NÎMES Juan Leal montre son envie et triomphe une nouvelle fois
Corrida de Fuente Ymbro pour Finito de Cordoba (trois avis et vuelta), Diego Urdiales (salut et applaudissements) et Juan Leal (une orille et deux oreilles).
Les toros marqués du fer du truculent Ricardo Gallardo sont des cornus vifs et appréciés aussi bien par les figuras que par les gradins. De l'émotion, en général, ils en transmettent beaucoup. Face au trio piéton du jour, l'aficion attendait une grande course pour cette clôture. Juan Leal avait déjà triomphé ici face à ces biches il y a deux ans mais quand on regarde l'histoire, c'est Finito qui a, le premier, largement triomphé des Fuente Ymbro ! Autant dire que cette corrida devait, sur le papier, être la surprisse de cette mini feria.
Les toros de Fuente Ymbro dans leur ordre de sortie : Soplon (552kg), Vivero (518kg), Vinaza (539kg), Zalagarda (522kg), Rebueno (550kg) et Zarandajo (532kg).
Finito de Cordoba lance le bal et entre en piste en premier. Le chef de lidia doit montrer l'exemple. Pour le coup, le maestro en sera loin puisqu'il entendra les sinistres tous avis et laissera rentrer vivant au toril son toro. Bronca, évidemment, pour le torero qui en perd ses moyens. Pourtant, la faena passée ne laissait pas entrevoir une telle déception. Il faudra que l'on recherche dans les archives mais un toro (et non un novillo) qui rentre vivant à Nîmes, cela faisait bien longtemps que l'on ne l'avait pas vu ! Muleta en main, Finito se joue du temps et réalise même une belle série de naturelles plutôt efficace sur les gradins. Même si on voyait le chronomètre filait, le torero ne s'en souciait pas et comme la mort n'est pas son point fort, vous connaissez la suite. Dur dur pour une corrida de commencer sur de telles bases !
Sur son second, Finito de Cordoba ou de son vrai nom Juan Serrano Piñeda sauvera les meubles. Il sera même étonné que les tendidos lui demandent de faire une vuelta après son duel. Il faut dire que le Barcelonais a assuré le coup. Le toro transmet, chose rare pour cette course. Toujours à gauche avec sa main en or, il trace des courbes pures sur le sable, peint un tableau assorti à son costume de velours rouge et commence enfin à se relâcher après sa débâcle. Le public le voit, l'encourage et lui offre une rédemption inespérée. Il ratera même le pavillon blanc de l'oreille à cause des quatre descabellos qui suivent l'épée en bonne place.
Diego Urdiales a mis longtemps à sortir du bois mais il a salué à l'issue de son premier duel. Pas grand chose à dire au sujet du diestro qui a fait le minimum face à un toro certes peu collaborateur mais dont les qualités exigeaient plus de douceur et de fourberie. Urdiales, froid, n'est pas parvenu à emballer un public qui ne demandait que chaleur et vigueur.
Sur son second, les applaudissements seront de sortie pour un Diego Urdiales pourtant peu inspiré. On va encore nous sortir que le toro n'était pas celui de l'année, certes, mais quand même. Heureusement que les séries droitières venaient constamment contrebalancer l'offre proposée par Urdiales à gauche...
Vient enfin le petit français, l'Arlésien qui est ici chez lui, Juan Leal. Très apprécié du public nîmois comme Juan Bautista a pu l'être en son temps, le jeune a toujours tout donné quand il se présentait dans notre amphithéâtre et cette corrida ne va pas déroger à sa règle. Juan Leal est en train de se trouver et de donner du relief à sa carrière. Une oreille pour lui après une lutte comme on les aime. Son bon petit toro a permis de transmettre une certaine dose d'émotion, surtout au moment de la cogida du piéton. Sans gravité mais bigrement spectaculaire ! Sa faena inégale s'est finie, comme à son habitude, à genoux et/ou dans les cornes selon les moments. Pour ceux qui aiment, c'est un intense régal, pour les autres, un instant vulgaire. Nul ne parviendra, même lui, à réconcilier les deux parties. En tout cas tout le monde était unanime sur les qualités et le courage montrés par Juan Leal.
Pour clôturer la feria, Juan Leal, Steeven Juan Groux Leal pour les intimes, coupera deux oreilles après une bien sale épée mais une formidable faena. L'aficion voulait de l'émotion, Leal lui en a donné pour toute une feria et même plus ! Après sa première oreille, l'Arlésien remet ça et reprend le même schéma. Il se joue la vie, se met dans les cornes. Toujours les genoux vissés en terre en début de faena et au centre de la piste, il terminera de la même manière mais avec une corne qui lui effleure les jambes à chaque passe. Voilà quelqu'un qui veut gagner, voilà quelqu'un qui veut se faire une belle place au soleil. Jamais suffisant, Juan Leal montre encore une fois son envie et ses valeurs belluaires. Son opposant lui rend la monnaie de la pièce et régale l'assemblée par ses charges emplies d'allegria. Ça fait du bien de clôturer un week-end taurin par une telle leçon taurine !