoins en électricité. Pour une production compatible avec les enjeux climatiques il n’y a pas 36 solutions : renouvelables et nucléaire.
Faut-il aller plus loin que les mesures mises en place pour atténuer les effets de la hausse des prix de l’énergie ?
Des mesures ont été mises en place très rapidement : le chèque énergie, le gel des prix du gaz, la maîtrise des prix de l’électricité. En France, on bénéficie de mesures incroyables. En Espagne, les prix ont augmenté d’une manière considérable, comme en Angleterre ou en Allemagne, où l’électricité était déjà chère. Les particuliers sont déjà bien protégés. Là où il faut augmenter peut-être les dispositifs, c’est auprès des TPE-PME et les électro-intensifs, les gros consommateurs d’énergie. Il peut y avoir un risque de viabilité pour ces entreprises là. C’est quelque chose qu’on a dans le viseur.
Qu’attendez-vous de la présidence française du Conseil de l’Union européenne qui a démarré il y a quelques jours ?
Le président de la République a fait des annonces notamment sur des sujets liés au climat. Par exemple la taxe carbone aux frontières, un sujet qui me tient particulièrement à coeur parce qu'il aura un double effet : un bénéfice climatique, et l’effet de remettre l’Europe comme leader de ces enjeux. L’idée c’est que les produits importés, fabriqués en dehors de l’UE, se verraient taxer de leur empreinte carbone. Ça rend nos entreprises, particulièrement les entreprises françaises, plus compétitives. Si nos entreprises bénéficient d’une énergie bas carbone, peu chère, elles sont d’autant plus compétitives face à des concurrents extra-européens. C’est un enjeu majeur de la présidence européenne de la France sur lequel j’aurai à travailler prochainement.
Propos recueillis par Thierry Allard