NÎMES EN FERIA Chapeau bas Madame Arlette !
Le Quart d'heure nîmois c'est la plus récente des manifestations offerte par l'association Les Avocats du diable.
Troisième édition d'un monologue où un - et en l'occurrence - une Nîmoise s'adresse à ses concitoyens "dans un langage que seuls les Nîmois comprennent," comme se plaît à le dire Jacques-Olivier Liby, le président des Avocats du diable. Après François Martin et Eddie Pons, c'est Arlette Chavagnieu, plus connue comme "Arlette des Halles", qui a parlé d'elle, de sa ville, de l'amitié, des toros, et de la distorsion du temps…
Bien avant que la star du jour n'entre en scène, la place du théâtre s'était déjà remplie. On aurait pu emprunter à Aznavour "ils sont venus, ils sont tous là" : ceux de Gauche, de Droite, du Département, de la Ville, de la Région, de Nîmes métropole, les prétendants, les autres, des députés… Un rassemblement de nos politiques qui fera dire à Arlette : "Il n'y aurait pas des élections dans l'air par hasard ?" Rires assurés, teintés de bienveillance. ,L'heure est au rassemblement autour joli moment partagé.
"Ils sont venus, ils sont tous là…"
En compagnie de Jacques-Olivier LIby, c'est Eddie Pons, qui passe le flambeau à son amie Arlette. Elle ne le croyait pas mais, oui, elle a le trac. "Qu'est-ce qu'ils ont tous a me dire "suerte" (chance en Espagnol), comme si je n'allais pas survivre, confie Arlette. Du coup, ils me fichent le trac !" Mais ça ne dure pas, une fois micro et texte en main, plantée en haut des marches du théâtre, il ne lui faudra pas longtemps pour faire du public "son" public. "J'ai pas de chauffeur de salle !", clame Arlette. "Alors je vais le faire moi-même !"
C'est parti ! Et ça commence par les Avocats du diable, ces petits "qu'elle a vu naître et qui sont des rêveurs, au pire des jobastres qui sont aller se tanquer en plein milieu de rien ! " Pourquoi elle est là? L'amitié pour l'association et surtout pour Eddie Pons dont elle est la voisine, ce qui est l'occasion de partager une de leurs soirées lors d'une évocation truculente.
Eh oui, Arlette est une grande gueule, c'est comme ça que tout le monde dit ! "C'est aussi et surtout pour ça qu'il m'ont choisie… Je ne me mets pas en colère, j'explique", cite Arlette plus loin. Les Nîmois, sont aux anges, identifiés, happé, par le discours de celle qui ne ressemble à personne mais à laquelle ils ressemblent tant.
"Bonsoir Arlette !", hurle le public à l'unisson
Selon Madame Arlette, "le quart d'heure nîmois, une habitude locale que l'on vit différemment si l'on est celui qui attend ou celui qui arrive en retard…" Puis l'on en vient à la distorsion du temps. " Le quart d'heure, ce temps qui peut être si court si on se régale au comptoir de l'Auberge d'Arlette aux Halles ou si l'on est face au toro dans l'arène…" Vient ensuite la liberté, celle d'aimer la corrida, de manger de la viande, de vivre en respectant les convictions des autres mais en exigeant que l'on respecte les siennes.
La grande gueule sait être tendre aussi lorsqu'elle évoque ses parents et surtout son père, René Chavagnieu, l'un des plus grands critiques taurins, disparu il y a quelques mois, 17 heures heures après son épouse. "Les dames d'abord ! Il pouvait avoir cette délicatesse là mon père… " Clin d'œil tendre à son gendre aussi. "L'Auberge, dit-elle, quand on l'a appelée comme ça on avait beaucoup réfléchit… on s'est planté. D'ailleurs tout le monde dit "chez Arlette" et pourtant, mon gendre, se tape tout le boulot, il fait les comptes… Mais le pauvre, il est Parisien !" Nîmes se reconnaît là encore et communie. Elle achève sa harangue dans un tonnerre d'applaudissements et s'efface avec un révérence et un sourire. La grâce encore.
Véronique Palomar Camplan