LE 7H50 de Jean-Christian Rey : « Sur le transport scolaire, le service n’est pas à la hauteur de ce qu’on paye »
Le président de l’Agglomération du Gard rhodanien Jean-Christian Rey fait le point sur les sujets d’actualité de son territoire.
Outre un discours volontariste sur l’environnement, l’élu s’exprime sur le projet de territoire, le report de la mise en place de la tarification incitative des déchets et sur l’épineux sujet des dysfonctionnements constatés sur le service de transport scolaire.
Objectif Gard : Ces derniers temps, vous ne parlez que d’environnement. Êtes-vous soudainement devenu écolo ?
Jean-Christian Rey : Mais je l’ai toujours été ! Je me suis toujours intéressé à l’environnement, ce qui a changé, c’est la prise de conscience collective. Nos mesures n’étaient pas suffisamment environnementales, et aujourd’hui on est passé d’une volonté environnementale à une conscience environnementale. C’est ça qui a changé. Le fait que j’en parle plus souvent vient aussi du Plan climat air énergie territorial qui nous a mis face à nos propres contradictions : 650 000 tonnes équivalent CO2 produits, 65 000 tonnes captées, et il faut être à l’équilibre en 2050.
C’est une partie du projet de territoire, un projet assez ambitieux. Avez-vous les moyens de vos ambitions ? On entend des voix, notamment lors du dernier conseil communautaire des élus spiripontains, qui en doutent...
Ils le mettent en doute parce que je pense qu’ils n’ont pas l’information, et je le regrette. Aujourd’hui quand on fait des conférences des maires, des réunions, il est important que ce soit aussi répercuté dans les conseils municipaux. Je pense qu’aujourd’hui, à Pont-Saint-Esprit, ils manquent d’information. C’est pourquoi dès lundi on fait un conseil territorial, avec tous les élus du conseil d’Agglo, plus les maires qui ne siègent pas, plus des experts essentiels, et lundi on fait un focus sur l’eau et l’assainissement. Parce que sur ce sujet, j’entends des trucs irréels. Après, sur la problématique des ambitions, je vais prendre l’exemple de l’eau et de l’assainissement. La règlementation sur les pesticides, et c’est très bien, a changé. Ce changement de règlementation garantit de l’eau de qualité, mais un filtre à pesticide, c’est 250 000 euros le filtre. Il y a cinq communes avec cette problématique, donc c’est au minimum 1,25 million d’euros à mettre sur la table l’an prochain qui ne sont pas budgétisés. Il faut le faire. Du coup, des choses changent. Ça a un coût.
Ça vient gréver vos ambitions ?
Ça ne vient pas les gréver, il faut se donner les moyens. Aujourd’hui le prix de l’eau n’est pas en adéquation avec nos ambitions.
Il n’y a donc pas de problème particulier avec Pont-Saint-Esprit ?
Non je ne pense pas. Lors de la dernière réunion de travail sur le budget avec les vice-présidents, Claire (Lapeyronie, maire de Pont-Saint-Esprit, ndlr) a proposé qu’on baisse l’autofinancement, ce qui était à peu près la position totalement opposée de celle de Benjamin Desbrun (adjoint spiripontain, ndlr) au dernier conseil d’Agglo. Ça prouve bien que c’est un problème de communication.
Autre sujet, vous avez eu dernièrement des problèmes sur le service de transport scolaire, comment les résoudre ?
C’est très problématique, si j’avais la réponse on aurait le transport en régie. Aujourd’hui on a le transport en délégation de service public pour ne pas avoir à gérer ce genre de problème puisque c’est à l’entreprise de le faire. Mercredi ou jeudi, il y avait 15 chauffeurs absents sur l’ensemble du dispositif, je comprends leurs difficultés, mais on a signé une délégation de service public.
Au-delà des absences, il y a quand même des problèmes d’arrêts non desservis.
Parce que ce sont des nouveaux chauffeurs, il y a un gros turnover, et le chauffeur ne connait pas la tournée. Nous sommes prêts à mettre du monde en plus pour seconder le chauffeur qui seraient dans le car, mais on ne peut pas le faire pour tout le monde. Sur le transport, force est de constater que la marge de sécurité qu’ils ont pris pour faire tourner leur effectif est trop courte. Nous, on paye environ 5 millions d’euros par an sur la prestation, et ça intègre le fait qu’il va y avoir des remplacements. Mais c’est vrai qu’avec le covid c’est plus compliqué.
C’est conjoncturel alors ?
J’espère bien, en tout cas c’est ce qu’ils nous disent. J’ai tendance à essayer de leur faire confiance. En revanche, on est en train de négocier financièrement parce que le service n’est pas rendu à la hauteur de ce qu’on paye.
Enfin, sur les déchets, la tarification incitative a été reportée d’un an. Quelles sont les raisons de ce report et quel sera son impact financier pour l’Agglo ?
Les vraies raisons sont techniques. On devrait avoir la totalité des containers à livrer normalement début février, les cadenas arrivent par lots de 60, mais il nous en faut plusieurs milliers et les puces, ça y est on les a. Donc au 1er janvier il était physiquement impossible que les gens aient les containers. Et on n’a pas fait les réunions publiques, je veux aller sur le territoire pour expliquer aux gens pourquoi on fait la redevance incitative, la première volonté c’est de faire en sorte qu’on soit moins polluants, c’est incitatif. C’est aussi de l’accompagnement au changement. Est-ce que ça coûtera plus cher ? Je ne crois pas, le 7 février on va voter le budget, à 200 000 euros près sur 13 millions d’euros, la taxe d’enlèvement des ordures ménagères couvre le budget des déchets.
Propos recueillis par Thierry Allard