NÎMES Nathalie Arthaud : "Il faut s'affronter avec le patronat, se faire craindre"
Prof en banlieue parisienne, "de l'autre côté du périph", Nathalie Arthaud était à Nîmes pour rencontrer ses camarades de lutte en vue de la prochaine élection présidentielle. Lutte ouvrière est en ordre pour le grand désordre.
À Alès la veille, Nathalie Arthaud était au Café Olive à Nîmes le vendredi. Un petit sac à dos, un tour des arènes, quelques proches et une rencontre avec la base, ses militants. "Ce n'est pas une campagne type, c'est une campagne militante car nous voulons éviter le cirque électoral. Nous souhaitons confronter les travailleurs dans leur légitimité à revendiquer leurs intérêts fondamentaux car il y a quand même de l'argent dans cette société ! D'après vous, d'où vient l'argent des profits exorbitants des grandes familles ?"
À la tête du parti depuis plus de dix ans, Nathalie Arthaud ne remplace pas Arlette Laguiller, elle renouvelle le genre même si les deux femmes paraissent bien esseulées dans la lutte finale. "Il faut prendre l'argent là où il est et mettre le salaire minimum à 2 000 euros, même Castex le dit ! On n'arrive plus à vivre décemment si on ne gagne pas 2 000 euros. Les salaires doivent passer avant les profits, je dis ça avec conviction car les profits flambent et en cinq ans, ça s'est accentué !" Si l'on regarde l'évolution sociale, Lutte Ouvrière annonce bien des choses depuis bien longtemps. Pourtant, son discours demeure quasi inaudible. Pourquoi alors que le parti est à chaque élection présidentielle ? Il était présent dans chaque régions lors des dernières Régionales et avait même une liste à Alès ou encore à Arles pour les municipales.
Semer la terreur chez les grands de ce monde
"Les travailleurs et les militants sont conscients de leurs intérêts et cela depuis que le capitalisme est né. C'est le système qui veut ça, pour qu'une minorité gagne beaucoup d'argent, il faut appauvrir l'immense majorité... Il faut renverser le système, protester est la première étape et je défends ces perspectives. Ces idées sont pour ceux qui ne sont pas résignés, qui ne se laissent pas faire ! Nos discours ne peuvent convaincre et être représentés que par ces personnes... J'ai le monopole de cela, oui. Il n'y a que moi qui puisse dire que c'est par les luttes collectives et sociales que tout ce que nous avons aujourd'hui est arrivé jusqu'à nous. Ces gens ont arraché tout cela par leurs grèves et les occupations de leurs usines. Il faut s'affronter avec le patronat, se faire craindre."
Alors il faut que Nathalie Arthaud et les siens parlent du pouvoir. Contrairement à ce qu'on peut penser des "extrêmes" qui ne voudraient pas du pouvoir, chez Lutte Ouvrière, la nuance n'existe pas sure la question. "Le véritable pouvoir n'est pas à l'Élysée même si le Président de la République peut, s'il le veut, recoller quelques morceaux. Moi, je veux le vrai pouvoir, celui qui est détenu par les multinationales ! Sinon, notre société est condamnée... Les travailleurs sont capables de beaucoup de choses, on l'a vu avec la crise sanitaire où ils étaient en poste et créatifs quand les directions ne savaient pas comment faire."
Un optimisme relatif ?
Des mots à l'attention de celles et ceux qui ont encore la force de se battre, de ceux qui n'ont plus peur de perdre le peu qu'ils ont. Parfois, même les désabusés de la République ne vont plus voter. De moins en moins, en tout cas de moins en moins pour LO. "Je ne reproche pas à ces personnes de ne pas aller voter, ça ne veut pas dire pour autant qu'elles ne cherchent pas une voie pour faire changer les choses et la société. Ces idées comptent beaucoup mais la colère ne doit pas s'arrêter à la porte des entreprises. L'inconfort est déjà là, vous savez, quand on est obligés de choisir entre la nourriture et le chauffage... Les salaires doivent passer avant les profits qui' n'ont jamais été aussi importants. Ma campagne est une campagne internationaliste car de nombreux peuples vivent la même situation que nous."
Pour conclure ce rendez-vous, Nathalie Arthaud espère. L'élection, le moment électoral est aussi mis en place pour susciter la libre parole. Pour l'associer aux actes. "Nous sommes pour l'expropriation des multinationales, le camp des travailleurs est le seul à pouvoir empêcher cette fuite en avant. Les profits et intérêts de quelques personnes passent encore aujourd'hui bien avant la vie de nombreux humains. Ils passent aussi devant les urgences planétaires comme l'écologie. Les travailleurs sont en capacité de dire stop, je suis fondamentalement optimiste, je vais convaincre."