Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 21.09.2017 - tony-duret - 3 min  - vu 680 fois

PROCÈS DJIHADISTES De 3 à 9 ans demandés contre les djihadistes nîmois

Procès de la filière djihadiste nîmoise au tribunal correctionnel de Paris. Photo Tony Duret / Objectif Gard

Quatrième journée d'audience consacrée aux plaidoiries et réquisitoire. Ce jeudi après-midi, le procureur a demandé plusieurs années de prison, de 3 à 9 ans, contre chacun des accusés.

-           Vous jugez aujourd'hui des gens qui baignent dans l'Islam radical depuis des années et je pense que ceux qui sont partis en Syrie en 2012-2013 sont les plus convaincus, commence le procureur donnant ainsi le ton à un réquisitoire musclé et argumenté.

Pendant deux heures, debout face aux box des accusés, le représentant du ministère public évoque le cas de chacun des prévenus, un à un. Il débute par Anas, celui à qu'il consacrera le plus de temps, le "beau parleur, l'homme cultivé qui cite Voltaire à l'audience, celui qui présente bien, qui a réponse à tout". Mais après quatre jours d'audience, le procureur n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi Anas a rejoint la Syrie le plus discrètement possible :

-           Je n'explique pas pourquoi, quand on part avec de si nobles intentions humanitaires, on fait tant de cachoteries ?

Il évoque aussi les différentes versions d'Anas quant à sa blessure à la jambe : un coup, c'est parce qu'il porte secours à des blessés, un autre parce qu'il combat, ce qu'il niera par la suite. Convaincu qu'Anas est bien plus dangereux qu'il ne le dit, qu'il "n'a pas tourné la page", il demande une peine de 9 ans de prison avec maintien en détention, une période de sûreté des deux tiers, ainsi qu'une inscription au fichier S.

Il requiert une peine identique à l'encontre de Mohamed sur lequel il s'interroge encore : "est-ce l'individu pataud qui rit bêtement à l'audience ou est-ce l'homme qui fait du prosélytisme auprès d'autres détenus à la prison de Fresnes ?". Pareil pour Djéson aux "explications farfelues" qui reste "mystérieux et inquiétant".

La peine passe à 8 ans pour Benoît qui est, en quelque sorte, récompensé pour "sa franchise". Ça passe à 3 ans pour Fatima, celle qui n'est jamais partie en Syrie mais qui est accusée d'avoir financé une entreprise terroriste, un "djihad par procuration", conclut le procureur.

Maîtres Khadija Aoudia et Marc Geiger. Photo Tony Duret / Objectif Gard

Les avocats entrent en scène

Marc Geiger est le premier à plaider pour Fatima. Il certifie qu'elle est aujourd'hui "à des années-lumières de ce qu'elle a pu être". Jugeant la peine demandée "particulièrement lourde" en raison notamment de son casier vierge, l'avocat assure que la jeune femme "n'a pas besoin d'aller en prison pour comprendre". On verra ce que les juges en pensent.

Pour Anas, l'avocate nîmoise Khadija Aoudia prend le relais et évoque "le positionnement de l'État français" de 2010 à 2012, "cette époque où François Hollande dénonçait le régime de Bachar el-Assad". Sous-entendu, comme son client. Elle précise aussi que si Anas est parti en Syrie en catimini, c'est parce que le soutien était alors "clandestin". Elle demande au tribunal "une peine qui a du sens et surtout une portée".

Les deux derniers avocats à plaider ce jeudi, Maîtres Léon Del Forno et Karim Morand-Lahouazi, emmèneront la salle clairsemée sur le registre de l'émotion. Pour Mohamed, Del Forno retient "sa sincérité" mais aussi "ses larmes d'hier, devant ses copains. Les larmes d'un enfant qui veut retrouver sa mère". Morand-Lahouazi dépeint son client Benoît "comme un jeune homme qui n'est plus chez lui, qui perd sa mère à trois ans, qui voit mourir son grand-père dans ses bras, qui vit les deux cancers de sa grand-mère".

Ce vendredi après-midi, Agnès Tourel défendra les intérêts de Djéson avant un délibéré qui devrait tomber en début de soirée.

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Tony Duret

tony.duret@objectifgard.com

Tony Duret

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