RÉGIONALES Christophe Rivenq, l'Alésien en campagne
Fraîchement désigné tête de liste dans le Gard, Christophe Rivenq bat campagne pour les Régionales de décembre. Engagé derrière Max Roustan depuis vingt ans, l'homme de l'ombre d'Alès veut s'inscrire durablement sur le devant de la scène politique.
La campagne des Régionales en est à son stade discrétionnaire : des réunions entre militants à l'abri des regards indiscrets, dans des manades ou arrière-salles de cafés chics. "Toutes les occasions sont bonnes pour discuter stratégie et rencontrer les potentiels candidats", confie Richard Tibérino, secrétaire départemental adjoint des Républicains du Gard. Ancien membre du RPR, le Nîmois soutient avec ferveur son camarade alésien qui conduit la liste dans le Gard : "dans notre département c'est une tradition : la tête de liste aux Régionales n'est jamais nîmoise". En 2010, le Saint-Gillois Eddy Valadier avait été fait porte-étendard de la campagne gardoise. Mais après son élection au Département, Christophe Rivenq, conseiller régional sortant, a tout naturellement été désigné par ses pairs pour reprendre le flambeau. Dans l'entourage de l'Alésien, certains sont soulagés : "si Eddy Valadier n'avait pas été élu, on se serait engagé dans un bras de fer pour la première place".
L'ombre sophistiquée du maire d'Alès
Après 32 ans de militantisme, Christophe Rivenq, 49 ans, qui exerce actuellement son premier mandat à la Région, débute sa carrière d'élu. Dans l'ombre du maire d'Alès depuis 20 ans, ses compétences, sa maîtrise des dossiers lui ont forgé une solide réputation. "Il est le premier arrivé à la mairie et le dernier à en sortir", raconte Pierre Martin, conseiller municipal d'Alès. Un autre élu y va même de son analyse psychologique : "Après toutes ses années, il a très certainement un besoin de reconnaissance. Travailler en coulisse est souvent un travail ingrat". Le devant de la scène ne lui sied pas toujours au teint : aux cantonales de 2011, Christophe Rivenq échoue dans l'Hérault, département dont est originaire une partie de sa famille.
"Son goût prononcé pour les belles choses, son cigare ou ses chemises brodées de ses initiales ont pu refroidir les électeurs", pense un élu Républicain. Si Christophe Rivenq "fait des efforts sur son image", de nombreux Alésiens s'accordent à dire qui lui sera plus aisé de décrocher un strapontin régional que de s'assoir dans le fauteuil de maire d'Alès. Une ville populaire dont "l'esprit cévenol" ne correspond guère à l'image sophistiquée qui lui colle à la peau.
Par raison plus que par passion
Homme de terrain, Christophe Rivenq s'est rangé par raison, plus que par passion, derrière la tête de liste des Républicains pour la super-région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. "Le politologue Dominique Reynié a été désigné par un collège d'élus dont je ne faisais pas partie", souligne-t-il. Comme la plupart des Gardois, son cœur battait pour Stéphane Rossignol, son président de groupe à la Région Languedoc-Roussillon. Elevé au biberon du caporalisme, Christophe Rivenq "respecte la décision" du bureau national d'investiture, et se contentera de rappeler : "Dominique Reynié doit suivre les règles de notre parti".
Si à Alès, le DGS et directeur de cabinet du maire a pour coutume de tout contrôler, Christophe Rivenq devra lâcher du lest sur la composition de la liste et la place réservée à l'UDI. "A Nîmes, c'est la guerre incessante entre eux alors qu'à Alès, cela se passe beaucoup mieux : les membres de l'UDI et des Républicains se rencontrent régulièrement dans leur permanence", fait remarquer un Alésien. Sur le sujet, Christophe Rivenq reste silencieux. Les centristes aspirent à occuper la troisième place, pour y placer leur prometteur Julien Devèze, quand Jean-Paul Fournier n'est prêt à concéder que la cinquième. "Christophe Rivenq aura certainement le droit d'exprimer sa position, mais très franchement, on ne s'oppose pas à Jean-Paul Fournier", poursuit cette même source.
Haro sur l'Ordi et le TER à 1€
L'Alésien aura davantage la main sur le fond : le programme. Les prémices qu'il dévoile traduisent sans surprise une critique acide à l'encontre de la majorité PS : "Christian Bourquin a fait payer au Gard ses rivalités et ressentiments envers Damien Alary. La preuve : tous les dossiers gardois ont été ajournés comme l'absence de subventions pour le pôle mécanique ou la construction du lycée Jacques Prévert, décidée sans concertation". Sur les questions de l'Ordi ou du TER à 1€ , deux marqueurs de gauche, Christophe Rivenq dézingue : "ces sont des mesures électoralistes qui coûtent de l'argent : 15 M€ pour l'Ordi. Si c'est beau de donner des ordinateurs aux lycéens, il fallait le faire en fonction des conditions de ressources mais avant, lutter contre la fracture numérique". Les Cévenols en savent quelque chose : l'expérience Meshnet a été un fiasco...
Coralie Mollaret