Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 19.06.2017 - anthony-maurin - 5 min  - vu 385 fois

LÉGISLATIVES 2e circo: Gilbert Collard arrache sa victoire

Gilbert Collard réélu député de la deuxième circonscription (Photo Anthony Maurin).

Victoire à l'arraché pour Gilbert Collard... Le député apparenté FN est arrivé en tête du second tour des Législatives avec 123 voix d'avance sur son adversaire d'En Marche Marie Sara. 

Ce dimanche, Gilbert Collard avait donné rendez-vous à ses militants au Mas Bagatelle. Pas une mince affaire pourtant! Un charmant repaire situé en bordure d'étangs, entre les vignes et marais mais surtout entre Vauvert et Saint-Gilles, les deux plus grandes communes de la circonscription.

19h, les cigales chantonnent mais la tension est palpable parmi les quelques adeptes qui y croient dur comme fer. Plus nombreux que les fidèles, les médias squattent la cour ombragée. Les caméras sont omniprésentes et les échanges sont tendus entre hôtes et invités. Les médias nationaux, télés, radios, presse écrite... sont tous là même si peu d'entre eux croyaient en la victoire de Gilbert Collard.

Les premières rumeurs font état d'une légère avance en faveur de Gilbert Collard (Photo Anthony Maurin).

20h pile-poil, un jeune frontiste lance à la cantonade, "J'ai envie d'embrasser tout le monde, mais j'attends encore un peu". Pas encore pris au sérieux, les murmures deviennent la voix officielle. Les résultats à la sortie des urnes arrivent au compte-gouttes. Des surprises et des villages comme Beauvoisin se révèlent être de bons participants à la victoire qui se dessine.

"On a gagné! Vous êtes dégoûtés hein?"

20h14, "On a gagné! Vous êtes dégoûtés hein?" affirme une militante taquine, limite insultante. Deux minutes plus tard, le député sortant n'est toujours pas avec ses proches mais ces derniers l'acclament et le félicitent au son des "Gilbert, Gilbert, Gilbert".

20h18, les militants affluent, espèrent mais doutent un tantinet et hésitent à se montrer démonstratif avant l’heure. Tranquillement en train de taper les premières lignes de cet article, j'observe un désagréable manège. Un espion aussi discret que votre serviteur dans un magasin de porcelaine s’approche et tente de m’embrouiller... On passe à autre chose, pas de temps à perdre.

Le fan club a sorti les smartphones et s'exerce à la photo souvenir de l'arrivée du candidat (Photo Anthony Maurin).

20h18, on parle de 100 voix d’écart entre les deux finalistes. Les scores sont serrés. Passent trente minutes d’incertitude la plus absolue.

20h46, c’est officiel, Gilbert Collard est déclaré grand vainqueur de ce scrutin. Quelques noms d’oiseaux se mettent à voler aussi tout comme un youyou très vite refréné. Face à Marie Sara, Gilbert Collard et ses militants usent de la rhétorique taurine. Les olés fusent quand tout à coup, la star Collard débarque à l’improviste. Il est 21h tapante. "J’ai eu contre moi le Midi Libre que j’ai jeté à la poubelle. Je ne vais plus laisser passer tout cela! Ma première proposition de loi concernera les journalistes. Je veux un statut juridique d’indépendance pour les rédactions pour avoir enfin une presse libre. Le peuple de Camargue est fier et libre mais il faut réfléchir à cette manipulation macronienne entretenue par les journalistes. Nous devons aussi réfléchir au devenir du Front National. Il n’est pas normal qu’en Camargue, j’ai eu autant de difficultés à y arriver! Sur le terrain, nous avons connu des difficultés…" explique le député réélu.

Gilbert Collard en compagnie de son suppléant Nicolas Meizonnet à gauche sur la photo (Photo Anthony Maurin).

Les militants survoltés, déchaînés contre les médias, ne sont pas tendres. Pourtant, cette victoire est la leur et ils devraient en profiter au lieu de parasiter les échanges cordiaux. "J’ai eu en face de moi la venue du Premier ministre, de la ministre de la Culture, le maire de Saint-Gilles… J’ai eu affaire au système qui a une puissance inouïe! C’est une grave crise de la démocratie. Je suis arrivé à mobiliser mon électorat mais aussi celui des Républicains. La différence, c’est leur vote! Cela nous oblige à poser des questions à notre parti. Nous avons un problème. J’ai vu la désertion de notre électorat, quelque chose a été cassé et aujourd’hui, je vais m’adresser à la droite authentique, celle qui ne fait pas le trottoir. Je vais rencontrer Marine et nous allons discuter. Si ça se passe comme je l’espère, je continuerais avec elle. Sinon, je continuerai mais à côté. Je sais qu’elle a l’intention de réorganiser le mouvement, je vais en faire de même dans le Gard. Au contraire d’En Marche!, nous n’aurons pas les banquiers mais le peuple" affirme Gilbert Collard.

Premier discours du deuxième (et second?) mandat de Gilbert Collard en compagnie de son suppléant Nicolas Meizonnet (Photo Anthony Maurin).

Et le député sortant réélu de poursuivre, "Marie Sara vote à Arles, elle voulait me donner l’estocade, j’ai eu l’impression que je faisais campagne dans Closer… Elle serre la main de Dupond-Moretti? Des criminels lui serrent aussi la main mais je ne dis pas que cela marche pour Marie Sara. Depuis cinq ans, je n’ai peut-être pas été assez courageux. J’ai dit ce que je devais dire mais je ne suis pas allé jusqu’au bout. Je vais y aller. Je n’ai plus de carrière à faire, je n’ai plus qu’à vous servir. Je peux dire merde à tout le monde. Je vais m’occuper de ceux qui se sont occupés de moi, démocratiquement bien sûr. Je souhaite remercier Nicolas Meizonnet, mon suppléant. C’est certainement lui qui me succédera parce que cinq comme ça… Je n’ai plus rien à perdre, je m’en fous, je vais balancer! Je prépare un livre, j’ai, euh, 69 ans, je vais tout dire, je suis d’une liberté... Vous ne pouvez pas imaginer!" conclut Gilbert Collard souhaitant également saluer l’attitude de la candidate LR Pascale Mourrut à son égard.

La déception de Marie Sara

Marie Sara, sur un banc place Saint-Louis à Saint-Gilles a brièvement réagi à sa défaite. (Photo : Coralie Mollaret)

C’est la tête haute que la candidate d’En Marche a traversé, ce soir, la Grande Rue Jean Jaurès d'Aigues-Mortes. Avec une bonne heure de retard, Marie Sara a rejoint la place Saint-Louis, là où plusieurs militants et journalistes l’attendaient. Debout sur un banc, ses lunettes visées sur le nez, elle prononce une brève allocution en guise de réaction à ce douloureux second tour des Législatives : « Je suis déçue et triste pour tous ceux qui croyaient en la victoire », lâche celle qui voulait « rendre fierté et ambition à la circonscription. »

L'écart entre les deux candidats est tellement faible que le suspens aura duré jusqu'au bout... (Photo : Coralie Mollaret)

À quelques mètres d’elle, le maire (PS) de Vauvert Jean Denat se désespère : « on va continuer à être à l’écart du progrès et du développement.» Gilbert Collard est marginalisé à l'Assemblée nationale, aucun dossier ne passera.» Les visites ministérielles de l’entre-deux-tours n’ont finalement pas eu l’effet escompté. Celui de présenter la candidate comme une députée de la Majorité présidentielle, capable de participer au développement de projets locaux.

« On va continuer à être à l’écart du progrès et du développement. Gilbert Collard est marginalisé à l'Assemblée nationale, aucun dossier ne passera », s'alarme Jean Denat, maire de Vauvert.

Sur les causes de sa défaite, l’un des collaborateurs de Marie Sara explique : « la droite a voté Front National et France Insoumise s’est abstenue ou a voté blanc. » Marie Sara dit « regretter » que Pascale Mourrut, la candidate Les Républicains-UDI « n’ait pas pris position », malgré les appels des cadres de la fédération Les Républicains. Place Saint-Louis, les électeurs d’En Marche se mêlaient aux Aigues-Mortais dont certains ont voté FN, ce dimanche. Malgré leurs divergences d'opinions, une conviction demeure : « la droite n’a pas tapé sur le FN parce qu’elle prépare les prochaines Municipales du Grau-du-Roi. Elle espère que le FN la laissera tranquille et que ses électeurs iront vers elle… » L’avenir dira si cette stratégie était la bonne.

Anthony Maurin et Coralie Mollaret

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Anthony Maurin

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