LÉGISLATIVES 3ème circo : Anthony Cellier (En Marche) loin devant le FN
La vague de la République en Marche est passée par la troisième circonscription pour ce premier tour des législatives. Avec 33,9 % des suffrages, Anthony Cellier arrive largement devant le FN (22,8 %). La droite (12,1 %) et la France Insoumise (11,6 %) sont loin derrière.
La tendance s’est donc inversée : alors que sur la troisième circonscription le FN faisait largement la course en tête il y a encore un mois, avec 29,3 % des voix, dix points devant En Marche !, le parti de la majorité écrase la concurrence sur ce premier tour des législatives.
En Marche cartonne, accident industriel pour la droite
Présent en mairie de Bagnols ce soir, entouré de militants et de nombreux élus municipaux, Anthony Cellier n’a pas attendu d’avoir les résultats définitifs de la circonscription pour avoir le sourire. Il faut dire que pour sa première élection sur son nom, le candidat de la République en Marche passe haut la main la barre des 30 % au premier tour, reléguant le FN de Monique Tezenas du Montcel à un peu plus de dix points derrière. La droite est loin, très loin : Muriel Dherbecourt (LR - UDI) est troisième, à vingt points, au coude à coude avec la candidate de la France Insoumise Geneviève Sabathé. Enfin, le divers gauche Alexandre Pissas, vice-président du Département, termine cinquième avec 6,7 % des suffrages.
Premier enseignement : le FN est certes au second tour, mais ce résultat est décevant pour le parti lepéniste. Un parti qui était en position d’espérer mieux, sur une circonscription qui lui était jusqu’ici favorable. Ainsi, le FN arrive derrière En Marche ! dans des villes où il avait cartonné à la Présidentielle, comme Laudun-l’Ardoise ou Roquemaure. Deuxième enseignement : porté par la dynamique nationale, En Marche ! a phagocyté les électorats de la Gauche, mais aussi et surtout de la Droite, pour qui le résultat de ce premier tour est un véritable accident industriel. Preuve en est le résultat à Villeneuve, véritable bastion de la droite, où Anthony Cellier réunit 41,9 % des suffrages, loin devant Muriel Dherbecourt (17,63 %), qui termine tout de même deuxième.
Reste que ce beau score de la République en Marche est à tempérer, d’une part du fait de l’abstention, encore une fois très élevée puisque plus d’un électeur sur deux (54,8 % des inscrits) n’est pas allé voter sur cette circonscription, et d’autre part du fait du gros couac de la distribution des professions de foi et des bulletins en amont du scrutin. Trois candidats, Geneviève Sabathé, Muriel Dherbecourt et Alexandre Pissas, nous ont d’ores et déjà fait part de leur intention de déposer un recours devant le Conseil constitutionnel.
Les réactions des candidats :
Anthony Cellier (la République en Marche) : « Ce soir je retiens ce second tour à venir contre le FN. Il y a de la retenue et de la gravité, mais être arrivé devant au premier tour est déjà une satisfaction. Il y a eu une démobilisation du FN et une remobilisation pour la République en Marche, et ce à l’image de l’état d’esprit d’En Marche !, qui est de faire, de créer, d’être dans la construction, d’aborder les choses d’une manière positive et de ne pas être dans le rejet, dans le refus. Maintenant nous allons, sans crier victoire, travailler sur l’après, en agrégeant des chefs d’entreprises, des responsables associatifs et tous les gens qui ont envie de faire avancer les choses. »
Monique Tezenas du Montcel (Front national) : « Nous sommes au second tour, et nous serons la seule opposition au gouvernement actuel. L’écart n’est pas très important avec un mouvement politique qui attire pourtant toutes les télévisions depuis des mois. On peut être très satisfaits de notre score, il y a des villes où je suis largement en tête. Si c’est faisable ? Oui, sinon je n' irais pas. On verra si les forces de Droite ont envie d’une vraie opposition, et il n’y a pas qu’eux. D’autres opposants ne voteront probablement pas au second tour pour En Marche !, je pense notamment à ceux qui ont voté pour Geneviève Sabathé, elle a fait un très joli score, je l’ai félicitée. »
Muriel Dherbecourt (LR - UDI) : « Je savais qu’il y allait avoir une dynamique pour En Marche !, mais pas à ce point là… Je suis extrêmement déçue, mes professions de foi et mes bulletins n’ont pas été distribués sur 44 communes (la circonscription en compte 50, ndlr), beaucoup de gens ont pensé qu’ils n’avaient pas de candidate des Républicains. Il y a également eu une méchante confusion, car Patricia Garnero (centriste dissidente, ndlr) a été distribuée dans toutes les communes, elle a fait un score qu’elle n’aurait pas dû faire, par exemple elle fait autant que moi à Saint-Bonnet-du-Gard alors que c’est mon canton ! Alors par principe, je vais faire un recours. Ce n’est pas propre comme élection, c’est affligeant. Pour le second tour, je ne donne pas de consigne pour l’instant, je vais d’abord voir pour mon recours, on verra après. »
Geneviève Sabathé (la France Insoumise) : « Je suis particulièrement contente d’arriver troisième (entretemps Geneviève Sabathé a été doublée de peu par Muriel Dherbecourt, ndlr) dans une bataille qui était loin d’être gagnée. On a désormais l’hégémonie à gauche, je me positionne, on commence quelque chose pour les élections à venir. Il y aura aussi un recours à venir, car ma profession de foi était absente dans de nombreuses enveloppes, d’autant que les plus touchés sont les quartiers populaires. Si le Conseil constitutionnel décide d’invalider les élections, elles ne se tiendront pas avant octobre, il y aura eu les ordonnances Macron entretemps, elles seront connues de tous. Pour ce qui est du second tour à venir, je consulte mon équipe. »
Alexandre Pissas (divers gauche) : « Ce que je peux dire, c’est que si c’était à refaire, je referai la même campagne. Je suis déçu, je pense que la République en Marche a remplacé le FN dans l’hypnose des peuples, on mettrait n’importe qui avec l’étiquette République en Marche sur le front, il passerait. La démocratie a parlé, il n’y a pas eu de triche, même s’il y a eu des recours déposés. (Sur la distribution des professions de foi et des bulletins) je n’ai pas déposé de recours, mais je ne vois pas pourquoi je ne le ferais pas. »
Thierry ALLARD