POLITIQUE William Portal, Max Roustan, Jean-Paul Fournier : les papys font de la résistance !
Que ce soit dans la rue, à la télévision, ou sur les réseaux sociaux, l'âge des hommes politiques est régulièrement avancé comme un obstacle. Certains de nos élus seraient trop vieux et il ne serait pas raisonnable qu'ils briguent un nouveau mandat. Qui a raison ? Faut-il céder à cette vague de jeunisme ? Les facultés des hommes politiques diminuent-elles réellement avec l'âge ? Pour en avoir le cœur net, nous avons interrogé un spécialiste de l'âge, un gériatre nîmois.
Jean-Paul Fournier, maire de Nîmes, 74 ans. Max Roustan, maire d'Alès, 75 ans. William Portal, maire de Marguerittes, 75 ans. Ou encore Jean-Luc Chapon, maire d'Uzès, 77 ans. Les maires des principales villes du Gard ne sont pas des perdreaux de l'année. À l'heure où beaucoup s'inquiètent de l'âge de départ à la retraite, eux ne s'en soucient guère. Mieux, ils jouent la prolongation. Les quatre septuagénaires, chacun dans leur commune, se représentent pour un nouveau mandat et passeront la barre des 80 printemps à la fin de celui-ci. Mais après tout, y a-t-il un âge limite pour être maire ? Dans la loi, aucun. Mais qu'en dit la science ? Un gériatre nîmois (*) a répondu à nos questions.
Objectif Gard : On entend souvent dire que nos élus seraient trop vieux. Qu'en pensez-vous ?
Tout dépend de ce que l'on entend par vieux. La gériatrie considère qu'on est vieux à 75 ans. La sécurité sociale considère la gériatrie à partir de 65 ans. Et mes patients considèrent qu'ils sont vieux à 85 ans ! (Il sourit) Moi, je trouve qu'on est très bien à 80 ans. C'est le "middle-âge" du gériatre.
Les facultés intellectuelles diminuent-elles avec l'âge ?
Non, il n'y aucune raison. Prenons l'exemple de François Mitterrand. Il est mort sur scène avec toute sa tête. Dans mon métier, je vois de tout : des gens de 65 ans en maison de retraite qui n'en sortiront certainement jamais et d'autres de 93 ans, en pleine forme, qui me demandent de rentrer chez eux. En revanche, en vieillissant, on peut être rattrapé par des pathologies, ce qui fait que le cerveau peut être moins alerte. Le secret, c'est d'être en forme à 65 ans. C'est le moment où ça bascule et où il est préférable de tout équilibrer pour bien vieillir.
Pour résumer, vous nous dites que nos "papys-maires" ont raison de faire de la résistance ?
Tout à fait ! Surtout que le travail intellectuel régulier conserve. Pour Alzheimer, par exemple, on n'a pas trouvé de traitement, mais on peut le ralentir en travaillant le langage, en lisant à haute voix.
Vous qui côtoyez des personnes âgées au quotidien, quelles sont les qualités du grand âge ?
Contrairement à ce que l'on entend souvent, l'âge n'est pas synonyme d'expérience. On peut être vieux et sans expérience. Je parlerai plus de sagesse. Une personne âgée est peut-être plus conciliante, plus douce dans ses décisions. Je pense aussi qu'ils ont conscience de leurs limites. Vous savez, eux aussi, ont conscience de leur âge. Mais ils ont peut-être peur que les jeunes n'aient pas les capacités pour les remplacer... Et puis, si les gens les élisent, c'est qu'il y a dans le lot quand même de la satisfaction. Les gens préféreront un vieux loup de mer à un jeune marin aux dents longues !
Tony Duret
* Le gériatre nîmois interrogé n'a pas souhaité que son nom apparaisse dans l'article craignant qu'il lui soit reproché de faire de la publicité.