NÎMES Le week-end, dans l'Écusson, ça déménage !
Comme chaque année, l'été et l'automne sonnent l'heure des grandes et petites migrations avec ceux qui arrivent pour s'installer dans notre ville et ceux qui déménagent pour d'autres horizons. Des mouvements de population qui riment souvent avec incivilités...
C'est devenu une habitude dont on se passerait volontiers. Dans l'Écusson, le week-end, on déménage. Pas forcément de la façon habituelle qui consiste à faire appel aux copains et à emprunter la camionnette de tonton Raymond ou à convoquer les armoires à glace brasseurs de pianos des "Déménageurs bretons", malheureusement.
En effet, là où un sondage récent relevait que 72% des Français sont sensibilisés à la préservation de l'environnement, bon nombre de futurs ex-Nîmois choisissent tout bonnement la solution de facilité en "escampant" mobilier, vêtements, appareils ménagers et même nourriture à même le pavé de la cité des Antonin, transformant le coeur du centre-ville en une décharge à ciel ouvert.
Pour autant les efforts - méritoires ! - de la municipalité pour maintenir autant que faire se peut la propreté dans les rues ne sont pas à remettre en cause. Nonobstant, force est de constater que les divers panneaux d'interdiction de déposer des ordures installés ça et là font à peu près autant d'effet qu'un cautère sur une jambe de bois et qu'ils feront jamais oeuvre de pédagogie à l'adresse de ceux qui ont fait leur la doctrine égoïste "après moi le déluge !" et celle du "j'menfoutisme".
Et si, à défaut de faire celui des associations caritatives ou des ressourceries, cet hétéroclite fatras fait parfois le bonheur des chineurs improvisés et des récupérateurs de tous crins, il n'en est pas moins vrai qu'il ne fait qu'accentuer le phénomène, les pré-cités n'hésitant pas à étaler le capharnaüm en dispersant le bric-à-brac dans l'espoir de pouvoir y dénicher une éventuelle pépite. De fait, elle fait aussi et surtout le malheur des riverains qui subissent ces incivilités à longueur d'année et assistent impuissants à ce nauséabond déballage à ciel ouvert.
C'était le cas récemment du boulanger de la rue Fresque, Frédéric Alle, qui a découvert devant son échoppe à l'heure d'aller mettre la main dans le pétrin un amas de matériel qui aurait certainement trouvé sa place dans une déchetterie.
"Voilà ce que je trouve de bon matin devant mon commerce. Les gens qui déménagent ou les propriétaires qui récupèrent leur bien se moquent complètement des désagréments causés par leur l'incivisme et tout ça va certainement rester là tout le week-end...", s'est épanché sur les réseaux sociaux le pape nîmois de la fougasse, la colère mal contenue - à raison !
Taper au portefeuille !
Alors que faire ? Au risque de jouer les Cassandre et de passer pour une pythonisse de mauvais augures, nul n'est besoin d'être grand clerc pour comprendre que la situation risque de rester en l'état, si ce n'est d'empirer, si des mesures coercitives ne sont pas prises par qui de droit.
Et à défaut de pouvoir convaincre des foules pas toujours sentimentales - tant pis pour Alain Souchon-, taper là ou ça fait mal, c'est à dire au portefeuille des contrevenants pourrait -peut-être -avoir valeur d'exemple et aurait au moins la vertu de faire rentrer de l'argent dans les caisses... Sans parler de rendre un peu de leur dignité aux courageux employés des sociétés de nettoiement dont le job n'est déjà pas des plus faciles ni des plus sexy...
Philippe GAVILLET de PENEY