Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 28.06.2022 - francois-desmeures - 4 min  - vu 1635 fois

MONT AIGOUAL La station AltiAigoual souhaiterait un Parc national des Cévennes plus souple

L'enneigement étant appelé à se réduire, la station doit développer une offre quatre saisons pour vivre (photo Aurore Lagarde)

Denis Boissière, porte-parole de la station AltiAigoual (photo François Desmeures / Objectif Gard)

Appelée à développer une offre quatre saisons, la station, gérée en délégation de service public depuis 2019, se heurte logiquement à la réglementation de protection du Parc national des Cévennes (PNC). Les gestionnaires souhaiteraient obtenir des dérogations pour développer leurs activités. Une réunion a lieu, ce mardi 28 juin, en sous-préfecture du Vigan. 

Deux ans de pandémie auraient pu faire chuter les nouveaux gestionnaires, qui ont remporté, en 2019, la délégation de service public pour la gestion et le développement de la station de Prat-Peyrot. Ils ont tenu bon, déficits compris, et tentent désormais de créer de nouvelles activités pour rentabiliser leur investissement. Une volonté d'utilisation de l'espace qui doit s'articuler avec les missions de protection du Parc national des Cévennes.

Le Parc national s'oppose à la mise en place d'un bike park

"Notre idée était de construire un projet attractif, avec notamment un petit bike park, explique le porte-parole de la station, Denis Boissière. Ce qui veut dire utiliser les remontées mécaniques et effectuer la descente par des sentiers avec installation de modules en bois. Sur la dizaine de pistes du domaine, sept resteraient réservées au pastoralisme. En octobre 2018, le PNC nous a dit que c'était une bonne idée."

Les intentions des futurs gestionnaires sont aussi d'aller chercher quelques aides auprès du conseil régional qui, à travers son parlement de la montagne, aide ceux qui diversifient l'activité des stations, pourvu que ça ne concerne pas l'enneigement. Mais en janvier 2019, d'après Denis Boissière, le PNC dit finalement "qu'il est contre le bike park parce qu'il pensait que ça se faisait sur des chemins existants, alors que non. Mais bon, avec le vélo-club de l'Aigoual, on a créé, sur dix ans, 20 kilomètres de sentiers sur l'Aigoual. Aujourd'hui, je constate que c'est ce qui constitue le réseau du pôle nature de l'Aigoual. Et puis, tous les jours, des chemins d'exploitation forestière sont créés."

À côté des guichets de vente des forfaits de remontée mécanique, un petit accrobranche a pris place (photo François Desmeures / Objectif Gard)

Quand les associés actuels sont choisis par la communauté de communes, en juillet 2019, ils présentent alors des projets alternatifs, comme une tyrolienne géante, de l'accrobranche, etc. Un mini-accrobranche est d'ailleurs déjà installé à proximité de la billetterie des remontées mécaniques. Pour cette année, des demandes avaient été formulées pour un tourniquet à l'entrée de l'accrobranche, le montage d'un bungalow pour assurer les locations de vélo et pour façonner un terrain de pétanque, interdit l'an dernier. Si le terrain a été autorisé, ce n'est pas le cas du bungalow, par exemple.

Créer de nouveaux sentiers ? "L'éventualité ne s'envisage pas"

"On est le seul parc national qui soit réellement habité, argumente Denis Boissière. De ce fait, je pense que ça doit créer des exceptions." Pour le porte-parole, "il existe une zone hors parc autour de Villemalle, sur l'Espérou. On pourrait modifier le décret pour que la zone de la station soit hors parc, espère Denis Boissière. Parce qu'on pense vraiment que le PNC est un atout pour le territoire. Mais parmi les inconvénients sur le site, il y a aussi le PNC." L'organisme est chargé de faire respecter la réglementation, logiquement plus portée vers l'interdiction que vers le développement d'activités de plein air. Un refrain contradictoire avec la volonté de la communauté de communes, qui attribue la délégation, de développer l'économie du territoire.

"La personne est au courant de la réglementation du Parc, répond Anne Legile, directrice du PNC. Toutes les activités sont soumises à l'analyse, au regard de la réglementation, comme pour la circulation d'engins motorisés." Impact et risque de conflits d'usage sont notamment scrutés. "Pour le bike park, le conflit d'usage est avec les bergers qui ont leur troupeau en estive." Quant à l'éventualité de créer de nouveaux sentiers, "elle ne s'envisage pas, tranche Anne Legile, il existe déjà 470 kilomètres utilisables dans le cadre du réseau pleine nature sur l'Aigoual". La directrice souligne tout de même qu'elle "n'est pas hostile aux activités de pleine nature", mais à condition que le public ne soit pas le seul à y trouver son compte, faune et flore pouvant en subir les conséquences.

1,4 million d'euros de travaux démarrent sur le bâti fin 2022

"1,4 million d'euros de travaux vont démarrer fin 2022, pour la rénovation des bâtiments. Il faut quand même que ça serve plus deux mois dans l'année !, interpelle Denis Boissière. D'autant que la collectivité avait consulté le PNC avant la mise en place de notre dossier, et les investissements avaient été validés." Les gestionnaires espèrent que la médiation du jour, avec la sous-préfète du Vigan, Saadia Tamelikecht, permettra d'apporter de nouvelles activités aux côtés des locations de vélos et vélos électriques, du centre équestre, ou du yoga au sommet. Denis Boissière lâche, aussi, une idée de biathlon laser.

Côté préfecture, avant la rencontre, Saadia Tamelikecht souligne l'attention que porte la préfète, Marie-Françoise Lecaillon, "à ces sujets de développement du tourisme quatre saisons sur le territoire de la communauté de communes". La rencontre de ce mardi 28 juin est en quelque sorte un premier contact et un suivi aura lieu de la part de la préfecture. Pour Saadia Tamelikecht, "le sujet est essentiel pour ce territoire et il fait l'objet de bonnes volontés qu'il importe de coordonner afin de favoriser l'émergence des projets dans les meilleures conditions et le respect des politiques publiques". "Chaque année, environ 350 autorisations spéciales sont délivrées, précise de son côté Anne Legile. On ne sanctuarise pas le territoire du Parc." Le meilleur exemple - qui a nécessité un an de dialogue avec les organisateurs - reste l'arrivée au sommet de l'Aigoual d'une étape du tour en 2020. L'ouverture d'une nouvelle épreuve de trail, ce week-end, sur le causse Méjean et les gorges du Tarn, en est un autre exemple.

En attendant, et pour faire vivre la station, AltiAigoual recevra le championnat de France de VTT électrique les 9 et 10 juillet, avec une cyclo-sportive sur route le samedi et des randos et compétitions VTT le dimanche, en présence de Jean-Christophe Perraud. On pourra y boire la bière de la station, nommée "1567", un hommage à l'altitude de l'Aigoual.

François Desmeures

francois.desmeures@objectifgard.com

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