MUNICIPALES Patrice Prat : « À Nîmes, j'écris une nouvelle page de ma vie »
L'ancien député et maire de Laudun, désabusé après la présidence Hollande, avait décidé de prendre le large et de quitter la vie politique. Trois ans plus tard, il est de retour. Cette fois-ci à Nîmes où il annonce à Objectif Gard son ralliement à la liste du Parti communiste de Vincent Bouget. Interview.
Objectif Gard : On vous a laissé il y a quelques années avec l'annonce de votre retrait de la vie politique. Pourquoi ce retour ?
Patrice Prat : D’abord je n’ai pas arrêté, je me suis mis en retrait. Je suis d'abord un homme engagé. On peut être en retrait de la politique tout en étant un observateur. J’ai décidé de me réinvestir là où je vis. Cette capitale gardoise mérite toute l’attention, elle peut jouer un rôle de chef de file pour l'ensemble du territoire.
Pourquoi Nîmes ?
J’ai choisi Nîmes pour des raisons personnelles et familiales… Ensuite, je connais parfaitement la ville. J'y ai déjà vécu, j'ai exercé une bonne partie de ma carrière professionnelle notamment à l'université pendant quatre ans.
Vous avez quand même joué le suspense…
J’étais très sollicité et avec insistance. Je l’étais également sur Villeneuve-les-Avignon. Le Gard Rhodanien m'a beaucoup apporté. J'y ai noué de vraies relations. C'est 25 ans de vie publique. Vous savez, quand on est un homme engagé, on se sent concerné pas seulement par un territoire, pas que par l’histoire mais aussi par la raison. Et surtout les gens avec qui on travaille. On construit. J'ai un vrai regard bienveillant sur ce que nous avons entrepris.
Vous êtes un peu joueur ?
Joueur ? Taquin, ça me ressemble ! J’ai l’habitude de dire que je ne suis pas forcément là où l’on m'attend. Je crois beaucoup à l’effet surprise.
Et là, quelle surprise, vous vous engagez avec les communistes !
D’abord, je rejoins Vincent Bouget parce qu’il acceptait mes conditions. C’est d’abord une large ouverture. Si à terme nous avons l’ambition de reconstruire une Gauche à Nîmes, il faut dépasser le régime des partis traditionnels. En me ralliant à Vincent Bouget, je ne viens pas seul. Nous viendrons à plusieurs… Tous issus de sensibilités de la Gauche mais avec une volonté de reconstruire. Je ne suis encarté nulle part. Par contre, comme mes amis qui seront présents sur cette liste, nous sommes des personnalités identifiée, de sensibilité de Gauche et qui ont à coeur d'apporter leur expérience.
Qui vous accompagne ? On parle de Corinne Giacometti ?
Pas seulement, il y en aura d’autres. D’autres dans la vie de l’entreprise active, dans le secteur de l’innovation… Des secteurs que je considère être clef pour l’avenir de Nîmes. Vincent (Bouget) est très ouvert sur ces sujets et partage une partie de mes points de vue. Dans les thèmes que l’on va aborder, certains me tiennent à coeur comme le positionnement économique de Nîmes. Une économie atone aujourd'hui. Un thème sur lequel on n’attend pas forcément la Gauche. Il y a aussi la propreté. Je suis très surpris de voir que cette ville est globalement salle.
Sale ?
Dès que l’on sort des quartiers chics et des monuments d’envergure, cette ville est globalement sale. Il y a aussi l’écologie…
À Gauche il y a une liste concurrente qui crée la dynamique. Que pensez-vous de Daniel Richard, qui lui aussi est en dehors des partis ?
Moi, j’ai fait le choix de la clarté, d’une cohérence par rapport à ma vision de l’avenir. Je suis clairement à Gauche ! Pas comme ceux qui entretiennent un flou autour de cette question. Tout ce que je pu lire de ce point de vue là ne m’apporte pas quelques assurances. On ne peut pas avoir l’ambition de reconstruire la Gauche si on ne se positionne pas. La liste qui veut dépasser les partis traditionnels - et qui s’ouvre - c’est la liste de Vincent Bouget. Elle est clairement identifiée à Gauche, ça me va très bien. Au soir du premier tour, il faudra quand même réussir ce que l’on n'a pas fait au premier tour : à savoir se rassembler. Il ne faut donc offenser personne. Notre objectif, dans la bonne humeur et le volontarisme est de franchir les 10%… Et de faire mentir votre sondage (qui plaçait Vincent Bouget en cinquième position avec 7% des suffrages, NDLR).
Pourriez-vous être une forme de passerelle entre Daniel Richard et Vincent Bouget ?
La Gauche doit faire preuve de responsabilité et il serait très certainement absurde si elle se maintenait dans un état de division. C'est un mauvais signal qui serait adressé aux électeurs.
Si d'aventure vous ne remportez pas l'élection en mars prochain, siégerez-vous en tant que conseiller municipal d'opposition pendant six ans ?
Je vous ai dit que je m'inscrivais dans la durée, il est donc pour moi logique de participer ensuite à la vie politique locale à Nîmes. Et d'aider à reconstruire une Gauche à Nîmes. Je n’ai pas d’ambitions personnelles sinon d’avoir une contribution qui soit utile pour la Gauche. J’ai décidé de privilégier le terrain local. Il faut faire preuve de pragmatisme.
Quel regard vous portez sur le tandem Jean-Paul Fournier et Yvan Lachaud ?
Je trouve que les Nîmois souffrent des bisbilles pour ne pas dire des conflits permanents entre la Ville et l’Agglo. C’est préjudiciable pour les habitants, pour l’image de la ville. Sur le plan économique, le bilan est très faible. Ils ont tout misé sur la romanité et le tourisme culturel. Ce n’est pas donner toutes les chances à cette ville pour décoller. Il reste beaucoup d'autres sujets sur lesquels on est trop absents.
Que proposez-vous ?
Il faut d'abord être en capacité de se distinguer. Il faut se démarquer des autres territoires qui nous entourent pour attirer et créer de l'attractivité. Il faut revoir notre modèle économique et investir sur les arts du numérique par exemple. Un modèle alternatif qui miserait sur l'éthique afin de s'affranchir des GAFA américains. Écologique pour lutter contre les usages énergivores. Enfin, éducatif pour apprendre à chacun d'entre nous à être moins dépendant des outils numériques. Pourquoi pas imaginer que Nîmes devienne précurseur en la matière ?
L'une des mesures phares de la Gauche à Nîmes, c'est le retour des transports gratuits. Êtes-vous également favorable à cette gratuité ?
C'est l'un des objectifs prioritaires. Il nous faut avoir une vision globale et mieux répartir les efforts. Mais je pense que nous pouvons faire un diagnostic de la situation et ensuite, procéder par étape. Une gratuité le week-end ou à chaque événement avant de l'étendre entièrement. Moi, je veux que nous puissions être une liste de solutions en ayant une démarche pragmatique et novatrice. Nous présenterons d'ailleurs plusieurs propositions en ce sens prochainement.
Propos recueillis par Coralie Mollaret et Abdel Samari