L'interdiction d'arroser, qui se poursuit, a décidé le conseil d'administration de la coopérative Origine Cévennes, à Saint-André-de-Majencoules, d'organiser une manifestation pour soutenir le secteur et réclamer des mesures, comme des aides pour réaliser ou agrandir des bassins, voire créer des retenues sur les cours d'eau. Dans l'Hérault, à quelques centaines de mètres, l'arrosage reste autorisé à certaines heures. 

Réclamer de la cohérence serait le minimum. Mais les arrêtés sécheresse sont préfectoraux et ce qui est interdit dans le Gard - en l'occurrence l'arrosage des cultures toute la journée - ne l'est pas dans l'Hérault, où les agriculteurs peuvent ponctionner tôt le matin ou au cours de la nuit. "À Ganges, on peut. Mais à Saint-Julien-de-la-Nef, qui est à deux kilomètres, c'est interdit", résume le directeur de la coopérative d'oignons doux des Cévennes, Thomas Vidal. Pourtant, c'est bien le même fleuve Hérault qui borde les deux communes et l'apport de la Vis, à l'amont de Ganges, n'explique pas tout.

Environ 50% de récolte en moins pour les oignons doux des Cévennes

"Des contrôles de plus en plus fréquents ont été effectués dernièrement par l'Office français de la biodiversité", poursuit Thomas Vidal. Une convocation au tribunal concerne même un producteur d'oignons de Saint-André-de-Valborgne. "Sans jeu de mot, la goutte a débordé mercredi soir en conseil d'administration, les administrateurs ont décidé de se mobiliser."

Car à la sécheresse s'est ajoutée, cette année, la cicadelle sur la production d'oignons (relire ici). "Plus on avance, plus on se rend compte que c'est la catastrophe, confie Thomas Vidal alors que les premiers convois d'oignons d'appellation d'origine partiront la semaine prochaine de la coopérative. On a des germes de 30 centimètres dans la production qu'on a rentrée dans les frigos." Le bilan s'affine ainsi au fur et à mesure : "On va aller au-delà des 30% de moins sur la récolte brute, ce sera donc environ 50% de moins sur la récolte nette." Et même si le prix augmente, le manque à gagner restera important. Côté pommes, "des vergers se retrouvent sans eau quelques semaines avant la récolte. Certains agriculteurs ont demandé des dérogations qui ont systématiquement été refusées."

"L'État est en train de foutre le monde rural en l'air"

L'annonce de la manifestation a déjà eu des effets. "La DDTM (direction départementale des territoires et de la mer) m'a appelé quatre fois depuis deux heures", constate Thomas Vidal, qui souhaite une large mobilisation mais que le mouvement se passe dans le calme. La coopérative Origine Cévennes, les arboriculteurs du Pays viganais, l'association de défense de l'oignon doux des Cévennes, le syndicat ovin et la FDSEA appellent donc tous les agriculteurs à se mobiliser, jeudi 25 août à 10h, en espérant un maximum de tracteurs au départ de Pont-d'Hérault, en direction de la sous-préfecture du Vigan. Les élus seront aussi du cortège, comme Régis Bourelly, maire de Saint-André-de-Valborgne, pour qui "l'État est en train de foutre le monde rural en l'air".

François Desmeures

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