Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 10.10.2018 - abdel-samari - 2 min  - vu 7209 fois

LE 7H50 de Marjorie Enjelvin, maire de Clarensac : "On a enterré un enfant du village, notre enfant"

Les obsèques d'Antoine ont eu lieu ce mardi à Clarensac. Un moment de tristesse absolue qui a bouleversé tout un pays pour ce village gardois à dimension humaine.

Le maire, Marjorie Enjelvin, a accepté de s'exprimer pour les lecteurs d'Objectif Gard à la sortie de la cérémonie. Elle est l'invitée du 7h50.

Objectif Gard : En tant que maire du village, comment avez-vous traversé cette période aussi difficile ?

Marjorie Enjelvin : Comme un drame exceptionnel tout simplement. Avant d'être maire, je suis mère d'un gamin qui a peu près le même âge qu'Antoine et on ne peut qu'être triste et désemparé. Cette fonction de premier magistrat de ma commune m'oblige à différentes fonctions d'accompagnement, de protection, de réconfort. Quand il arrive une telle chose, on se coupe encore plus en douze. On tente de faire en sorte que les premiers concernés par ce drame puisse s'appuyer sur nous. Vous savez, pendant deux ans et demi, nous étions dans l'inquiétude et la tristesse. Aujourd'hui, on peut rajouter l'incompréhension. Tout le département, le pays, s'est mobilisé pour le retrouver et finalement, il était à côté de nous. C'était un enfant du village. Cela aurait pu être l'enfant de n'importe quelle famille du village. Cela aurait pu être mon enfant.

Vous avez été en première ligne dans les médias car à la différence des parents de Lucas (l'adolescent disparu à Bagnols-sur-Cèze depuis maintenant plus de trois ans, NDLR), les parents d'Antoine n'ont pas souhaité s'exprimer...

J'étais pleinement dans mon rôle. Je représente tous mes administrés. Quand il se passe quelque chose d'aussi difficile, on n'a pas le choix. Je n'ai pas beaucoup réfléchi. Je comprends que les parents ont souhaité rester en retrait. J'ai aidé par l'accompagnement de tout le village à faire en sorte de médiatiser cette disparition. Cela ne m'empêche pas de culpabiliser, d'avoir un goût amer dans la bouche. Nous aurions pu faire tellement plus même si l'engagement des familles pour le retrouver a été total.

Est-ce que quelque chose a changé en vous depuis ces derniers jours ?

Dire que quelque chose a changé dans mon travail de maire, au quotidien, serait exagéré. Par contre, dans la vie d'une maman, tout est chamboulé. Je suis bouleversée par ce drame. Aux obsèques ce mardi, c'est tout un village qui était en deuil. On a enterré un enfant du village, notre enfant. Cela force à réfléchir, nous oblige. Et à tirer les conséquences. Moi, vous savez, je suis convaincue par la jeunesse et je ne changerai pas d'avis. Après, il faut certainement accentuer les dispositifs d'accompagnement des jeunes, mieux les encadrer, mieux les détourner des maux qui les rongent. Dans l'absolu, il faudra bien avancer, rebondir. On le doit à Antoine. On le doit à la jeunesse car la vie est belle et mérite d'être vécue.

Propos recueillis par Abdel Samari

Abdel Samari

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