LIRAC Une souscription pour sauver les peintures du XIIe siècle de la crypte de l’église
C’est l’histoire d’une crypte, ou d’une église primitive, personne ne sait vraiment, située sous l’église actuelle de Lirac, un petit village de 900 âmes près de Tavel.
Un lieu qui renferme un trésor rare : des peintures décoratives et figurées « du Christ, de saint Ambroise, saint Augustin, saint Grégoire et saint Jérôme », précise Patrick Blanchard, adjoint au maire de Lirac. Un trésor égaré pendant des siècles. « Les peintures datent a priori du XIIe siècle, et après la construction de l’église de Saint-Pierre-aux-Liens, elles ont été ensevelies, badigeonnées et le lieu est resté fermé pendant des siècles », explique le maire, Cédric Clemente.
Elles sont redécouvertes à la fin du XIXe siècle, en 1868. Les peintures, compte tenu de leur âge et de l’état des lieux - habités par les chauves-souris - sont plutôt bien conservées, même si les visages du Christ et des saints sont abîmés ; peut-être un vestige de la Révolution. Seulement, le vent et l’humidité les menace aujourd’hui. Une association a été lancée pour œuvrer à leur préservation il y a quelques années, et la mairie lance une première tranche de souscription publique pour payer le diagnostic afin de savoir ce qu'il faut faire pour protéger les peintures.
Désormais, « nous avons toute l’étude, et nous allons lancer d’ici novembre ou décembre la première tranche de travaux pour sauver les peintures », avance le maire. 68 000 euros TTC sont nécessaires, dont 55 % seront financés par la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) et la Région. Une souscription est désormais ouverte via la Fondation du patrimoine pour financer 25 % des travaux, soit 10 000 euros.
Convaincu de l’intérêt de l’opération, le maire explique qu’il a fait venir « une doctorante de l’université de Montpellier qui nous a confirmé que des peintures comme celles-ci, il n’y en a pas partout, et qu’elles dataient bien du XIIe siècle. » Alors pour lui, il s’agit rien de moins que d’un « trésor caché » qu’il faut préserver.
Quant aux travaux à proprement parler, il va s’agir de découvrir les peintures en enlevant la chaux qui les recouvre puis de les préserver en les recouvrant d’une résine. Avant ça, un sondage archéologique sera réalisé dans la crypte, avant « certainement des fouilles plus approfondies, car il y a a priori deux mètres de remblais », explique Cédric Clemente.
Remblais issus de la construction de l’église Saint-Pierre-aux-Liens (l’autel de l’église est juste au-dessus des peintures), classée aux Monuments historiques depuis 1992. Outre un caveau, ils recouvriraient « peut-être le plan de l’église primaire. D’autant que nous avons un tunnel qui par, et que nous ne savons pas où il va », rajoute-t-il.
Ces éventuelles fouilles rajouteraient 30 à 40 000 euros au montant des travaux. L’importance de la souscription n’en est donc que plus grande. Pour voir les peintures de vos propres yeux, la mairie ouvre exceptionnellement la crypte au public ce samedi, de 10 heures à midi et de 14 heures à 16 heures, dans le cadre des Journées européennes du patrimoine. La souscription sur le site de la Fondation du patrimoine est ici.
Thierry ALLARD